Zarkhaïm était un guerrier et Jäwell était sa copie parfaite tandis que Miroïr le complétait. Il ressentait cette connexion au plus profond de lui-même. En y réfléchissant, Miroïr trouvait l'idée plaisante. Jäwell serait heureux en tant que seul et unique roi et Miroïr aurait l'éternité pour effectuer des recherches, sa vie ne serait plus menacée par ses faiblesses.
"J'accepte. Dès que Jäwell accédera au trône, je deviendrai ton compagnon."
Zarkhaïm était excité, il ne pouvait plus se contenir et posa sa tête sur les genoux de Miroïr avant de murmurer.
"Ne me quitte pas, je t'en prie."
Miroïr caressa lentement ses longs cheveux noirs. Son beau visage était apaisé pour la première fois depuis leur rencontre. Zarkhaïm s'endormit sur ce banc, dans cette position. Miroïr resta avec lui tout le temps, ne cessant de le caresser tendrement alors qu'il admirait le monde qui l'entourait. Rêvant à tout ce qu'il allait explorer et découvrir avec lui.
Miroïr était heureux.
Cette paix fut rapidement troublée.
De l'autre côté, un messager courait en criant.
"Majesté ! Jäwell est en difficulté sur le front, l'ennemi a rallié des alliés. Le prince demande des renforts."
C'était la fin d'un rêve. La fin de la paix. Zarkhaïm se réveilla et ils coururent avec Miroïr hors du jardin pour retourner dans la salle du trône. Il était soudain extrêmement concentré sur le messager et Miroïr découvrait l'expression du chef de guerre qui avait conquis de nombreux territoires sans pitié. Un frisson parcourut son échine dans son imposante allure.
"Que se passe-t-il ? Combien de troupes sont présentes ?"
La voix du messager glaça l'air autour d'eux.
"Nous avons compté huit mille cavaliers."
C'était la première fois que Miroïr voyait le roi avec cette expression, il n'aurait jamais pensé le voir inquiet ainsi. Zarkhaïm était si sûr de lui d'ordinaire qu'il comprit immédiatement la gravité de la situation. Zarkhaïm se tourna vers Miroïr.
"Nous aurons besoin des mages. Jäwell a deux mille hommes seulement avec lui. Il nous faudra gagner du temps pour que les troupes le rejoignent. Prépare une équipe, nous partons aussi vite que possible. Nous voyagerons cette nuit."
Zarkhaïm quitta la pièce en courant avec le messager. Ils allaient préparer la missive pour réunir le plus d'hommes possible en un temps record. Miroïr prit le chemin de la tour des mages.
En ouvrant la porte, il parla d'une voix puissante pour être sûr d'être entendu de tous.
"C'est le jour où nous servons le roi. Tout le monde à la cour le plus vite possible. Nous partons maintenant pour le front."
Les hommes étaient des mages mais ils étaient avant tout des civils. La plupart étaient issus de familles riches, ils n'avaient jamais entendu parler de la guerre et n'étaient pas prêts pour cela. Miroïr était très inquiet pour son frère, les hommes étaient trop lents pour se préparer. Il sentit une vague de colère monter en lui.
"Si vous n'êtes pas assez rapides, je vous exécuterai moi-même !"
Leïlana fut la première à le rejoindre. C'était le moment de vérité. Le moment de montrer au monde la vraie puissance des mages.
"Tu sais, ce que tu fais maintenant va changer l'avenir des femmes pour toujours. Tu reviendras en héros de guerre et grâce à toi, les femmes deviendront les égales des hommes. Ta présence va changer le monde, Leïlana."
La minute d'après, ils rejoignirent l'escadron de Zarkhaïm. Miroïr eut un frisson en le voyant avec son armure. Sa silhouette large et robuste contrastait avec l'élégance de son visage fin. La couleur argentée du métal qui recouvrait sa peau lui donnait fière allure. Zarkhaïm était un chef charismatique et puissant. Tous les hommes admiraient sa prestance et l'écoutaient respectueusement.
Il avait fait préparer un attelage pour les mages, il avait prévu qu'aucun d'entre eux ne saurait monter à cheval.
Au moment où Miroïr s'apprêtait à monter à l'intérieur, Zarkhaïm arriva derrière lui et le tira sur sa monture.
Miroïr fut surpris d'être pris ainsi, Leïlana plaça sa main devant le bas de son visage pour rire discrètement. Elle fit un signe de la main pour lui dire au revoir en refermant la porte de la calèche avec un visage malicieux.
Zarkhaïm était derrière Miroïr sur le même cheval, il gardait le contrôle d'une main et tenait fermement Miroïr par la taille de l'autre. Il lui chuchota à l'oreille.
"Tu m'as dit que tu ne me quitterais plus. Alors maintenant, tu restes avec moi."
Miroïr riait de la situation. Tous les hommes les regardaient d'un air ahuri, aucun n'osait dire un mot et la colonne quitta la ville rapidement. Au fond de lui, Miroïr savait que Zarkhaïm ne voulait pas le laisser seul devant le stress de cette situation. Il savait que Jäwell était tout pour lui et l'idée de le savoir en danger le rongeait.
Miroïr avait peur, il glissa sa main sur le bras de Zarkhaïm autour de sa taille et le serra entre ses doigts pour se rassurer. Il faisait bon d'être soutenu en ce moment difficile.