Point de vue d'Aelynn
Cela faisait une semaine que nous étions revenus à la villa. Les enfants s'acclimataient bien à leur nouvel environnement. J'avais d'abord craint qu'ils ne rejettent Marcus, qu'ils ne voient en lui qu'un ennemi. Mais à ma grande surprise, ils semblaient curieux, intrigués par cet homme si différent de leur père.
Ce matin, Marcus avait proposé de passer du temps avec eux dans les jardins. Il disait vouloir mieux les connaître, et peut-être même les entraîner un peu. Je les observais de loin, cachée derrière une fenêtre de la villa, un sourire sur les lèvres.
"Marcus !" appela Liora, ma cadette, en tirant sur la manche de son manteau. "C'est vrai que tu peux soulever un arbre tout seul ?"
Il rit doucement, s'accroupissant à son niveau. "Pas un arbre entier, petite, mais je peux en soulever un tronc. Veux-tu voir ?"
Elle hocha la tête, ses yeux s'illuminant d'excitation.
Pendant qu'il s'amusait à démontrer sa force, Ciaran, mon aîné, s'approcha de lui d'un pas plus hésitant. Il avait toujours été le plus méfiant. Mais aujourd'hui, il semblait prêt à baisser ses défenses.
"Marcus," dit-il, d'une voix timide mais résolue. "Est-ce que… est-ce qu'on peut t'appeler quelque chose ? Je veux dire… comme papa ?"
Le cœur me manqua un battement. Je m'avançai légèrement, tendant l'oreille. Marcus, lui, resta figé un instant, pris au dépourvu. Puis il posa une main sur l'épaule de Ciaran et répondit avec douceur :
"Vous pouvez m'appeler ce que vous voulez, tant que c'est sincère."
"Et si on t'appelait… père Marcus ?" suggéra Liora, sautillant d'excitation.
"Ou juste Marcus pour l'instant," intervint doucement Keiran, le plus réfléchi des trois.
Marcus rit, secouant la tête. "Appelez-moi comme vous voulez. Mais sachez une chose : à partir d'aujourd'hui, je suis là pour vous. Pour vous protéger, vous guider et… vous apprendre à être forts."
Les enfants semblèrent apprécier ses paroles. Ils sourirent, leur méfiance initiale s'effaçant peu à peu.
La Découverte de Leurs Pouvoirs
Après quelques jeux dans le jardin, Marcus les assembla près de la fontaine centrale. "Maintenant," dit-il, son ton devenant plus sérieux, "parlons de ce qui fait de vous des enfants uniques."
Les enfants se regardèrent, curieux.
"Vous êtes les descendants de deux lignées puissantes," expliqua-t-il. "Votre mère est une descendante directe du premier Alpha, et votre père a également une lignée très ancienne. Vous portez donc en vous des dons que personne d'autre n'a."
"Des dons ?" demanda Keiran, les yeux grands ouverts.
"Oui. Des pouvoirs spéciaux. Mais ces pouvoirs ont besoin d'être découverts et maîtrisés. Ils ne se révéleront que si vous les cherchez."
Il leur fit faire quelques exercices simples, les incitant à se concentrer, à sentir l'énergie qui circulait en eux. Liora fut la première à manifester un pouvoir : elle pouvait manipuler de petites flammes qui jaillissaient au bout de ses doigts. Elle éclata de rire, fascinée par ce qu'elle venait de faire.
Keiran, lui, semblait avoir une affinité avec l'eau. Il pouvait contrôler le cours du ruisseau dans le jardin, le faisant se tordre et tourner selon sa volonté. Quant à Ciaran, il n'avait rien manifesté pour l'instant, mais Marcus lui assura que cela viendrait avec le temps.
Je regardais cette scène avec émerveillement. Marcus avait su trouver les mots pour les rassurer et les motiver. Il avait su se montrer patient et encourageant. Pour la première fois, je sentais que ma famille était enfin entière.
Une Nouvelle Menace
Mais au fond de moi, une ombre subsistait. Nous ne pouvions pas rester ici éternellement. Nous ne pouvions pas nous cacher dans cette villa, protégés par les murs de Marcus.
Les vraies menaces étaient encore là, et elles ne viendraient pas de Marcus ou de sa meute. Elles viendraient d'ailleurs, d'ennemis plus puissants, plus sournois.
Je n'en avais pas encore parlé à Marcus, mais je savais que nous devions agir. Nous devions unir les meutes, et pour cela, il faudrait convaincre Adrien de nous rejoindre.
Lorsque je revins à la villa ce soir-là, je trouvai Marcus dans son bureau. Il regardait des cartes et des documents, probablement en train de réfléchir à nos prochaines stratégies.
"Tu sembles préoccupée," dit-il en levant les yeux vers moi.
Je pris une profonde inspiration. "Marcus, il y a quelque chose que nous devons discuter."
"Je t'écoute," répondit-il calmement, posant ses papiers.
"Je pense que nous devons nous préparer à une guerre," dis-je, mon ton sérieux. "Et pour cela, il faudra rallier les autres meutes. Toutes les meutes."
Son regard s'assombrit légèrement. "Y compris celle d'Adrien ?"
"Oui," répondis-je sans détour. "Je sais que tu ne veux pas entendre ça, mais il faut penser à l'avenir de nos enfants. À leur sécurité. Et pour cela, nous devons mettre nos différends de côté."
Il se leva, s'approchant de moi. "Je comprends ce que tu dis, Aelynn. Mais Adrien n'est pas un homme de confiance. Comment pourrais-je compter sur lui, après tout ce qu'il t'a fait ?"
"Parce que nous n'avons pas le choix," dis-je doucement. "Les vraies menaces ne viennent pas de lui. Elles viennent d'ailleurs. Et nous devons être prêts."
Marcus resta silencieux un long moment, son regard plongé dans le mien. Puis il hocha lentement la tête. "Très bien. Mais sache une chose : s'il pose un seul doigt sur toi ou nos enfants, je n'hésiterai pas à l'éliminer."
Je souris légèrement, touchée par sa détermination. "Je sais, Marcus. Et c'est pour ça que je t'aime."
Nous restâmes là, enlacés, le poids de nos décisions pesant sur nos épaules. La route serait longue, mais ensemble, je savais que nous pouvions affronter n'importe quoi.