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20% Kirameku Sukāfu FR / Chapter 2: Rencontre avec l'héroïne des normies

บท 2: Rencontre avec l'héroïne des normies

Note : Lorsque vous voyez "~" cela annonce une pensée de personnage. Bonne lecture !

Mon amour pour les manga me conduisit au centre commercial pour compléter ma collection. J'analysai chacun des rayons pour trouver la perle rare.

L'odeur envoûtante des Shōnen et des Shōjo... Ce doux parfum captivant des Nekketsu et des Ecchi... Un manga... des manga... des millions de manga...

— Réveille-toi, Yamazaki ! s'écria Chizu, ma petite sœur, avant de me gifler.

— Aïe !

Je frottai mes yeux avant de vérifier l'heure sur le réveil de ma table de nuit. Il indiquait sept heures trente.

— Enlève la bave qui dégouline de tes lèvres et rejoins-moi pour le petit-déjeuner, idiot.

Un rêve... ce n'était qu'un rêve. Je regardai de nouveau, du coin de l'œil, mon réveil : 15 avril 2016. La rentrée des classes, ce jour si misérable où les normies font connaissance.

~Quelle plaie.~

Je soufflai un grand coup puis rampai de mon lit jusqu'à la cuisine en regrettant ma lecture nocturne de la veille.

— J'arrive, Chizu.

Je me pressai pour ne pas arriver en retard au lycée. Sur le pas de la porte, un cri retentit et me fit sursauter. Je m'arrêtai dans mon élan.

— Grand frère !

— Oui ?

— Je t'ai préparé un bento pour ton premier jour !

— Merci, Chizu, lui souriais-je, reconnaissant.

Ma sœur était toujours très attentionnée. La seule à parvenir à me soutirer de nombreux sourires. Elle s'occupait de tout, de mes réveils, de mes repas, se souciait constamment de moi. Nous étions tout l'un pour l'autre, Chizu était mon unique raison de vivre. Nos parents avaient délaissé Chizu. Je devais tout faire pour elle. Même si ces derniers temps, c'était plutôt l'inverse.

Je dus me résoudre à partir et repris alors le chemin pour le lycée Kanagawa Kibogaoka.

Il faisait plutôt chaud ce jour-là, les cerisiers étaient tous en fleurs. Sur la route, je contemplais la mer au loin, bordée par la rue commerçante de la ville de Yokohama. Malgré les arbres aux feuilles roses et le ciel limpide, les couleurs me paraissaient ternes. Les sourires des passants semblèrent faux. Pourquoi dissimulaient-ils leur tracas quotidien ?

La rentrée des classes, un jour si important pour des tas d'élèves mais je m'en moquais.

~Teto, entends ma prière. Je souhaites que personne ne m'adresse la parole de l'année.~

J'analysai l'établissement, balayai du regard un coin où je pourrais passer trois années paisibles.

— Quelle densité, marmonnai-je.

Ce lycée semblait trois fois plus grand que mon collège, devant le portail, une horde d'étudiants heureux, de l'autre côté, des personnes nageant dans le bonheur.

~Où suis-je ? C'est ça leur fameuse rentrée des classes ?~

~Génial.~

— Cet univers en 3D, me dépasse.

~Arrêtez de cacher vos soucis en dressant des sourires aussi absurde.~

Je traversai le couloir pour consulter le tableau d'affichage, celui qui m'indiquerait la classe dans laquelle j'étais affecté.

Devant, la foule s'agitait. Je me faufilai parmi ce troupeau de personnes lorsque j'entendis une voix féminine crier hâtivement derrière moi. L'intéressée se retourna vivement vers l'appel, certainement de son amie, fouettant au passage mon visage avec ses cheveux.

L'odeur de ses longs cheveux châtains éveilla étrangement mes sens. Surprise, elle m'observa de ses yeux émeraude, puis s'excusa en souriant.

~Un sourire empli d'innocence et d'idiotie, pensai-je.~

Étonnamment, je ne détachai pas le regard de son visage. Quelque chose chez elle m'intriguait comme une impression de déjà-vu. Elle s'agenouilla devant moi et récupéra ses affaires qu'elle avait fait tomber.

Les regards se fixèrent sur moi, sur la scène, les élèves chuchotèrent, imaginant certainement d'horribles contextes.

~Que dois-je faire ? Qu'aurait fait Chizu dans cette situation ?~

J'étais complètement tétanisé par les remarques défavorables à mon égard.

— Pourquoi il ne fait rien, lui ?

— Laisse-le ! Regarde comment il est fringué, c'est un pur otaku.

— Il me dégoûte.

~Quelle plaie, cette première journée, marmonnai-je.~

La jeune fille me détailla avec confusion.

— Désolée, désolée, désolée !

Je gardai le silence quand elle fronça subitement les sourcils.

— On s'est déjà vu, non ? me demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

— Je ne crois pas.

— Moi, c'est Anzu Shimizu, et toi ?

~Elle ne va pas me lâcher.~

~Ça va donc être elle l'héroïne puérile ?~

Ça m'agaçait d'être le centre d'attention. Je décidai de suivre les conseils de ma sœur, et me présentai amicalement.

Je penchai mon corps vers elle.

— Kinari Yamazaki, enchanté.

— Tu es dans quelle classe ?

— Je ne sais pas.

La situation me gênait beaucoup, certainement parce que j'étais un solitaire dans l'âme. Moi, parlant à une fille, ça ne me ressemblait pas.

Elle pointa du doigt le panneau d'affichage des classes et bégaya.

— Ton nom est là, Yamazaki-kun, bégaya-t-elle.

Je remarquai ses joues s'empourprer avant qu'elle ne les cache sous son écharpe. Sans doute pour échapper à l'embarras d'être ainsi détaillée.

— On est dans la même classe !

~Génial.~

— Oui.

— Bon, on doit y aller, s'exclama-t-elle en me poussant en direction du gymnase.

~Le fameux discours de la rentrée, j'adore.~

Dans un silence pesant, nous marchions tous les deux. De temps à autre, je tournai mon visage vers elle pour l'observer à son insu. Elle paraissait joyeuse et souriante. Nul doute, elle était mon opposée. C'était sûrement ça qui attirait tant mon regard. Je possédais un véritable don pour discerner ce genre de chose. En voyant le visage de quelqu'un, je devinais automatiquement quel genre de personne c'était.

Sur le chemin, nous croisâmes Ono Sayu, une amie d'enfance de Shimizu. Intégrée dans une classe différente de la nôtre, elle était petite et assez discrète. Son nœud papillon ne possédait aucun défaut. Une perfectionniste, pensai-je.

Shimizu salua son amie et nous rejoignîmes la salle de sport où nous nous répartîmes par classe. L'héroïne des normies se trouvait devant moi. Le directeur du lycée traversa la scène. Il me semblait l'avoir entendu tousser avant de m'endormir sur place. À mon réveil, je me rendis compte que je n'avais absolument rien suivi de l'allocution du proviseur. Honnêtement, je ne savais pas si c'était ma fatigue de la veille ou son discours, mais je me sentais vraiment épuisé.

En sortant pour chercher ma salle de classe, je découvris que la porte était déjà ouverte. J'y entrai, puis balayai la pièce du regard pour trouver une place où m'asseoir. Celle au fond de la classe côté fenêtre me donnait envie. La vue semblait imprenable. D'après les dires de Chizu, c'était la position parfaite pour ne pas se faire remarquer, alors je m'y installai. Il n'y avait aucun signe de vie de Shimizu d'ailleurs. Je rêvassais en regardant les nuages par la fenêtre tout en me demandant pourquoi elle portait une si grosse écharpe alors que la chaleur était insoutenable.

Un impact au niveau de mon front m'extirpa une exclamation de douleur.

— Aïe !

Je relevai la tête en frottant mes yeux, puis balayai du regard la classe. Mes camarades riaient aux éclats. La douleur m'irradiait le crâne et provenait sans doute de la craie que qui gisait au sol. Notre professeure avait dû me la jeter pour me réveiller.

~Je me suis endormi à la première heure de cours.~

~Dire que je ne voulais pas me faire remarquer, je commençais bien. M'excuser, je dois m'excuser.~

— Désolé, sensei, ça ne se reproduira plus.

— Bien, continuons, s'exclama-t-elle étouffant un rire.

Du coin de l'œil, je constatai que Shimizu s' était installée au bureau voisin. Elle devait certainement se moquer de moi dès le premier jour.

~Quelle honte.~

Embarrassé, je ne trouvais pas mes mots, me contentant de rougir et de détourner le regard.

La cloche retentit. Nous pouvions enfin manger. J'avais remarqué un distributeur de boissons sur le chemin qui menait au gymnase, je m'y rendis. Je choisis une limonade et me dirigeais dans ma salle de classe pour déguster le bento préparé par Chizu. Je mangeais seul. Rien de plus normal pour un solitaire.

Les cours reprirent rapidement et lors de l'un de ces derniers, j'eus une envie pressante. Lorsque je revins des toilettes, un bout de papier posé à côté de ma trousse attira mon attention. Je lus rapidement son contenu : on rentre ensemble ce soir ? Le message était signé au nom de Shimizu.

C'était la première fois que quelqu'un souhaitait rentrer en ma compagnie. Je décidai de le mettre dans ma poche. La jeune fille accapara toute mon attention, mon regard ne pouvait plus se détacher d'elle. Je décidai de mettre le mot dans ma poche, mais sa question tournait en boucle dans mon esprit. Je l'examinai sous toutes les coutures, avant de prendre conscience que je l'épiais honteusement. D'après ma petite sœur, ce n'était pas poli et je risquais de la mettre mal à l'aise. Non sans effort, je détournai alors les yeux vers la fenêtre.

En pleine réflexion, je me demandais si j'étais réellement le destinataire de ce mot. Si tel était le cas, pourquoi Shimizu souhaitait-elle rentrer avec moi ? Quelque chose clochait. Cette question se répétait dans mon esprit.

Les heures passaient et je ne comptais plus le nombre de fois où Shimizu m'avait lancé un regard glacial. Ça m'angoissait. J'ignorais quoi lui dire. De toute manière, qu'avais-je à lui dire ? Je ne connaissais ni ses passions, ni ses goûts, ni ses centres d'intérêt.

~Que faire ?~

La sonnerie me délivra enfin de mon calvaire. Perdu, je m'apprêtais à m'en aller, mais Shimizu me barra la route.

— Quand-est ce que tu comptais me répondre ? Idiot ! s'écria-t-elle, baissant la tête avec déception.

La classe se tourna vers nous observatrice de la scène.

— Elle s'est déclarée à cet otaku ?

— C'est impossible, je ne peux pas y croire !

~Ils se méprennent tous. Je dois absolument remettre tout ça au clair.~

~Réfléchis, réfléchis, réfléchis.~

~Si je lui réponds sur un bout de papier dès maintenant, le malentendu sera dissipé, et je marquerais des points amicaux.~

Je l'espérais.

Je sortis une feuille de mon sac, sur laquelle j'écrivis : Oui. Signé Yamazaki. Je m'inclinai alors devant elle, tendant les bras pour lui donner sa réponse. Quand elle en prit connaissance, elle ouvrit de grands yeux réjouis et rougit derechef. Ses cheveux bouclés châtains descendant le long de sa poitrine me laissèrent rêveur.

~Elle était si jolie la première fois que je l'ai vu ? Ressaisis-toi, Kinari, me dis-je.~

Elle attrapa son sac avant de dresser un sourire.

— Ils sortent ensemble, là ?

— Impossible, les otaku n'aiment que les filles en 2D.

Je laissais ces rumeurs derrière moi et quittais l'école avec Shimizu.

— Tu as déjà choisi un club ? hésita-t-elle.

— Non pas encore. Je vais peut-être rejoindre le club de lecture. Et toi ?

— Moi aussi, je pense.

— Je vois, on ira s'inscrire demain alors.

— Oui, mais tu ne préfères pas qu'on aille visiter les clubs avant de choisir ?

— Si tu veux.

Le vent fit onduler sa chevelure.

L'image me semblait presque irréelle, tout droit sortie de mes rêves… ou de mes manga.

Elle m'intriguait. Ces gestes, ces réactions, cette sortie, rien ne me paraissait normal. Pourquoi s'intéresserait-elle à moi ?

— Dis-moi, pourquoi voulais-tu que l'on rentre ensemble ?

— Je voulais me faire pardonner pour ce matin.

Elle ne cessait de sourire. Parler avec elle sortait de l'ordinaire.

— Je vois.

Arrivés au coin de ma rue, nos chemins se séparèrent.

— Bon moi, je pars par-là, j'habite de ce côté, lui dis-je en pointant la rue sur ma gauche.

— D'accord. À demain, Yamazaki-kun.

— À demain, Shimizu-chan.

~Ça faisait combien de temps que je n'avais pas parlé à quelqu'un d'autre que ma sœur ? Cinq, dix ans ?~

~Avoir une conversation avec une personne en 3D, c'était étrange.~

Elle me fit signe de la main, en m'adressant un sourire. Je l'imitai et la saluai à mon tour avant de courir me réfugier chez moi par honteux de mon attitude.

~Qu'est-ce qui m'a pris ? Je déraille complètement, moi.~

En franchissant le seuil de la maison, Chizu sauta directement dans mes bras.

— Grand frère, tu m'emmènes faire de la balançoire ?

— Pas aujourd'hui. Je suis épuisé, Chizu.

Elle croisa les bras, déçue. De ma chambre à la cuisine, passant dans les toilettes et la salle de bain, ce pot de colle de sœur ne cessait de me suivre.

~Quatorze ans, tu es grande maintenant. Alors pourquoi faisait-elle mine de bouder ?~

Elle revint à la charge.

— Raconte-moi ta journée, je suis ta sœurette ! S'il te plaît, grand frère, s'exclama-t-elle en tentant de m'amadouer avec son air de chien battu.

— Je crois qu'aujourd'hui, je me suis amusé.

— Tu t'es amusé ? Mais c'est la première fois que j'entends ça de ta bouche, s'écria-t-elle joyeusement.

— Tu as raison, c'est là tout le problème, soufflai-je.

— Comment ça ? me demanda-t-elle curieusement.

— J'ai l'impression d'avoir changé en un instant, tout me parait si étrange.


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