Le refuge était en effervescence. Les marrons se réorganisaient après l'arrivée d'Aniaba, Marie-Louise et Victor, ainsi que des rescapés de la dernière opération. Chaque personne semblait occuper un rôle précis, qu'il s'agisse de réparer les abris, de rassembler des provisions ou de veiller sur les blessés. Cependant, une tension sous-jacente subsistait. L'ombre de la traque par les chasseurs et les forces de Monclair pesait lourdement sur l'atmosphère.
Aniaba, après sa rencontre avec Jean-Baptiste, passait en revue les informations qu'il avait recueillies sur leurs ennemis. Il avait établi une sorte de centre de commandement improvisé à l'écart des autres. Des cartes rudimentaires des environs étaient étalées devant lui, marquées de points indiquant les positions possibles des chasseurs et les chemins les plus sûrs pour les marrons.
Marie-Louise, de son côté, était retournée voir la mambo. Les paroles de cette dernière étaient restées gravées dans son esprit, et elle sentait qu'elle avait besoin de comprendre le grigri qu'elle portait.
— Tu es revenue, dit la mambo avec un sourire en coin, ses yeux plissés d'une sagesse ancienne.
— J'ai besoin de savoir, répondit Marie-Louise. Qu'est-ce que ce grigri signifie vraiment… et pourquoi semble-t-il attirer autant d'attention ?
La mambo inclina la tête et tendit la main. Marie-Louise, hésitante, lui donna l'amulette. La mambo l'examina sous tous les angles, ses doigts parcourant les gravures avec une délicatesse révérencieuse.
— Ce n'est pas un simple grigri, ma fille. C'est un élément de connexion avec les Loas. Il y a une puissance qui réside ici, mais elle est endormie. Si tu apprends à la canaliser, elle pourrait changer le cours de ton destin.
Marie-Louise ouvrit la bouche pour répondre, mais la mambo leva une main pour l'interrompre.
— Pas maintenant. Tu dois d'abord être prête. Et cela exige du temps, de la volonté… et du courage.
Marie-Louise acquiesça, reprenant le grigri. Elle savait qu'elle avait encore beaucoup à apprendre.
Pendant ce temps, Victor continuait de s'occuper des blessés. Il avait transformé une petite cabane en une infirmerie improvisée. Chaque jour apportait son lot de nouveaux cas : des plaies infectées, des éclats de flèches à extraire, ou des malades affaiblis par des mois de privations. Sa méthode, bien qu'empirique, était efficace, et il avait gagné la confiance des marrons.
Cependant, il savait que ses ressources étaient limitées. Une conversation s'imposait avec Aniaba pour réapprovisionner les médicaments et les outils indispensables.
— Aniaba, dit-il en entrant dans le centre de commandement improvisé. Nous devons parler.
Aniaba leva les yeux de ses cartes, visiblement agacé par l'interruption, mais il fit signe à Victor de continuer.
— Je fais ce que je peux avec ce que j'ai, mais nous manquons de tout. Si nous voulons que ces gens survivent, il va falloir trouver une solution.
Aniaba hocha la tête, posant une main sur l'épaule de Victor.
— Tu fais un travail incroyable, Victor. Je vais envoyer une équipe chercher ce dont tu as besoin. Dresse une liste, et je m'en occupe.
Victor sembla soulagé et quitta la pièce, laissant Aniaba seul avec ses pensées. Il savait que le temps jouait contre eux. La force qui se rassemblait à Port-au-Prince était imminente, et leur position, bien que cachée, était loin d'être imprenable.
Dans un coin du refuge, Jean-Baptiste était assis avec un petit groupe de marrons, discutant stratégie. Aniaba l'observait de loin, impressionné par sa capacité à rassembler les gens autour de lui. Il savait qu'il avait trouvé un allié précieux, mais il restait à voir si Jean-Baptiste pourrait supporter les sacrifices que leur mission exigerait.
La préparation à une confrontation était en cours. Chaque individu dans le refuge savait que l'avenir de leur communauté, et peut-être de leur peuple, dépendait de ce qu'ils feraient dans les jours à venir.
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