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66.66% Le destin d'Aurora Trevil / Chapter 4: -4- Nouvelle vie

บท 4: -4- Nouvelle vie

Pdv Aurora
Je l'ai senti, enfin, je crois. 
J'ai deviné la mort me prendre dans ses bras et me serrer fort contre elle. J'avais l'impression de flotter, je me sentais en paix. 
Si la mort voulait dire se sentir en sécurité tout en ne ressentant plus l'apesanteur, je dois bien avouer que je pourrais y prendre goût. J'aimais ce sentiment de légèreté, plus aucun poids, juste une parfaite plénitude. 
L'étreinte que je pensais être la mort me quitta. Le froid me saisit, presque violemment. Je ressentis de nouveau le poids de mon corps tout entier, et il me faisait mal, bien trop mal pour que je ne sois plus ici. 
Ouvrant les yeux avec crainte, l'obscurité ambiante me déstabilisa. 
Où étais-je ?
J'étais en mesure d'entendre l'eau de la rivière couler. J'en ressentais l'ailleurs sur mes mains les fines particules d'onde qu'elle m'envoyait au contact du courant avec la terre de la rive. 
Levant les yeux, je voyais le pont, là-haut, trônant majestueusement, spectateur muet de ma défaite face à la mort que j'entendais prendre à bras-le-corps. 
Comment étais-je arrivée ici ?
Quand je regardais, ou du moins j'imaginais la barrière que je venais de franchir afin de sauter. Je me rendis compte de la distance qui nous séparait, et je ne comprenais pas comment je pouvais être indemne. Cette chute aurait dû m'être fatale ! Elle l'a été pour tant d'autres pourquoi pas moi ?
Un frisson me parcourut, avec la nuit, le froid s'était invité, et mon top, bien qu'amplement suffisant la journée, devenait un peu trop peu couvrant. 
Enroulant mes bras autour de mon corps, j'entrepris de remonter. Examinant le dénivelé qui se dressait devant moi, je soupirais. D'une je n'étais pas morte. De deux, comme pour me punir, je devais remonter tout en haut, escaladant la pente un peu trop raide qui se trouvait face à moi. 
"C'est le Karma" Entendis-je mon amie Myriam dire. Elle avait le chic pour tout ramener au Karma, mais dans cette situation, je suis bien dans l'obligation d'avouer que je lui donnais raison. Sinon pourquoi devrais-je affronter cela dans la nuit et le froid ?
Rassemblant le peu de courage qu'il me restait, avançant un pas après l'autre, j'attaquais mon Everest. 
À mi-chemin, mon pied ripa, et je dégringolais quelques mètres plus bas, les mains égratignées, les genoux aussi. 
J'en pouvais plus, pourquoi vivre dans de telles conditions, la mort me rejetait, mais la vie semblait désirer en faire autant. Qu'avais-je fait pour mériter cela ?
Mes larmes se mirent à couler sans que je puisse les arrêter. Ma vie, qui était agréable, s'était transformée en enfer. Tout ce que je tenais pour acquis m'avait glissé entre les doigts et à présent, je n'avais plus rien. 
Mes sanglots se firent plus bruyants. Je crois même qu'un cri ou deux avaient quittés la barrière de mes lèvres afin de laisser exploser cette peine qui me rongeait de l'intérieur. Je me sentais tellement seule et abandonnée. 
Un bruit dans les buissons me fit sursauter, levant les yeux, scrutant les alentours, je ne vis rien, mais je sentais une présence. Mon cœur se mit à battre plus fort, la panique commençait à s'emparer de moi. 
Me relevant au plus vite tout en prenant garde de ne pas tomber plus bas, je repris mon ascension afin de quitter ce lieu rapidement. Je ne savais pas ce qui se trouvait là au milieu de la nuit, mais je n'avais pas confiance. Pas assez pour patienter, afin de voir ce qui allait me tomber dessus. 
Une fois en haut, je pris le temps de poser mon regard en contrebas, à la recherche de la bête mystérieuse qui rodait dans les parages. Après un instant, où rien de se manifesta à ma vue, je quittais cet endroit. 
***
Je marchais le long de la route, traînant, je l'avoue les pieds. La force que j'avais déployée pour venir s'était évanouie comme neige au soleil et je peinais à les avancer l'un après l'autre. Je ne prêtais pas attention à ce qui m'entourait, trop concentrée sur ce que j'avais perdu, sur ce que je ne retrouverais probablement jamais. Avec mes parents une partie de moi s'était envolée, celle qui était joyeuse. Elle venait d'être remplacée par ce sentiment de vide et d'insécurité que je tentais de contrôler en l'ignorant. 
Une voiture s'arrêta à ma hauteur, baissant sa vitre, je reconnus immédiatement ma tante qui semblait angoissée et soulagée à la fois. 
- Aurora enfin, je te retrouve, où étais tu donc passée ?
Baissant la tête, je n'avais pas le courage de lui dire la vérité, et je me demandais si elle était entrée chez elle pour constater les dégâts. 
- Aurora monte dans la voiture s'il te plaît, il fait froid et tu vas attraper mal !
Je suis contrainte d'avouer que j'avais du mal à sentir le bout de mes doigts donc je me suis exécuté et j'ai pris place sur le siège passager. Elle ferma dans le même temps la fenêtre et mit le chauffage au plus fort. Je constatais que j'avais la chair de poule, ce que je n'avais pas ressentit jusqu'à maintenant. 
Elle reprit la route, sans dire un mot. Je n'avais pas répondu à sa question et je ne savais toujours pas si elle avait vu l'état de sa maison. Il nous fallu peu de temps pour arriver et une fois descendue de la voiture, le stress commença à m'envahir, appréhendant sa réaction. Elle se tourna immédiatement vers moi comme si elle avait la capacité de ressentir ce que je vivais, elle me sourit un peu maladroitement.
- Je sais que tout est un peu compliqué pour toi, mais je te promets que tout va s'arranger ne t'en fais pas !
Elle s'approcha de la porte afin de l'ouvrir, mon cœur fit un bond dans ma poitrine, je me mis à trembler. Elle alluma la lumière de l'entrée, je vis du bris de verre sur le sol, des restes du désastre qui s'était produit par je ne sais quel miracle cet après-midi. Elle poussa les débris d'un coup de pied, soufflant en même temps. 
Devant moi, elle faisait bonne figure, mais je savais qu'au fond d'elle ma présence lui pesait. Elle aurait, je pense, préférer ne pas être mentionné sur ce fichu formulaire en cas de décès de mes parents. Je ne peux pas lui en vouloir, moi-même, des fois, j'ai du mal à me supporter. 
- Aurora ne reste pas à l'extérieur, entre ! L'entendis-je m'appeler de l'intérieur.
Docile, je fis ce qu'elle venait de me demander et referma la porte derrière moi. Elle était en train de passer le balai et ramassait ce qui n'avait pas été détruit. Elle leva les yeux vers moi au bout d'un instant.
- Ne t'en fais pas, ce n'est que du matériel, comme je te l'ai dit tout va s'arranger !
Je lui souris, mécaniquement, mais je ne parvenais pas à croire ses mots, comment tout pourrait s'arranger ? Il se passe des choses étranges quand je suis dans une pièce et je ne sais pas si tout cela est de mon fait ou d'une autre personne. Pour couronner le tout, j'ai sauté du haut d'un pont et ait atterrie sans une égratignure sur la berge, comment cela peut-il s'expliquer ?
***
Le lendemain matin, je la retrouvais assise à la table de la cuisine, touillant son café, visiblement depuis un moment, il ne semblait plus particulièrement chaud. Elle était perdue dans ses pensées, elle ne m'avait même pas vue arriver. Je m'approchais d'elle, doucement, ne souhaitant pas lui flanquer une peur trop brutale. Elle avait constamment vécu seule dans cette maison et n'était pas habituée à voir des gens autour d'elle. 
- Je sais que tu es là, Aurora, pas la peine de marcher sur des œufs ! Me lança t'elle sans même me regarder.
Un peu plus en confiance, je m'approchais d'elle tout en me servant une tasse de café chaud. Prenant place face à elle, je ne parvenais pas à déchiffrer son expression. Elle était sérieuse. Trop sérieuse pour que j'en sois sereine, elle posa les yeux sur moi, continuant de touiller son café froid.
- Aurora, es-tu déjà allé dans l'école où tes parents travaillaient ?
Je lui fit non de la tête. Certes j'en avait vaguement entendu parler, mais je n'y étais jamais allé et ce qu'ils faisaient là bas se résumait pour moi à "on aide les enfants qui en ont besoin". Ce qui est avouons-le plutot legé comme explication, donc je m'en tenais à prof. 
Elle soupira, visiblement, elle avait quelque chose à dire sur cet endroit, sinon pourquoi me poser cette question ?
Elle fixait sa tasse puis tapota sa cuillère sur le côté avant de là poser sur la table et reporter son attention sur moi.
- Aurora, tes parents m'ont nommé tutrice légale pour toi, or, je ne saurais pas m'occuper de toi, tu nécessites un suivit que je ne peux te donner...
Quoi ? Mais de quoi parle-t-elle, de quel suivi ai-je besoin ? Bon, j'avoue, me jeter d'un pont et rentrer à pied ne me fait pas paraître des plus stables et bien psychologiquement. Mais quand même pas au point de m'envoyer dans un institut spécialisé. Je ne suis pas folle ! Du moins pas encore !
- .... C'est pour cela que je me suis résolu à t'envoyer dans cette école qu'ils chérissaient tant, là-bas, j'en suis persuadée, tu trouveras ta place. 
- Je ne suis pas folle ! Hurlais-je ne comprends pas pourquoi elle comptait bouleverser ainsi ma vie. 
Elle me fixait, surprise et décontenancée par ma réaction. Elle bégaya quelques mots que je ne comprenais pas avant de reprendre le contrôle de sa parole.
- Aurora, ils ne t'ont vraiment rien dit ?
Je voyais à son visage qu'ils auraient dû me parler de quelque chose, ce qu'ils n'avaient pas fait et cela lui faisait visiblement peur. 
- Dit quoi ? J'ai un problème grave ? Car si c'est le cas, j'aimerais savoir ! 
Elle se leva de sa chaise et fit quelques pas dans la pièce, parlant toute seule.
- Ce n'est pas possible ! Ils ne peuvent pas lui avoir caché cela ! Mon dieu pauvre petite je comprends mieux pourquoi elle est dans cet état.
Je la voyais résonner de vive voix, semblant oublier que j'étais avec elle dans cette pièce. Une chose est sure, mes parents m'avaient caché des informations sur moi, données qui peuvent être en lien avec les événements récents et peut-être bien leur mort ? Elle s'arrêta net, son regard me fit frissonner.
- Prends tes affaires je t'y amène immédiatement, eux sauront comment te dire ce qui se passe.
Elle prit ses clés accrochées au mur et sortie de la maison sans même un regard. Résignée et encore un peu sous le choc de son annonce, je lui emboîtais le pas. De toutes manières je n'étais pas en mesure de faire autrement, elle prenait mes décisions pour moi, c'est bien à cela que sert un tuteur non ?
...

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