Seize années s'étaient écoulées depuis qu'Edwyn avait solidifié son autorité sur le comté de Vannes. À 39 ans, il s'était affirmé comme un seigneur redouté et visionnaire, guidant son peuple à travers des décennies de conflits. Mais alors que son regard se tournait vers l'avenir, ce n'étaient pas les complots extérieurs qui l'inquiétaient le plus, mais les tensions au sein de sa propre famille.
Pendant ces années, Gérard, comte de Rennes, et Hélène, comtesse de Cornouaille, avaient uni leurs forces dans une alliance façonnée par une haine commune envers Edwyn. Leur objectif était clair : détruire le comte de Vannes et prendre le contrôle de ses terres. Gérard, stratège froid et calculateur, avait élaboré un plan méticuleux sur plusieurs années.
Son approche reposait sur trois axes principaux :
• La division des vassaux : Gérard exploitait les frustrations des seigneurs bretons qui voyaient d'un mauvais œil la montée en puissance d'Edwyn. En fomentant des révoltes et en soudoyant certains seigneurs, il semait la méfiance et l'instabilité dans les terres de Vannes.
• L'affaiblissement économique : Par des raids éclairs menés par des mercenaires, il perturbait les routes commerciales et ruinait les récoltes. Ces attaques, coordonnées avec Hélène, visaient à affamer la population et à éroder la popularité d'Edwyn.
• L'infiltration : Gérard introduisit des espions dans les rangs d'Edwyn, informant Hélène des mouvements de ses troupes et des failles dans ses défenses. Ces informations permettaient des attaques ciblées contre des bastions clés.
Ce plan, bien que brillant dans sa conception, souffrait d'un défaut majeur : le temps. Tandis que Gérard et Hélène complotaient dans l'ombre, Edwyn consolidait ses forces, et surtout, ses enfants grandissaient, se révélant être des adversaires redoutables.
Gérard et Hélène, persuadés que le moment était venu de porter un coup décisif, menèrent une offensive conjointe contre le château de Rieux, une forteresse cruciale pour le contrôle de la région. Gérard, dans sa stratégie, avait placé ses troupes pour couper toute retraite possible à Edwyn, espérant ainsi l'encercler et l'écraser.
Les tensions accumulées se cristallisèrent dans un conflit ouvert, déclenché par une série d'attaques coordonnées sur les frontières du comté de Vannes. Edwyn, qui avait passé sa vie à anticiper et à affronter de tels défis, mobilisa immédiatement ses troupes. Il n'était plus seul à défendre son royaume : ses enfants, désormais adolescents, étaient prêts à se tenir à ses côtés.
À mesure que les années passaient, les enfants d'Edwyn s'affirmaient sur la scène politique et militaire, devenant un obstacle insurmontable pour Gérard et Hélène
Aldéric et Thibaut, les jumeaux de 15 ans, bien qu'issus de la même naissance, ne se ressemblaient ni physiquement ni dans leurs caractères. Aldéric, né quelques minutes avant son frère, portait fièrement le titre d'héritier. Grand et imposant, il possédait une prestance naturelle et une autorité innée. Ses cheveux noirs comme l'ébène et ses yeux sombres révélaient une détermination froide. À son jeune âge, il s'imposait déjà comme un gestionnaire méthodique et un stratège, supervisant les terres et les affaires administratives du comté sous la tutelle d'Edwyn.
Thibaut, bien qu'égal en âge, incarnait l'opposé de son frère. Doté d'une stature similaire mais avec des traits plus fougueux et des cheveux plus clairs, il se distinguait par son énergie débordante et son tempérament impulsif. Excellent sur le champ de bataille, il s'était rapidement imposé comme un prodige militaire. Cependant, une jalousie tenace envers son frère Aldéric nourrissait une rivalité qui risquait de devenir un point de fracture dans la famille.
Mathieu, âgé de 13 ans, adoptait une approche bien différente. Silencieux et réfléchi, il évitait les conflits directs. Petit et discret, il brillait par son esprit vif et sa capacité d'analyse. Toujours dans l'ombre de ses frères, Mathieu se révélait un maître en stratégie et en manipulation, anticipant souvent les décisions des autres avant même qu'ils ne les prennent. Bien qu'il ne revendiquât aucune position militaire ou politique, il restait un atout crucial pour son père, souvent consulté pour résoudre des dilemmes complexes.
Enfin, Éléonore, la benjamine, avait 11 ans. Douée d'une intelligence précoce, elle avait déjà montré des aptitudes remarquables pour la diplomatie. Avec ses traits fins hérités de sa mère, Elisabeth , et une vivacité d'esprit rappelant Edwyn, elle maîtrisait l'art de convaincre et de manipuler, tout en restant charmante et discrète. Bien que son jeune âge la place en dehors des querelles entre ses frères, elle semblait déjà jouer un rôle clé dans les alliances futures de la famille.