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25% Les Fondateurs du Monde des Ombres / Chapter 19: La renaissance dans le vent

Chapter 19: La renaissance dans le vent

Zuline venait régulièrement lui changer ses bandages, mais rien ne pouvait réveiller Arja en ce moment. La tristesse envahissait son cœur comme un poison. Zuline s'inquiétait de plus en plus.

"Gawanda, que pouvons-nous faire ? Si elle ne guérit pas, il ne le tolérera pas… "

Gawanda était extrêmement stressé et disait avec un peu de colère.

"Si elle ne veut pas guérir, elle ne guérira pas. Nous avons fait tout ce que nous devions faire. Il ne peut pas nous tenir pour responsables."

Soudain, la tente s'ouvrit. Une voix s'en éleva et gronda.

"Bien sûr, je peux te tenir responsable, pas seulement moi d'ailleurs. Que se passe-t-il avec elle ?"

"Elle ne veut pas se réveiller, cela fait une semaine. Elle s'est endormie en tenant ce papier et depuis, nous n'arrivons pas à la réveiller. Nous avons tout essayé, mais ce n'est pas quelque chose que nous pouvons guérir." expliqua Zuline.

L'homme observa Zuline pendant un moment, elle baissa instinctivement la tête pour éviter son regard.

"D'accord... Je vais le faire... Partez."

Zuline et Gawanda partirent à ce moment-là. Dehors, Gawanda pinça le bras de Zuline et murmura.

"Tu ne devrais pas le mettre en colère, qui sait ce qu'il peut faire maintenant..."

L'homme prit une grande inspiration et posa sa main sur le front d'Arja. Ses longs doigts aux griffes d'argent s'étendaient comme des serpents sur sa peau.

Une seconde plus tard, il était dans son esprit. Tout était chaos, il était dans une ville dans l'abîme. La ville volait dans le vide et des morceaux de bâtiments disparaissaient au hasard.

Il marcha sur le chemin et réalisa qu'il s'agissait des ruines de Faranza. Il prit la direction du palais, et comme prévu, il vit Arja au milieu de la place centrale en train de crier et de pleurer. Elle frappait le sol de toutes ses forces en faisant voler des morceaux de sol partout autour d'elle.

Il s'approcha d'elle, ses mains saignaient et ses yeux étaient injectés de sang. Elle était furieuse, il n'avait vu une telle rage qu'une seule fois dans sa vie. Dans les yeux de son frère, il sentit un frisson parcourir son dos.

Lorsqu'elle le vit, elle se précipita sur lui et tenta de l'étrangler. Il bloqua ses mains presque trop tard. Le vent souffla et il fut éjecté dans un immeuble. Heureusement, ce n'était qu'un corps virtuel et il ne sentit aucun mal. Alors qu'il la regardait, son cri devint de plus en plus violent, et le vent autour d'elle devint plus fort.

Bientôt, une tornade se forma tout autour et commença à tout ravager. Il marcha à nouveau sur le sol, le vent emporta son manteau noir. Le tissu vola avec le vent et tomba devant elle. Arja s'arrêta de crier et regarda le tissu avec beaucoup d'intérêt. La tornade devint encore plus violente et plus grosse. Elle tourna son visage vers lui et lui demanda d'une voix rauque.

"Pourquoi es-tu là ?!"

L'homme resta silencieux, elle avait cette impression de connaître cet homme. De le haïr de toute son âme. Peu de temps après, les tornades ne firent qu'une, elle était puissante, lorsqu'elle le frappa, elle l'envoya en dehors de la ville, si loin dans le ciel qu'il fut propulsé hors de son esprit.

Il recula après être revenu dans son corps. Arja se réveilla à ce moment et lui sauta à la gorge. Elle était aussi silencieuse que la mort, sa respiration était lente. Il n'avait pas d'autre choix que d'utiliser sa magie pour l'arrêter. En une seconde, des ombres s'élevèrent et recouvrirent son corps. Arja fut paralysée et ramenée lentement dans son lit. Il s'apprêtait à partir, mais il n'imaginait pas que, même après avoir utilisé sa magie, Arja pouvait encore bouger et parler. Elle roula sur le sol en le poursuivant, luttant de toutes ses forces avec une colère indescriptible.

"Pourquoi ne me finis-tu pas comme tu as fini mon royaume ?!"

Il s'interrompit. L'homme avait une expression étrangement triste en la regardant. Elle ne le connaissait pas, elle ne l'avait jamais vu, et pourtant, elle était capable de s'arracher le corps juste pour lui faire du mal.

Il s'en alla après cela, il n'y avait pas lieu de discuter davantage pour le moment. Zuline s'apprêtait à lui demander si elle était réveillée, mais au vu du grand bruit de meubles cassés à l'intérieur de la tente, elle se rétracta et alla la rejoindre.

Zuline prit Arja dans ses bras après l'avoir vue sur le sol en train d'essayer de sortir. À son contact, Arja cessa de se battre et murmura.

"Je le déteste, Zuline, je le déteste."

Et Zuline de répondre.

"Je sais, Arja, je sais."

Les jours suivants, les choses redevinrent plus ou moins normales. Arja prit beaucoup de force et commença à s'entraîner avec Zuline. Elle apprit à marcher dans le désert et à chasser la nuit. Elle en apprit plus sur les Jessadiens, elle était stupéfaite d'écouter Zuline lui expliquer leurs origines et comment ils venaient d'un autre monde non loin de celui-ci. Comment ils se cachaient la nuit parce qu'ils vieillissaient et devenaient vulnérables au soleil. Elle apprit aussi qu'ils faisaient de la magie sur les nuits du désert de Rika pour les rendre beaucoup plus longues qu'à l'origine.

Zuline lui dit très peu de choses sur son monde, seulement que le soleil n'existait pas et qu'ils n'avaient que la lumière d'une ville dans le ciel et un soleil bleu au-dessus d'un château pour dicter leur journée. Ils utilisaient l'éclat des étoiles de la galaxie pour voir et, avec l'habitude, ils pouvaient voir mieux qu'en une journée entière dans les mondes du soleil. Arja apprit à utiliser l'éclat de sa petite étoile pour voir clairement sans la lumière du jour. Elle commença à s'habiller comme eux, en utilisant de la fourrure et des tissus pour fabriquer des vêtements. Elle confectionna son pantalon et sa chemise dans la fourrure d'un animal qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Les filles du village la coiffèrent comme l'une d'entre elles. Elles lui firent des tresses du haut de la tête jusqu'aux hanches. Les filles s'amusaient beaucoup à coiffer quelqu'un qui n'avait pas de cornes. Arja s'intégra sans mal dans la tribu.

****

Après quelques mois, Zuline dit à Arja qu'elle était prête à partir. Elle n'avait plus rien à lui apprendre et elle devait désormais faire son chemin dans le monde. Il était temps de retourner voir Clyss. Alors qu'elle s'apprêtait à partir, Arja prit la lettre de Typhon et la donna à Zuline.

"C'était son rêve de vivre avec toi. Il vous admirait... S'il te plaît, c'est tout ce qu'il me reste de lui, emmène-le avec toi..."

Arja partit juste après que Zuline lui eut promis de prendre cette lettre avec elle et de la garder le jour où ils rentreraient chez eux. D'une certaine manière, Arja sentit que son fardeau la quittait avec cette lettre. Le poids de la tristesse qu'elle ressentait en la regardant était bien trop lourd pour elle. C'est le cœur vide d'émotions qu'elle partit à la rencontre de Clyss.

Elle connaissait le chemin qui menait à lui et le parcourut sans pauses. Arja avait développé son endurance depuis la dernière fois et elle se rendit compte qu'elle se déplaçait au gré du vent. Elle pouvait faire d'innombrables kilomètres sans effort dans le désert. Elle arriva à la grotte et descendit sans prendre le temps de sentir quoi que ce soit du souffle froid du dragon. Arja était sans peur, la bravoure de ceux qui n'ont plus rien à perdre.

Lorsqu'il la sentit descendre, Clyss se mit à terre pour la rejoindre. Il parla immédiatement et Arja resta silencieuse. Elle baissa la tête, on aurait dit qu'elle écoutait une sentence de mort.

"Il est temps pour toi de trouver ton vent. Tu dois le suivre. Il est temps pour toi de rencontrer ton destin. Après la chute du royaume de Faranza, le prince fut envoyé dans les montagnes de l'est. Tu verras des marches dans la roche, la lave te poursuivra et alors, seulement alors, tu pourras le retrouver."

Arja sentit quelque chose d'étrange se produire en elle, le bout de ses doigts commença à la chatouiller, elle pouvait dire à cet instant qu'elle sentait le vent. Comme une toile d'araignée dans l'univers, elle sentait tout. Après avoir fermé les yeux, un des fils bougeait différemment et ce vent avait une odeur particulière, elle pouvait sentir son frère. C'était quelque chose d'unique et de spécial, elle remercia Clyss et partit rapidement.

"Nous ne nous reverrons jamais, Arja. Je te souhaite bonne chance."

Arja ne comprenait pas pourquoi Clyss disait cela, elle le prenait plutôt comme une menace et un avertissement de ne plus jamais venir dans sa tanière.

C'est ainsi qu'elle commença son voyage vers l'est. Elle cherchait une montagne avec de la lave et une odeur étrange dans l'air. En y pensant, elle ne put s'empêcher de rire bruyamment. Elle observa la petite étoile dans le ciel et trouva la situation hilarante.

"Tu me vois, petite étoile ? Ris-tu avec moi ? J'ai perdu l'homme que j'aimais, mon âme, et j'ai découvert que mon frère était vivant. Je ne peux vraiment pas mourir maintenant, n'est-ce pas ?"

Le silence de la nuit rendait ses paroles effrayantes, Arja était toute seule, marchant dans le désert de Rika et se parlant à elle-même, riant de son sort. Cherchant vers l'est une montagne de lave.


Chapter 20: Les voix du passé

Arja marchait depuis des semaines, elle suivait le vent comme Clyss lui avait dit de le faire. Elle commença à penser que, peut-être, elle avait pris la mauvaise direction. Peut-être était-elle dans un rêve et ne ressentait-elle pas la différence ? Peut-être était-elle morte ? Après tout, elle avait sauté d'une tour...

Tout ne pouvait être que dans son esprit. Après les récents événements, elle ne serait pas surprise d'avoir perdu la tête.

Elle était un peu désespérée, épuisée, et elle voulait seulement se reposer quelque part pendant un certain temps. Le général l'avait prise pour morte. Elle était sûre que s'il savait qu'elle avait survécu, elle verrait des équipes l'attendre à l'entrée du désert et elle aurait probablement déjà été attaquée plusieurs fois.

Pour l'instant, c'était paisible mais elle était paranoïaque et continuait à marcher sans se reposer, juste au cas où...

Elle atteignit finalement le chemin de montagne de l'Est. Il s'agissait d'une ligne de montagnes sur la carte. On disait que les Dieux faisaient une frontière naturelle pour protéger les gens de l'Est car ils étaient leurs préférés. Pour les remercier de leur dévouement, les dieux leur donnaient des protections naturelles pour dissuader quiconque de les attaquer. Et quelles montagnes !

La plupart d'entre elles étaient en réalité des volcans et pouvaient entrer en éruption à tout moment. Pour l'instant, personne n'osait traverser les montagnes pour voir l'autre côté et revenir dire comment c'était, mais même si personne ne revenait jamais de cette région du monde, Arja marchait sans crainte.

Elle aperçut un petit village et décida d'y faire une pause. C'était probablement la dernière trace de civilisation avant la grande ascension. Elle était déterminée à retrouver son frère au plus vite et ne prit pas le temps de se reposer trop longtemps. Elle ne se souvenait même pas de la dernière fois où elle avait pris un peu de temps pour dormir.

Elle entra dans un endroit qui ressemblait à une auberge. Bien sûr, il n'y avait pas de visiteurs de l'extérieur et la seule pièce à disposition du public était extrêmement sale. Arja s'en moquait, elle paya la chambre avec les dernières pièces qu'elle avait. Après s'être enfuie, elle n'avait pas eu le temps d'emporter le nécessaire et se trouvait dans une situation difficile. Elle prit un bain et commanda un repas chaud. Le serveur lui donna un bol de soupe à la viande et un pot d'alcool.

Arja mangea en silence avant de boire la jarre. Elle avait l'impression que l'alcool n'était pas fort, son séjour chez les Jessadiens l'avait rendue assez résistante et elle s'était habituée à boire beaucoup avec les hommes de la tribu. Les hommes de l'auberge regardaient cette femme boire comme un homme et commençaient à faire des commentaires.

Certains d'entre eux avaient des rires sinistres. Arja pouvait facilement deviner qu'ils allaient tenter d'abuser d'elle une fois qu'elle serait ivre. Elle décida de finir la jarre dans sa chambre. Elle prit le temps de placer un couteau en équilibre avec un fil sur la porte, de sorte que si quelqu'un ouvrait la porte de l'extérieur, il recevrait un coup de couteau en plein visage.

Elle s'assit à la fenêtre et observa la nuit. Dans le désert, elle apprit à apprécier les lumières de la nuit. Elle fut un peu étourdie après avoir fini sa jarre et sourit à la petite étoile.

La nuit passait, il se trouve que ses soupçons étaient faux. Personne n'était entré, personne ne lui avait voulu du mal. Elle se rendit compte qu'elle était peut-être un peu anxieuse. Au bout d'un moment, elle put enfin s'endormir. Elle jeta une dernière fois un œil à la petite étoile par la fenêtre avant de fermer les yeux.

****

Dans ses rêves, elle se retrouvait dans la capitale de Faranza, dans les abysses. Elle se sentit étourdie et réalisa que l'alcool avait pu l'influencer dans ce rêve, mais elle était encore très consciente. Elle avança droit devant elle, curieuse de voir ce qui allait se passer.

Tout autour, les murs tombaient, d'autres se reconstruisaient, et le monde était chaotique. Des pierres volaient constamment autour d'elle et le vent était extrêmement fort. Elle dut sauter plusieurs fois pour éviter les projections. Elle entra enfin dans le palais. Elle entendit quelqu'un pleurer derrière les rideaux devant elle. Elle savait qui se cachait là.

Comme elle s'en doutait, après avoir poussé le tissu, elle vit son amie d'enfance Altraya. Elle fut d'abord surprise de la voir apparaître dans ce rêve. Arja s'assit en face d'elle et posa une main sur l'épaule de son amie.

"Qu'est-ce que tu fais là, Altraya ? Tu as quitté la capitale juste après l'attaque."

La jeune fille en face d'elle secoua désespérément la tête. Arja est déconcertée. Comment était-il possible que son rêve lui montre une telle chose ?

"Tu es partie, n'est-ce pas ?"

Altraya se mit à pleurer et se jeta dans les bras d'Arja, au moment où son corps toucha Arja, elle se transforma en brume et s'évapora dans les airs.

Arja tomba sur le dos, choquée par cette vision. Elle n'aurait jamais pensé que, peut-être, Altraya n'avait pas une belle vie à la campagne et Arja n'aurait jamais imaginé partir la chercher. Après tout, elle n'a jamais su ce qu'il était advenu du royaume après sa chute. Arja avait été séparée du monde extérieur dans la base, ne suivant que des instructions et n'ayant accès qu'à des informations spécifiques, puis elle était partie pour le désert de Rika.

Elle se rendit compte qu'elle n'avait peut-être pas voulu savoir. Elle avait voulu laisser cette vie derrière elle et l'oublier. Typhon était là pour son avenir et être une princesse ne servait à rien. Elle n'avait pas eu besoin de se soucier du passé. Maintenant, les choses avaient changé et depuis qu'elle s'était mise à la recherche de son frère, elle se préoccupait de ce passé oublié.


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