Chapitre 84 : L’Affrontement des Alphas

Point de vue de Marcus

L'air était tendu alors que nous approchions du lieu de rendez-vous. Les arbres, épais et silencieux, semblaient observer avec appréhension ce qui allait se passer. J'avais demandé à Aelynn de rester en retrait, à l'abri avec un de mes bêtas, le temps que je parle à Adrien seul.

Quand il m'aperçut enfin, ses yeux brillants de colère et d'émotion, il ne perdit pas une seconde. Avec une vitesse presque instinctive, il se précipita vers moi, ses poings serrés et son aura de loup dominant enveloppant l'espace.

Je me tenais là, impassible, attendant qu'il me confronte. Il me saisit par le col de ma veste, les dents serrées.

— Où est-elle, Marcus ? grogna-t-il, ses yeux s'assombrissant davantage. Est-elle en vie ? Est-elle… heureuse ?

Sa voix trahissait un mélange de désespoir et de rage, mais aussi une lueur de culpabilité. Mon instinct me disait qu'il ne comptait pas me tuer, pas ici, pas sans réponse.

— Elle va bien, Adrien, répondis-je calmement, mes yeux rivés aux siens, mes muscles tendus, prêt à réagir à la moindre violence.

— Je veux la voir ! rugit-il, ses mains tremblantes, mais sa poigne ferme.

Je pris une profonde inspiration, évaluant la situation. Bien que tout en moi hurlait de garder Aelynn loin de lui, je savais que ce moment était inévitable. Il avait besoin de la voir, et peut-être qu'elle aussi avait besoin de cela pour tourner la page.

Je fis un signe discret à mon bêta.

— Va la chercher, ordonnai-je, mon ton neutre, mais autoritaire.

Adrien me relâcha à contrecœur, reculant de quelques pas. Son regard trahissait une certaine vulnérabilité, une peur presque palpable de ce qu'il allait découvrir.

Les retrouvailles

Le temps semblait suspendu alors qu'Aelynn s'approchait. Elle était magnifique, comme toujours, même dans sa simplicité. Ses cheveux argentés captèrent la lumière tamisée de la forêt, et son ventre arrondi révélait clairement sa grossesse.

Quand Adrien l'aperçut, il resta figé un instant, ses yeux écarquillés. Puis, sans attendre, il courut vers elle, l'enlaçant avec une force et une émotion brutes qui semblaient avoir été retenues trop longtemps.

Je serrai les poings, mon loup rugissant à l'intérieur. C'était une scène que je ne pouvais tolérer, mais je savais qu'il avait au moins droit à ce bref moment.

— Tu es en vie, murmura Adrien, sa voix brisée par l'émotion.

Aelynn, visiblement émue, lui rendit son étreinte. Je remarquai le regard tendre qu'elle lui porta, et cela m'irritait plus que je ne voulais l'admettre.

— Tu es enceinte, dit Adrien en reculant légèrement pour poser ses mains sur ses épaules. Enfin… ce que nous avons toujours voulu.

Sa main descendit doucement vers son ventre, mais c'en était trop pour moi.

— Assez, grondai-je, ma voix résonnant dans la clairière.

Adrien me lança un regard noir, mais il retira sa main.

— C'est un garçon, murmura Aelynn, les yeux baissés.

Cette déclaration fit briller une étincelle d'espoir dans les yeux d'Adrien, mais je me positionnai immédiatement entre eux.

— Les retrouvailles sont terminées, Adrien, déclarai-je d'un ton tranchant. Nous devons parler.

Il hocha la tête, bien qu'il ne soit pas prêt à me quitter du regard. Je fis signe à mon bêta de rester près d'Aelynn pendant qu'Adrien et moi avancions vers notre camp temporaire.

Un dialogue tendu

Assis autour d'une petite table en bois que nous avions improvisée, Adrien et moi échangeâmes des regards lourds de sens.

— Pourquoi es-tu ici, Marcus ? Pourquoi m'as-tu demandé de venir seul ? demanda-t-il enfin, ses bras croisés sur sa poitrine.

— Parce que nous avons un problème commun, Adrien, répondis-je, mon ton sérieux. Et que je sais que, malgré tout, tu tiens à Aelynn et aux enfants.

À l'évocation des enfants, son regard s'assombrit, mais il ne répondit pas immédiatement.

— Va droit au but, Marcus, grogna-t-il.

Je pris une profonde inspiration avant de continuer.

— Il y a une menace plus grande que toi ou moi. Une force qui se rassemble dans l'ombre, et elle vise toutes nos meutes. Si nous ne nous unissons pas, nous risquons de tout perdre.

Il plissa les yeux, étudiant mes mots avec méfiance.

— Pourquoi devrais-je te croire ? Toi, Marcus, l'Alpha des Sauvages, l'homme qui m'a volé ma femme ?

Je soutins son regard, implacable.

— Parce que, malgré ce que tu penses de moi, je tiens à protéger Aelynn et les enfants. Et je sais que tu ressens la même chose.

Il resta silencieux un moment, son visage un mélange de colère et de réflexion.

— Que proposes-tu ? demanda-t-il finalement, sa voix plus calme.

Je me penchai en avant, le regardant droit dans les yeux.

— Une alliance, Adrien. Toi et moi, unissant nos forces contre cette menace. Pour Aelynn. Pour les enfants. Et pour nos meutes.