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58.33% La nuit des anges / Chapter 7: Paradis

บท 7: Paradis

Le soleil ne m'avait jamais semblé si beau. De toutes mes années d'existence, je n'avais jamais été aussi heureux, aussi vivant.

Elle se levait le matin, ses cheveux ébouriffés lui donnaient un petit air sauvage contrastant avec son caractère si doux. Elle aimait se coiffer dans le couloir principal, c'est là que se trouvait mon plus grand miroir. Elle y brossait ses longs cheveux et je l'admirais en secret.

Miranda me poussa, elle riait doucement.

Tara me vit et me demanda de l'aide, je m'exécutais. Cela ne s'était jamais produit auparavant. Je l'aidais à se coiffer avec plaisir et anxiété. Il n'était pas facile pour moi de réaliser ces tâches simples. Lorsque j'eus fini, elle se contempla dans le miroir en souriant.

« Ferme les yeux »

Alors qu'elle s'exécutait, je glissais un collier de ma manche et le plaçai devant elle. Elle ouvrit les yeux et resta bouche bée.

« Il est splendide ! »

J'étais heureux. Je le posais sur son buste et le fermait à l'arrière de sa nuque. La chaîne était en argent pur et le pendentif en diamant représentait une galaxie. Il était perlé d'obsidienne de part et d'autre du bijou. Elle se caressa avec beaucoup d'émotions et me remerciant pour un tendre baiser sur la joue.

Ensuite Tara voulu visiter les jardins et me pressa de venir avec elle. Nous marchions dans le petit jardin, elle s'arrêta pour sentir chaque fleur, chaque aromate. Me demandant ce que j'en pensais, quel était mon préféré ou encore ce dont nous aurions besoin pour le dîner.

J'aimais sa compagnie, elle était tellement rafraîchissante pour moi. Je n'avais jamais vécu avec personne. Vivre avec Miranda et les autres était déjà assez compliqué, mais je n'aurais jamais imaginé que Tara nous rejoindrait.

Miranda m'était d'une grande aide. Elle contrôlait régulièrement que l'illusion sur mon visage ne disparaisse pas et elle échangeait mes verres de sang avec des verres de vin à chaque fois que Tara s'approchait.

Je dois dire que la vie était plutôt facile à ses côtés. Elle devint même une amie sincère avec le temps.

Les brûlures que m'infligeaient Tara étaient parfois très dures à supporter et les coups dans ma poitrine me rendaient faible. Il m'arriva de ne plus contrôler ma force et de briser un verre, les éclats me firent saigner… Je n'avais jamais saigné auparavant. J'ignorais comment soigner une blessure. Personne n'avait jamais réussi à m'infliger ça et pourtant… J'avais beau chercher, je ne trouvais rien sur Tara qui puisse expliquer cet état.

C'était une nuit où je ne trouvais aucune réponse, encore une fois. Furieux, sans m'en rendre compte, j'avais jeté par terre tout ce qui se trouvait sur mon bureau d'études. Je m'accoudais et je pris ma tête dans mes mains. Je devenais fou, cette douleur ne me quittait plus. Miranda entra dans le bureau et commença à nettoyer. Avec le temps, elle ne s'étonnait plus de mon apparence monstrueuse. Dans un accès de rage, je voulais lui faire peur. Je ne sais pas vraiment pourquoi, je pense que je voulais retrouver le contrôle que j'avais perdu en ayant Tara avec nous.

Je saisis Miranda et je la plaquais dans le canapé de la pièce. Je la tenais fermement, et je passais mes longs crocs sur sa nuque. Mes doigts étaient ornés d'ongles solides en argent, ces griffes lacéraient sa peau. Elle ne bougea pas, elle se laissa faire. Je sentais son pouls, je constatais avec effroi qu'elle était tout à fait sereine.

« N'as-tu pas peur de moi ? Même en ce moment ? »

Elle se mit à rire.

« Sire, vous êtes un homme amoureux. Les hommes amoureux sont tous des monstres à leur façon. Vous n'êtes pas pire que ceux que j'ai connus dans le passé. »

Je la lâchais après avoir constaté ma bêtise. Je m'assis tranquillement et baissais la tête, honteux. Je savais que sa présence était bénéfique pour moi, et en même temps, je me sentais si perdu que j'étais prêt à tout sacrifier pour retrouver ma sérénité. Ces temps merveilleux où je n'avais aucune attache et où je parcourais le monde.

Qu'il était dur de la regarder dans les yeux à ce moment. Elle mit sa main sur la mienne tendrement.

« Je sais que vous traversez une période difficile. Comprenez-moi. Sans vous, je serais morte depuis longtemps dans des conditions effroyables. Si vous décidiez réellement de prendre ma vie maintenant, je n'aurais aucun regret. Vous m'avez tant offert, je vous en suis redevable quoi qu'il arrive. »

Je levais les yeux vers elle. Une simple petite humaine comme elle avait un si grand courage. Jamais je n'avais vu pareille force. De tous ceux que j'avais croisés, ils avaient tous fuit devant moi. J'étais un tueur, un prédateur, elle n'était qu'une proie et pourtant je me sentais bien avec elle. C'était un peu comme si elle était la gardienne de ma conscience, la protectrice de mon âme. Elle me poussait vers le mieux, elle me poussait à être humain. Elle m'aidait à bien me tenir en compagnie de Tara, elle protégeait mon secret au mieux. Peut-être prenait-elle la place d'une mère que je n'avais jamais eue.

J'avais vécu des siècles sur cette terre et pourtant, ces années-là furent les plus mouvementées de mon existence. Je ne m'étais jamais posé autant de questions sur ma condition. Archanium avait raison, je n'étais qu'un enfant en recherche d'affection. Nous étions nés du Néant, du rien… Personne n'était là pour nous accueillir ou nous guider. Personne ne nous a tendu de main, ne nous a dit d'où nous venions. Nous étions juste là… Et je me suis toujours senti vide, moi, le monstre. Celui né sans cœur qui bat. Celui qui est mort-né. Celui condamné à être haï, seul dans le noir, seul dans son désespoir.

Je levais la tête et pris une grande inspiration. Une larme coulait sur ma joue sans que je le réalise. Miranda prit un mouchoir en tissu et l'essuya doucement. Elle caressa ma joue.

« C'est la première fois que vous tombez amoureux, n'est-ce pas ? »

Je la regardais avec un air interrogateur. Amoureux ? Je n'aurais jamais imaginé avoir ce genre de langage en parlant de moi, surtout avec une humaine.

« Je ne sais pas Miranda. Je souffre tellement. Lorsqu'elle est là mon corps souffre, lorsqu'elle est loin de moi mon âme souffre. Que dois-je faire ? »

Miranda mit sa main sur mon épaule. Elle maintenait son regard sur moi.

« Je pense que Tara est une gentille fille. Vous pourriez y gagner beaucoup à vous laisser aller. Peut-être même que vos brûlures disparaîtront, qui sait ? »

Il se faisait tard, sur ces mots, elle se leva et partit se coucher. Je restais dans le bureau à présent nettoyé, contemplant mon reflet dans l'un des bibelots dorés en face de moi sur la cheminée. Mon visage hideux me semblait plus doux que d'ordinaire.

Après plusieurs heures, lorsque j'entendis Tara se lever, je me décidais de suivre les conseils de Miranda.

Je proposais à Tara de manger tous les deux dans le jardin ce matin, la jeune femme paraissait ravie. Nous avons passé un moment fantastique en tête-à-tête. Tara était de plus en plus proche de moi et je sentais le bonheur m'envahir. Miranda avait raison, après avoir accepté le fait que, peut-être, j'avais des sentiments forts pour Tara mes douleurs se turent un moment.

Nous avons ainsi multiplié les rendez-vous. Le temps fila et plusieurs mois passèrent ainsi. Nous avions pris nos routines, nous mangions tous les jours tous les deux le matin dans le jardin en admirant les fleurs.

Je réalisais petit à petit que je devenais humain. Mes griffes d'argent, si particulières à ma condition, étaient de moins en moins solides et mes crocs acérés devenaient plus petits de semaine en semaine.

Je devais faire attention à ne plus me blesser, certains réflexes étaient durs à perdre et je me coupais plus d'une fois. Miranda riait de moi, mais nous étions heureux et en harmonie.

Je devenais enfin humain, grâce à mon amour pour Tara.

Nos journées étaient paisibles, nous passions notre temps à lire. Tara aimait ma bibliothèque plus que tout. Elle adorait les légendes de mes origines tout en ignorant qu'il s'agisse de moi. J'avais justifié le fait que mon nom soit le même que celui des livres par une passion de la part de mes parents imaginaires qui me nommèrent en hommage à Zarkhaïm.

Elle tomba sur un texte relatant Archanium et sa femme, nous avons alors échangé un long moment à ce sujet. Elle me demanda de le lui lire et de lui expliquer. L'origine de ma vie et mon calvaire, l'origine de ma plus grande malédiction. L'origine de la haine qu'Archanium a à mon égard.


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