Point de vue de Aelynn
Le jour se levait à peine, enveloppant le paysage d'une lumière douce et dorée. Une fine brume flottait encore au-dessus des champs, et l'air frais de l'aube mordait légèrement ma peau. Je resserrai ma cape autour de mes épaules, inspirant profondément l'odeur de la terre humide. Chaque pas de mon cheval me rapprochait de mes enfants, et je refusais de ralentir.
Cela faisait trop longtemps que j'étais loin d'eux, et l'idée qu'ils puissent souffrir sous la coupe d'Estelle me hantait. Chaque nuit, je rêvais de leurs petits visages, de leurs cris d'appel à l'aide. Mon cœur se serrait à cette pensée, mais je ne pouvais pas flancher. Je devais les retrouver.
Marcus chevauchait à mes côtés, silencieux mais présent, son regard attentif et protecteur. Il ne disait rien, mais je savais qu'il veillait sur moi, prêt à intervenir si nécessaire. Nous avancions rapidement, le rythme des sabots brisant le calme matinal. La route était longue, mais mon énergie ne faiblissait pas.
Après plusieurs heures de chevauchée, Marcus tira légèrement sur les rênes de son cheval pour ralentir. "Nous devrions nous arrêter ici un moment," dit-il en désignant un ruisseau scintillant sous les rayons du soleil. "Tu as besoin de te reposer, Aelynn."
Je secouai la tête, refusant catégoriquement. "Non, Marcus. Nous n'avons pas le temps. Chaque minute compte."
Il soupira, mais je pouvais voir l'inquiétude dans ses yeux. "Même toi, tu as besoin de force. Repose-toi au moins quelques instants."
À contrecœur, je finis par descendre de cheval. L'eau claire du ruisseau coulait doucement, son murmure apaisant, mais je ne pouvais détendre mes muscles tendus. Je remplis ma gourde, mes mains tremblant légèrement sous l'effet de l'émotion.
"Tu es tendue," murmura Marcus en s'approchant, posant une main réconfortante sur mon épaule. "Nous les retrouverons, je te le promets."
Je tournai mon regard vers lui, cherchant une assurance que je peinais à trouver en moi-même. "Et si c'était trop tard, Marcus ? Et si… elle leur avait déjà fait du mal ?"
Il serra ma main dans la sienne, ses yeux brillants de sincérité. "Aelynn, rien ne pourra briser le lien que tu as avec eux. Rien. Nous les ramènerons."
Je hochai la tête, essayant de ravaler mes craintes. Mais au fond de moi, l'angoisse grandissait.
Nous remontâmes en selle, et après quelques heures de chevauchée supplémentaires, nous approchâmes d'un petit village. La simple vue des maisons en pierre me fit tressaillir. C'était un endroit familier. Trop familier.
Je tirai brusquement sur les rênes, forçant mon cheval à s'arrêter. Marcus me regarda avec étonnement. "Qu'y a-t-il ?" demanda-t-il.
Je pointai vers le village en contrebas. "Nous ne pouvons pas passer par là."
Il fronça les sourcils. "Pourquoi ?"
Je baissai les yeux, hésitant un instant. "Il y a des gens là-bas… des gens qui me connaissent."
Marcus hocha la tête, comprenant immédiatement. "Nous trouverons un autre chemin."
Mais alors que nous nous détournions pour contourner le village, une voix familière retentit. "Aelynn ? Est-ce toi ?"
Mon sang se glaça. Je tournai lentement la tête et vis une vieille connaissance, un ancien membre de ma meute, qui s'approchait de nous. Il plissa les yeux, tentant de me reconnaître.
Avant qu'il ne puisse s'approcher davantage, Marcus intervint, son ton autoritaire mais calme. "Vous devez faire erreur."
L'homme fronça les sourcils, semblant incertain. Je tirai ma capuche un peu plus bas, priant pour qu'il ne me reconnaisse pas.
"Peut-être," murmura-t-il, confus. "Mais cette femme me rappelle quelqu'un…"
Marcus posa une main sur l'épaule de l'homme, le détournant doucement. "Nous sommes pressés. Bonne journée."
Sans attendre davantage, nous quittâmes les lieux, le cœur battant à tout rompre.