Chapter 15: C'est censé être notre lune de miel
Lucia Monica Fabien, épouse Johnson
Une semaine est passée depuis mon mariage avec Mathis cœur de pierre. Pour gérer l'opinion publique, je me suis donc installée définitivement dans l'immense demeure de mon supposé époux. Là bas, on vit comme si on était juste colocataires et rien de plus. C'était exactement ça le deal de toute façon. Je n'ai pas à me plaindre.
Depuis la nuit même du mariage, avec Mathis, nous avons décidé d'un commun accord de faire chambre à part. Encore heureux pour moi vu que je n'aurai pas à supporter cet homme autoritaire partout dans la maison. Quand à Mathis, il n'aura pas à tout le temps avoir cette femme insipide et beaucoup trop volubile à son goût comme il me qualifie souvent, dans sa chambre.
Comme si on était en pensionnat, nous avons même établi des règles pour la colocation. A chacun son espace dans la maison. Et, on ne communique que pour l'essentiel. Ce matin encore, comme ce fut le cas pour les jours qui ont précédés, j'essaie de discuter avec lui à propos de la possibilité que je me trouve un travail pour ne pas rester à la maison comme une parasite. Et comme toujours, cela se solde par un échec.
- Ce n'est pas encore le moment pour toi de te montrer, tona l'homme sans un regard pour moi.
- Et pourquoi donc, le questionnais je. On est marié maintenant. Je ne vois pas l'intérêt de se cacher. Ne m'avais tu pas promis que je pourrais travailler même étant mariée ? Pourquoi jusqu'ici je suis toujours enfermée entre ces quatres murs ? Ce n'était pas ainsi que je vais trouver du boulot. Ou... était ce pour ça que tu m'as epousée ?
- Non mais... C'est sensé être notre lune de miel. Cela paraîtrait bizarre que tu débute le travail juste en ce moment où tu es sensée être en dehors du pays à profiter de ton mari. On doit être prudent. Tu n'as pas idée de comment un simple petit détail peut gâcher tout un plan. Même le plus infaillible qui soit... Comment veux tu que j'explique que ma femme travaille dans cette période là au lieu d'être avec moi à voyager partout dans le monde pour nos noces ? Hmmm, dis moi. C'est insensé.
- Quels noces ? Quelle lune de miel ? Tu n'es jamais là Mathis... Enfin, je veux dire, tu es présent sans l'être vraiment. Tu restes tout le temps enfermé dans ton foutu bureau. Tu appelles ça un mariage toi ? Tout ça c'est du fake. Cela n'a toujours été que du fake.
En s'exprimant ainsi, je donne l'air d'une nouvelle mariée mécontente du fait que mon mari n'a plus mon temps. Ce n'est que quand le coup est parti que je me suis rendue compte de ma bourde. Mathis me fixait, un sourire sournois sur le visage. Il se moquait carrément de ma maladresse. Je compris dès lors l'étendu de ma bêtise et tente tant bien que mal de la corriger.
- Ne va pas croire que je suis entrain de te reprocher quoi que ce soit par rapport à ce mariage fabriqué de toute pièce. Dès le départ il était convenu que l'on fasse un mariage blanc, je me suis reprise. Alors, je n'ai pas à me plaindre de ce que tu fais ou pas. Tu ne m'intéresses guère mon cher si c'est bien là ce dont tu penses. Toutefois, je commence à sérieusement m'ennuyer à rester toute seule à la maison à longueur de journée.
- Mais je suis dans la maison, répondit Mathis comme si de rien n'était.
- Tu vois parfaitement ce que j'ai voulu dire par là, j'enchaîne.
- Et bien, tu peux toujours regarder la télé. Va nager à la piscine. Ou on peut toujours voyager si tu veux, me proposa l'homme dans un agacement hors contexte d'après moi. Je peux travailler de là bas. Et toi tu en profiteras pour te relaxer un peu. Faire ce qui te chante. Tu n'as qu'à te décider.
- Non, ce n'est pas un voyage qui va résoudre mon problème Mathis, je lui crie dessus. Moi, tout ce que je souhaite c'est de pouvoir travailler, gagner mon propre argent, être capable de prendre soins de moi sans l'aide d'une tierce personne. Je ne t'ai pas epousé pour dépendre de toi et de ton argent Mathis. Parasiter ta vie ne fait pas partie du plan.
- Tu es mon épouse. C'est tout à fait normal que tu puisses utiliser ce qui est à moi quand tu en as envie. Je n'ai jamais dit que je ne te laisserai pas travailler. Sauf que tu as un passé de meurtrière que je dois nettoyer derrière toi. Ou peut être que tu l'as déjà oublié ?
- Pas dutout. On n'oublie pas ces choses là juste en le voulant Mathis. Sauf que je suis innocente de tout ce dont on m'a accusé par le passé.
- Ça reste à prouver, lâcha Mathis. Cela reste le plus important d'après moi. T'innocenter si vraiment tu l'es. Et après tu pourras travailler dans ce que tu as étudié. Ou peut être que tu voudrais enchaîner les petits boulots toute ta vie. Ce sont trs affaires. Je ne m'y mêlerai pas.
- Ce ne serait pas plus mal, je conteste plus déterminée que jamais. L'important c'est de ne pas vivre comme un parasite accrochée au bonne grâce de mon faux mari.
- Faux ou pas, tu es ma femme Lucia. Et en tant que ton mari très chère, je dis que MA femme ne va pas se rabaisser à faire des boulots où on ne la respecte pas. Que vont dire les gens ? Tu as oublié qui tu as épousé ?
- Oh que non ! Même si je le voulais, je ne pourrais pas, dis je avec colère. Comment oublierais je tout ce que tu as été capable de mettre en œuvre pour ce foutu mariage. Tu m'as carrément forcée la main.
- Un mariage où tu tires plus de la moitié des bénéfices. Je ne vois toujours pas de quoi tu te plains Lucia.
- Je commence déjà à le payer très cher... De quoi as tu peur au juste ? Que je tombe sur un Mathis bis qui m'aurait fait renvoyer afin d'exiger de moi quelques chose ? Tout le monde n'est pas comme toi Mathis.
- Tu as raison. Ils sont pires crois moi. Si tu crois que ce monde te fera des cadeaux parce que tu es trop sainte, tu te gourres complètement très chère. Ce monde n'est pas fait pour les gentils... Tu sais quoi ? J'ai dit mon dernier mot. On est en lune de miel. Tu ne sors pas d'ici. C'est tout. On a rendez vous avec l'avocat demain pour régler ton cas.
- Pour régler mon cas ? Quel avocat ?
Il termine de parler et fait tourner sa chaise tranquillement. Puis il reprend ses dossiers pour continuer ce qu'il faisait avant que je ne vienne l'importuner dans le bureau sans vraiment m'adresser le moindre mot.
- J'ai déja un avocat, renchéris je. Et jusqu'ici elle s'en est bien sortie.
- Tu veux un avocat qui te sort de là ou un qui se contente de bien s'en sortir ? Sans vouloir offenser maître Larson, voire même remettre en question ses capacités, tu as tout intérêt à ce que des yeux nouveaux épluchent ton dossier. Je reste très optimiste à ce sujet. Si tu y tiens, elle peut intégrer l'équipe de MES avocats. Ce sera sûrement un plus pour l'équipe.
- De toute façon, avec toi, tout est décidé à l'avance. Tu décides et moi j'applique, j'ajoute en sortant toute furieuse.
J'ai regagné ma chambre alors que Mathis est resté au bureau afin de continuer à bosser comme si je n'étais jamais rentrée dans ce bureau. Ce mariage ressemble plus à un champ de bataille qu'autre chose. Mais bon ! Je l'aurais voulu.
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