Point de vue d'Aelynn
Le poids des mots de Marcus m'accablait encore alors qu'il quittait la pièce, notre fils dans ses bras. L'idée qu'Adrien puisse me proposer quelque chose me laissait perplexe. Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais j'étais prête à l'entendre.
Adrien entra peu de temps après. Il avait cet air sérieux qui ne le quittait presque jamais, mais cette fois, il y avait une nuance différente. Une sorte de tristesse mêlée à une détermination ferme.
— Salut, Aelynn, murmura-t-il en s'approchant.
Il s'assit sur le bord du lit, gardant une distance respectueuse, mais ses yeux cherchaient les miens avec intensité.
— Tu devrais arrêter de penser à nous, Adrien, dis-je rapidement. Mon ton était ferme, mais pas agressif.
Il leva une main, me coupant doucement.
— Ne t'inquiète pas, Aelynn. Je ne suis pas là pour parler de ça, répondit-il calmement.
Je restai silencieuse, le laissant continuer.
— Comme tu le sais, j'ai promis à Marcus de m'allier à lui et de ramener mes alliés pour affronter ton frère.
Le mot "frère" provoqua un frisson désagréable dans mon dos. Ce lien de sang avec Reese, cet homme que je n'avais jamais connu mais qui représentait une menace, me mettait mal à l'aise.
— J'ai une demande, poursuivit Adrien. Je voudrais emmener un de nos enfants avec moi.
Ses paroles furent comme une gifle. Je restai figée, mon esprit s'emballant.
— Je... Je ne peux pas, Adrien, murmurai-je.
Il semblait s'y attendre, mais il insista.
— Aelynn, je comprends ce que cela signifie pour toi, mais j'ai besoin d'un héritier. Et je ne peux pas confier ma meute à l'un des enfants d'Estelle.
Le simple nom d'Estelle prononcé dans cette pièce me fit bouillir intérieurement.
— Ils ne sont pas pareils, ajouta-t-il avec amertume, comme s'il lisait dans mes pensées.
Je fermai les yeux un instant, prenant une profonde inspiration pour calmer les émotions qui tourbillonnaient en moi. Je savais que ce qu'il demandait n'était pas égoïste, mais cela me déchirait.
— Donne-moi un moment pour réfléchir, dis-je doucement.
Il hocha la tête, respectant ma demande. Après quelques minutes, je pris ma décision.
— D'accord, Adrien. Je vais accepter.
Il sembla soulagé, mais je n'étais pas prête à céder entièrement sans imposer mes conditions.
— Jay ! appelai-je, ma voix résonnant dans le couloir.
Jay, mon fidèle bêta, apparut presque immédiatement.
— Va chercher mon aîné, s'il te plaît, demandai-je calmement.
Jay hocha la tête et s'éclipsa rapidement. Quelques instants plus tard, mon fils entra dans la pièce, ses yeux brillants d'innocence et de curiosité.
— Maman ! cria-t-il en courant vers moi pour me serrer dans ses bras.
Je l'étreignis avec tendresse, le tenant un peu plus longtemps que d'habitude, savourant le moment.
— Ça va, petit chou ? demandai-je doucement.
Il acquiesça, un grand sourire sur son visage.
Je pris une profonde inspiration.
— Maman doit te dire quelque chose. Écoute attentivement et prends ton temps pour répondre, d'accord ?
Il me regarda, son expression devenant sérieuse, comme s'il sentait que mes paroles allaient être importantes.
— Papa aimerait que tu rentres avec lui à la maison, dis-je doucement. Il se sent seul là-bas. Est-ce que tu voudrais bien y aller ?
Mon fils inclina légèrement la tête, réfléchissant.
— C'est moi tout seul ou tous les trois ? demanda-t-il avec une candeur enfantine.
Je souris faiblement, sentant mon cœur se serrer.
— Promis, maman viendra te voir de temps en temps, répondis-je avec une voix tremblante.
Il sembla réfléchir encore un instant, mais ses yeux s'assombrirent légèrement.
— Mais Estelle va me gronder encore, murmura-t-il.
Avant que je puisse répondre, Adrien intervint.
— Elle n'est plus là, dit-il simplement. Elle est partie.
Mon fils sembla soulagé, et après un moment, il hocha la tête.
— D'accord alors, dit-il doucement.
Je l'embrassai sur le front, retenant mes larmes.
— Tu seras toujours dans mon cœur, petit chou, murmurai-je.
Adrien se leva, tendant la main à notre fils. Il la prit avec une certaine hésitation, mais je vis qu'il se sentait rassuré. Avant de partir, Adrien me regarda une dernière fois, ses yeux exprimant à la fois de la gratitude et une tristesse palpable.
— Merci, Aelynn, dit-il.
Je hochai la tête, trop émue pour parler, et regardai mon fils partir avec son père. Mon cœur était lourd, mais je savais que c'était la bonne chose à faire, même si cela signifiait un sacrifice de ma part.