章節 6: Rencontrer le mari pour la première fois

Héra attendait que son mari et son fils rentrent à la maison ce jour-là. Elle s'était assurée que les plats qu'elle avait préparés étaient chauds à leur arrivée. Elle tuait le temps en déambulant dans la maison. Tout en faisant cela, elle pouvait entendre comment les domestiques chuchotaient et murmuraient. Elle n'était pas surprise de leurs réactions, Héra ne s'était jamais donnée la peine d'explorer la maison. 

C'était incroyable.

Comment une personne pouvait-elle vivre dans un endroit sans en connaître chaque recoin?

Mais encore, elle parlait de la Héra originale. La femme dont la vie s'était arrêtée lorsqu'elle était devenue enceinte.

Le manoir était immense, mais pas aussi immense que celui qu'elle avait auparavant. Comme la femme dans ce corps avait une organisation, il y avait plus que des domestiques vivant à sa place. Il y avait des gardes — d'innombrables gardes pour qu'elle puisse dormir paisiblement chaque nuit. Ainsi la raison du manoir incroyablement grand — ou plutôt le palais qu'elle possédait.

Cet endroit était cent fois mieux sous d'autres aspects, mis à part la taille, cependant.

Après avoir exploré la maison, Héra les attendait dans le hall pour tuer un peu le temps. Elle s'ennuya après deux heures et se dirigea vers la salle de divertissement. Héra regardait tous les films qu'elle pouvait, profitant des heures de paresse à ne rien faire et à ne s'inquiéter de rien.

Le temps passa rapidement et sans s'en rendre compte, c'était déjà le soir.

"Ils ne sont toujours pas là?" demanda-t-elle d'une voix ensommeillée. Héra bâilla en vérifiant sa montre-bracelet. "Il est déjà passé huit heures. Où ces deux-là sont-ils partis?"

Héra bâilla à nouveau, se mettant à l'aise dans la salle de divertissement tout en choisissant quel film regarder ensuite. "Miriam a dit qu'elle me préviendrait une fois qu'ils seront rentrés. Je ne me souviens pas d'avoir eu une telle paix — est-ce un bon film?"

Il était facile pour Héra de détourner son attention vers le prochain film car cette expérience lui était nouvelle. Ce n'est pas qu'elle n'avait jamais vu un film ; elle en avait regardé quelques-uns en grandissant. Mais ensuite, elle avait complètement abandonné ces hobbies futiles lorsque sa mère était décédée. Maintenant qu'elle avait reçu une autre vie, elle profitait de son temps en attendant que son mari et son fils rentrent à la maison.

Le temps s'envola tandis que Héra se retrouvait à rire ou à pousser des cris, réagissant à quelque réaction qu'une scène attendait de son public. Elle n'avait jamais pu apprécier de telles choses simples tout en étant à la tête de l'organisation. Peu après, Héra sentit ses yeux devenir lourds jusqu'à ce qu'une larme apparaisse au coin de ceux-ci.

Lentement, Héra s'enfonça dans un sommeil profond où elle rêva d'un souvenir. Un souvenir de son passé lointain qu'elle avait laissé derrière elle il y a longtemps. 

"Ours," appela doucement Héra.

"Oui, Patron?"

"Pourquoi es-tu revenu?" La voix d'Héra était faible, son visage pâle, la couleur vibrante d'autrefois disparue. Assis à côté du lit sur lequel elle était allongée, se tenait son aide le plus fidèle, Ours. "N'étais-tu pas censé être en lune de miel?" Demanda-t-elle avec un petit sourire sur le visage. 

Ours n'avait jamais changé, il gardait le même visage sévère auquel elle était habituée et dit, "J'ai appris que tu avais fait un arrêt cardiaque l'autre jour." Son visage était toujours le même, mais il y avait une profonde trace de préoccupation pour elle.

"N'étais-tu pas censé être en lune de miel?" répéta-t-elle alors que l'homme fronçait les sourcils. "Oui, j'ai eu un arrêt cardiaque, mais je suis vivante, tu vois?"

"Patron, ma femme peut comprendre que j'ai des devoirs à accomplir. Nous avons convenu de passer notre lune de miel quand nous aurons plus de temps libre."

"Plus de temps libre… comme une fois que je serai morte?"

Ours baissa les yeux mais ne dit rien. 

"Ours." Héra cligna plusieurs fois des yeux et rit faiblement. "Combien de temps encore vas-tu me passer avant toi-même?" elle poussa un soupir fatigué et continua, "Tu sais, quoi que nous fassions, même avec les recherches avancées financées par cette organisation, rien ne changera. Je mourrai quand mon heure sera venue."

"Je sais ça." Ours baissa le regard, serrant son poing sur ses genoux.

"Tu as épousé l'amour de ta vie. Traite-la comme elle mérite d'être traitée." Héra détourna son regard de lui et regarda par la fenêtre de l'autre côté de son lit. "Ne t'inquiète pas pour moi. Je préfère prendre mon dernier souffle seule puisque je n'ai pas de derniers mots à dire. Ma dernière mission est presque terminée et cette organisation sera bientôt dissoute."

"Je suis en paix maintenant," ajouta-t-elle d'une voix calme et faible. "Même si je pourrais me faire sérieusement gronder par mon grand-père qui a fondé cette organisation, que peut-il faire d'autre? Nous sommes tous les deux morts. Je n'ai aucun remords et j'ai déjà accepté ce destin."

"Patron, ne dis pas des choses comme ça —"

"Tu sais que je ne suis pas du genre à me complaire dans le déni. Même sans cette maladie, je finirais par mourir. Il se trouve que c'est un peu plus tôt. Ce que je veux dire, c'est que je ne quitte pas ce monde sans assurer la sécurité de ces très rares personnes qui me sont chères." Les cernes sous ses yeux étaient sombres, mais ses yeux n'étaient emplis que de paix. "Cette fois, vis cette vie correctement, Ours. Je suis contente de t'avoir rencontré, mais si je le pouvais, je préférerais te rencontrer dans une situation différente. Après tout, tu es gentil. Ce n'est seulement que la vie n'a pas été bonne et tu es dans un monde où tu n'appartiens pas."

"Patron." Une fine couche de larmes recouvrait ses yeux alors qu'il écoutait sa déclaration d'adieu apparente.

"Tu ne l'as jamais aimée, je sais. Tout le monde n'aimait pas la vie que nous avions — je ne vais pas le nier non plus," Héra dit franchement. Elle ne s'arrêterait pas d'exprimer les sentiments qu'elle avait gardés pour elle pendant de nombreuses années. "Si j'avais le choix, je n'aurais pas vécu la vie que j'ai vécue. Je ne changerais peut-être pas ma vie jusqu'à la fin, mais au moins toi et les autres pouvez le faire."

Les larmes qui se formaient dans ses yeux finirent par couler. Il essaya de les retenir mais une larme solitaire s'échappa de ses yeux et atterrit sur son poing serré. Il était sur le point de dire stop à son patron, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Il n'avait jamais vu son patron avec un visage paisible.

Leur patron, qui portait habituellement un regard dangereux et rusé, arborait maintenant un visage sincère et paisible. Ours s'était habitué à la voir confiante et cool, comme si elle avait tout sous contrôle. Maintenant, cependant, il avait vu un autre côté d'elle. Bien qu'elle semblât confiante, comme si elle avait tout sous contrôle, c'était la première fois qu'elle apparaissait paisible.

Héra avait déjà accepté sa mort.

Cette prise de conscience déchira le cœur de l'homme en deux. Il serra les dents, essayant de s'exprimer. D'une voix pleine de chagrin, il dit, "Je ne veux pas voir un autre maître à moi quitter ce monde." Les larmes débordèrent de ses yeux, mais son visage resta sévère. "Cependant, si telles sont tes véritables volontés, alors je ferai de mon mieux pour les réaliser."

Lorsque Ours releva la tête, de la détermination scintilla dans ses yeux. "Patron, je rendrai cette organisation une légende du passé. Jusque-là… jusqu'à ce que j'accomplisse cette dernière tâche, j'ai reporté notre lune de miel."

Héra le regarda et éclata de rire. Si Ours ne pouvait pas lui faire changer d'avis, elle était certaine qu'elle ne changerait pas non plus le sien.

*****

[ TEMPS PRÉSENT ]

"Ours…" murmura doucement Héra avant que ses sens ne s'éveillent en sentant une intrusion dans son espace personnel.

Les yeux fermés, Héra saisit rapidement le bras de la personne, avant que ses cils ne battent et ne s'ouvrent. Mais dès que ses yeux s'ouvrirent, elle croisa un regard marron foncé.

'Mar... mari?'

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