Aelynn se réveilla ce matin-là encore sous le choc de ce qui s'était passé la nuit précédente avec Aric. Elle sentait encore la pression de ses mains brutales sur son corps et ses murmures répugnants à son oreille. Malgré la terreur et la colère qui bouillonnaient en elle, elle n'avait pas trouvé le courage de prévenir son père. Heureusement, Aric avait été envoyé en patrouille hors du camp. C'était certainement un coup de Calan, pensa-t-elle avec reconnaissance. "Merci, Calan," murmura-t-elle en se levant.
En se rendant à la grande salle, Aelynn remarqua l'agitation inhabituelle. Une réunion urgente avait été convoquée, et l'atmosphère était tendue. Son père, Fenris, se tenait au centre, entouré des conseillers et des guerriers de la meute. L'inquiétude se lisait sur tous les visages.
"Les Sauvages préparent quelque chose," annonça Fenris, sa voix grave et autoritaire. "Nous avons reçu des rapports indiquant des mouvements suspects près de nos frontières. Personne ne doit sortir seul en dehors des limites de notre territoire. Nous devons rester vigilants."
Aelynn sentit le regard insistant de son père se poser sur elle. Il connaissait trop bien son esprit aventureux. Elle lui répondit par un sourire niais, tentant de dissimuler ses pensées troublées. Elle devait à tout prix éviter d'attirer l'attention sur elle après ce qui s'était passé.
Plus tard dans la journée, Aelynn retrouva Calan dans leur endroit secret, une petite clairière cachée dans la forêt. Calan l'attendait déjà, l'air préoccupé.
"Calan, on sort ce soir, non ? La maman renard va accoucher. Il faut que j'y aille," dit-elle avec détermination.
Calan la regarda, tentant de la raisonner. "Aelynn, tu sais que c'est dangereux. Avec les Sauvages qui rôdent, nous ne devrions pas prendre de risques inutiles."
"Je sais, mais je ne peux pas laisser la renarde toute seule. Elle a besoin de moi," insista Aelynn, résolue.
Calan soupira, résigné. "D'accord, mais nous devons être très prudents."
Lorsque la nuit tomba, Aelynn et Calan sortirent discrètement du camp, prenant la petite route vers la clairière où se trouvait la renarde. Les cris de la renarde en travail les guidèrent rapidement. En se dépêchant, ils arrivèrent juste à temps pour assister à la naissance du premier petit.
Aelynn, avec douceur et habileté, aida la renarde à mettre bas. Les petits étaient minuscules et fragiles, mais en bonne santé. Aelynn les observa avec émerveillement, chaque petite créature représentant une nouvelle vie dans ce monde souvent cruel. Calan restait à ses côtés, prêt à intervenir si nécessaire.
"Tu vois, Calan, ces moments-là valent tous les risques," murmura Aelynn, un sourire tendre sur les lèvres alors qu'elle regardait les renardeaux se blottir contre leur mère.
Calan hocha la tête, bien qu'il restât vigilant. "Je comprends, Aelynn. Mais il faut aussi penser à notre propre sécurité."
Après s'être assurés que la renarde et ses petits étaient confortablement installés, Aelynn et Calan se préparèrent à retourner au camp. La lune brillait haut dans le ciel, baignant la forêt d'une lumière argentée qui rendait l'endroit presque magique. Pourtant, une inquiétude persistait dans l'esprit de Calan.
Sur le chemin du retour, alors qu'ils marchaient en silence, deux silhouettes surgirent des ombres, leur bloquant la route. Deux bêtas, habillés étrangement, se tenaient devant eux, des sourires cruels sur leurs visages. Ils portaient des vêtements sombres et usés, des capes à capuchon dissimulant partiellement leurs visages, et leurs yeux brillaient d'une lueur malveillante.
"Regarde ça, notre dîner nous attend ici," dit l'un des bêtas à l'autre, un sourire sadique déformant ses lèvres.
Aelynn sentit son cœur se serrer, une vague de panique l'envahissant. "Calan, cours !" cria-t-elle, essayant de fuir.
Mais avant qu'elle ne puisse faire un pas, le plus grand des bêtas la rattrapa et la saisit par le poignet. Sa poigne était de fer, impitoyable. Aelynn sentit la peur la paralyser, mais elle se débattit avec toute la force dont elle disposait.
"Elle est délicieuse," dit-il en la rapprochant de lui, un regard de désir pervers dans les yeux. Il huma son odeur, ses narines se dilatant de plaisir.
Calan, voyant Aelynn en danger, se jeta sur le bêta qui la tenait, utilisant toute sa force pour la libérer. "Lâche-la, espèce de salaud !" hurla-t-il, ses yeux brillants de rage. Calan frappa avec toute la puissance de sa détermination, ses coups motivés par l'urgence de protéger Aelynn.
Le deuxième bêta tenta de s'en prendre à Calan, mais Aelynn, profitant de la distraction, attrapa un bâton au sol et frappa l'assaillant de toutes ses forces. Le bêta recula, surpris par l'intensité de l'attaque.
"Calan, on doit partir, maintenant !" cria Aelynn, la panique dans la voix. Mais Calan se fit rattraper.