Le grand groupe s'était installé au centre de la pièce, s'amassant autour des quelques tables présentes dans la salle, mise à part pour l'hybride, s'étant adossé sur un mur.
" Bien, maintenant que vous êtes tous là, nous pouvons enfin commencer. J'ai quelque chose d'important à vous dire."
Déclara Orson d'une voix ferme et sérieuse. Son regard était perçant, aiguisé.
" Tout d'abord, je tiens à tous vous féliciter en personne pour le succès de cette opération."
Orson frappa brièvement des mains, comme si il souhaitait applaudir. Puis, son expression redevint sérieuse, comme si rien ne c'était passé.
" Le brouillage mise en place par le vaisseau à du empêché à n'importe quel satellite de repérer votre incursion en ligne ennemie. Il n'y a donc aucune preuve de notre passage, bien que nous soyons les seuls à vouloir ce scénario, et donc les suspects numéros un. C'est un succès total."
" Affirmer sa puissance sans laisser de traces prouvant explicitement ce que vous avez fait..."
Chuchota au loin l'hybride, laissant Orson continuer sa tirade.
" Grâce à cette explosion, non seulement nous avons condamné les Xalith, mais en plus nous avons réduit à quasi néant l'espoir des autres nations d'effectuer une rétro-ingénierie sur ce vaisseau. Leur ardeur devrait être en grande partie refroidie, du moins je l'espère. "
Orson fit ensuite une pause, chuchotant pour lui-même.
"Tout va dépendre de l'issue de cette réunion..."
"Il n'en reste pas moins que cacher une partie de l'humanité et en laisser une autre dehors serait inutile. Il faudrait parvenir à un accord commun."
Rétorqua un dieu démon, faisant apparaître et disparaître quelques illusions autour de lui. Elle montrait l'effondrement d'une civilisation ou le soleil régnait, entraînant avec elle sa consœur ou seule l'obscurité semblait prendre racine. Une relation ou si l'un des deux empires tombait, l'autre suivrait indéniablement.
" C'est certain. Si ce niveau technologique subsiste à la surface, les Xalith reviendront assurément. Puis, une fois vaincu, ceux restés à la surface nous dénonceraient. Nous n'avons que deux options, nous cacher ensemble, ou mourir ensemble."
Répliqua Orson en secouant la tête, très insatisfait de la situation alors qu'il fixait ce que montrait le dieu démon tout en ajoutant.
" J'espère que ce sera suffisant pour persuader les plus réfractaires. Ça devait représenter leur plus grand espoir de pouvoir faire face aux Xalith à l'avenir. À moins qu'il n'ait aucune conscience"
"Mais, si tout ça fonctionne, que ferons-nous ? Si une guerre éclatait, on serait renvoyé sans préavis en tant que professionnel ? N'oubliez pas qu'au final, vous nous avez imposé ces opérations car on était compatible."
Demanda Royden en tapotant la table de son index. Il se souciait de l'avenir, et encore plus de celui de ses camarades n'étant au final, rien de plus que des cobayes ayant servi a testé l'impact des nanites sur le champ de bataille.
" C'est vrai, on pourra reprendre notre ancienne vie ? Je refuse d'abandonner l'orphelinat à cause de ça."
Répliqua rapidement Shin.
En voyant leur réaction, le teint d'Orson s'assombrit légèrement. Voir leur inquiétude, qui plus est, légitime, l'avait ramené à ce sujet qu'il aurait préféré aborder une fois tout danger écarté.
" Pour le moment vous serez en repos, mais resterez réservistes. Si nous avons besoin d'hommes sur le front, vous serez les premiers appelés. En revanche, on ne vous imposera pas de rester sur le front si vous n'êtes plus nécessaire. Sauf toi, Ray "
Répondit-il en adressant un léger regard à Ray, qui hocha la tête.
" C'est normal, c'était déjà mon gagne-pain avant cette opération."
Déclara légèrement Ray, sans trop y réfléchir.
" Enfin, outre cela, la raison principale de ma venue était de vous annoncer une autre chose."
Le yeux d'Orson redevinrent aiguisé, tel un prédateur observant sa proie.
" Reiner, Térésa, comme vous êtes devenus les icônes dirigeant l'escouade d'élite de notre pays, Arthus aimerait que vous prononciez un discours à la capitale. Bien entendu, vous êtes tous conviés et avez votre mot à dire, mais il a été spécifié que c'était Reiner et Térésa qui devait avoir le premier rôle. On vous y attend dans deux jours sans compter le décalage horaire. Profitez bien en attendant."
Une petite agitation éclata alors dans la salle. Cependant, avant qu'elles ne deviennent incontrôlables, Orson ajouta une dernière phrase en se retournant pour partir.
" Ah, et j'oubliais. Normalement, Arthus lui-même aurait dû vous le dire via un hologramme. Mais comme celui-ci participe actuellement à une réunion de crise, il m'a envoyé à sa place."
Orson fit alors une petite pause, un éclair de fierté passa dans son regard alors qu'il s'approchait de la porte de sortie.
" Vous savez, je l'ai évoqué mais l'explosion du vaisseau à vraiment créé la pagaille dans les hautes sphères. Dès qu'elle a été notifiée, l'alarme a sonné. Preuve en est, cela fait à peine quelques heures, mais le sujet est pourtant déjà la priorité."
La porte se ferma derrière Orson presque immédiatement après la fin de sa phrase, laissant quelques chuchotements derrière lui.
" Encore un délai serré ?!"
Se plaigna honnêtement Shin, ennuyé par le délai systématiquement cours des choses leur étant demandé.
" Au moins cette fois on a deux jours..."
Déclara Émilie d'un ton ironique.
" Je peux comprendre leur putain d'empressement...même si je ne l'aime pas."
Ajouta Térésa, nuancent légèrement le tableau des avis. Toutefois, elle fut rapidement appuyée par Reiner.
" Au vu de la situation, ça paraît normal de se précipiter, mais quand même..."
Cela ne laissa qu'un soupir collectif alourdir l'atmosphère de la salle. Cependant, Shin essaya maladroitement de remédier à cela.
" Bon, alors on fait quoi pendant nos deux jours ?"
" Que veux-tu qu'on fasse de spécial sur le front ?"
Lui demanda Royden, s'affaissant progressivement sur sa chaise.
" Bah...je sais pas... des trucs ?"
Lui répondit Shin en se grattant la joue, faisant pousser un second soupir collectif aux personnes présentes. Seul L'hybride y semblait immunisé, s'amusant de la situation entre la lecture de deux des lignes de son livre nouvellement commencé.
Alors que la journée touchait à son terme, l'ambiance dans le petit bâtiment était détendue. C'était comme si il ne s'était rien passé, comme si l'avenir n'existait pas.
Chaque personne s'amusait à sa manière, jouant légèrement et discutant ensemble.
Puis, bien assez tôt, la journée toucha à sa fin, laissant chaque personne regagner sa chambre en quête d'un sommeil bien mérité.
Reiner avait ainsi été laissé seul avec ses pensées. L'avenir le préoccupait, mais ce qui hantait le plus ses pensées était Térésa. Il faisait d'abord de son mieux pour ne pas y penser, mais devant son échec, il essaya de se persuader qu'il ne ressentait rien. Que ce n'était que passager, qu'il se trompait sur ce qu'il ressentait. Que son cœur battant de plus en plus fort en sa compagnie n'était qu'une coïncidence. Après tout, ça avait bien fonctionné jusque-là.
Toutefois, c'est à ce moment qu'un fébrile son se fit entendre derrière sa porte. C'était comme si on avait essayé de toquer, mais qu'en réalité la porte n'avait été qu'effleurer, ne laissant qu'un infime son se produire. Cependant, Reiner sauta sur cet infime son dans l'espoir de pouvoir penser à autre chose. Il alla ouvrir la porte, faisant de son mieux pour vider son esprit de toutes ses pensées futiles.
"Je...je suis désolé de te déranger, mais... ça te dérangerait de parler un petit peu ? J'en ai pas pour longtemps."
Demanda la personne attendant devant la porte. Térésa. Elle était habillée d'une tenue bien moins formelle que d'habitude, semblant être un hybride entre un pyjama et un vêtement standard. Son visage était légèrement rouge, sans doute en raison de son décolleté mettant en valeur ses formes, ou de son pantalon faisant ressortir le bas de son corps.
La voir ainsi était si peu habituel que Reiner fit inconsciemment un demi-pas en arrière, ne pouvant contenir son rougissement alors qu'il fixait sa propre tenue, à peine composé d'une chemise et de l'un de ses vieux pantalons.
" No- non ça ne me gêne pas, entre."
Répondit maladroitement Reiner en se décalant sur le côté, permettant à Térésa d'entrer. Cependant, alors qu'il fermait la porte derrière elle, il ne remarqua pas la silhouette aux longs cheveux rose s'éloignant d'une démarche satisfaite.
Quand Térésa fit entièrement rentrer, toute couleur autre que le rouge s'évapora de son visage, et sa gorge devint serré, comme si elle n'avait pas prévu la suite.
" Heum, et bien... en fait je voulais te voir pour te parler de quelque chose d'assez idiot, enfin, c'est pas très important donc si tu préfères remettre ça à demain, enfin..."
Térésa Stoppa sa phrase, fixant à la place Reiner avec des yeux inquisiteurs, mais emplis de stress, le faisant paniquer alors qu'il essayait de répondre en agitant ses bras de toutes parts.
"Non vas-y. J'ai tout mon temps, tu ne me déranges pas du tout."
Térésa prit alors une grande inspiration, préparant soigneusement ses prochains mots.
"Et bien...Je me demandais si ça te dérangerait de me rejoindre à l'extérieur demain, en début d'après-midi... Je sais qu'il y a encore quelques Xalith mais...j'aimerais vraiment pouvoir discuter ailleurs qu'ici..."
L'esprit de Reiner se mit alors à tourner telle une turbine. Toutefois, sa réponse fut presque immédiate.
" Ça ne me dérange absolument pas, au contraire ! Je serai là."
Térésa poussa alors un léger soupir de soulagement, un petit sourire fleurissant sur son visage alors qu'elle se retournait en direction de la sortie, parlant sur un ton blagueur.
"Tant mieux...sinon je t'aurais frappé."
"La violence n'est pas la solution."
Lui répondit Reiner en retenant un rire, ce qui fit à son tour ricaner Térésa alors qu'elle s'éloignait, et sortait de la pièce. Cependant, une fois qu'elle fut sortie, une multitude de questions se bousculer dans la tête de Reiner.
[ Elle à l'air différente ces temps-ci ? Ce serait quand même pas à cause de...Non impossible. Mais si j'avais une chance ? Non. Pas proche d'un champ de bataille quand même... Mais alors, pourquoi m'inviter à sortir ? Ce serait un rencard ? Non...toujours pas proche d'un champ de bataille. Et c'est pour me dire quoi en fait ? ]
Il s'effondra alors sur son lit en tenant entre ses mains son visage rougissant légèrement. Il était perdu dans ses pensées, avec comme seule compagnie le noir baignant sa chambre.
Au même moment, Alice posa une question en direction de Térésa, revenant timidement devant sa chambre, où elle l'attendait. Son visage était plein d'attente alors qu'elle fixait Térésa, mais une lueur malicieuse menaçait de s'emparer de son regard.
" Alors, il a dit oui ? C'était drôlement rapide."
Puis, cette petite braise malicieuse s'empara de son regard alors qu'elle chuchotait d'une voix blagueuse au creux de l'oreille de Térésa.
Lui répondit sérieusement Térésa, oubliant momentanément tout le reste. Puis, quand elle se souvient du reste, elle détourna légèrement le regard en continuant son avancée.
Je...j'ai pas eu le courage de...j'ai pas eu l'envie de lui dire, je préfère le faire demain, dehors. Il me rejoindra là-bas."
"Mais...je t'avais même choisi la tenue parfaite ! C'était dans la poche !"
Hurla presque Alice, la déception et l'incompréhension passant sur son visage.
" Ferme ta gueule où je t'en mets une !"
Lui répondit agressivement Térésa en se stoppant devant Alice, une gêne intense s'emparant de tout son corps alors qu'elle tremblotait.
"Tu auras plus mal que moi tu sais ?"
Lui répondit Alice en penchant la tête. Elle ne semblait pas le moins du monde inquiète que Térésa mette à exécution sa menace.
"C'est juste comme ça que je veux faire."
Ajouta Térésa d'un air renfrogné, regagnant sa chambre sans un autre mot.
En la voyant partir, Alice ricana pour elle-même en écoutant le bruit causé par Térésa s'effondrant sur son lit.
"On dirait presque une Tsundere, presque. C'est mignon."
Alice se retourna alors, regagnant tranquillement sa chambre d'un pas aérien, curieuse quant au développement futur des événements, bien qu'un peu déçue qu'il ne se soit rien passé.
Puis, bien assez tôt, Morphée s'empara du bâtiment, laissant sombrer ses occupants dans un profond sommeil. Un sommeil si profond que même les rares et lointaines explosions ne pouvaient déranger.