Jean
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La vie de marchand n'était pas aussi simple qu'il n'y paraissait. La plupart des personnes pensaient qu'il fallait uniquement se méfier que des monstres et des bandits.
Il est vrai que depuis la dernière guerre Astryenne, ces derniers étaient plus nombreux que jamais.
Mais la véritable difficulté du travail résidait dans le rythme de vie, surtout ici, au sud du continent. Abritant la grande forêt de Meranja et les marais maritimes d'Obera, les villages étaient rares. Si rares que je ne comptais plus les nuits passées dans ma roulotte.
Fort heureusement, mes deux fils m'accompagnaient, de sorte que je n'étais pas seul durant mes voyages.
Le plus âgé, Ewen, avait toujours rêvé de devenir aventurier. A ses seize ans, il quitta la maison pour accomplir son rêve à la capitale.
Malheureusement, stagnant comme beaucoup d'autres aux plus bas rang de la guilde, il décida d'abandonner son travail et de revenir me prêter main forte.
Ses deux ans passés à travailler en tant qu'aventurier n'auront pas pour autant été vain, car il était dorénavant devenu mon principal garde du corps.
Mon second fils en revanche aspirait à reprendre mes routes commerciales, comme ce fus le cas lorsque je repris ces mêmes routes à mon père. Bien que nous ne soyons pas les seuls, moins d'une dizaine de marchand reliaient Obera à Esteria, la concurrence était donc faible.
L'un des plus grands avantages à relier Obera à Esteria revenait au transport. En effet, passant par les villes de June et Avrel, deux des plus grandes villes des régions sud du continent, il n'était pas rare que ma roulotte serve de transport pour d'autres personnes.
Notamment des aventuriers, qu'ils soient en devenir ou accomplis, étant donné qu'Avrel abritait l'une des plus grandes guildes d'aventurier du continent, et était la capitale des aventuriers du royaume d'Aeira.
En échange du transport, ces aventuriers offraient généralement leur service en tant que garde du corps. Certains essayaient de monétiser ce service, mais face à la grande majorité d'aventurier le proposant gratuitement, il était rare que ceux-ci trouvent acheteurs.
Aujourd'hui, en plus de nous trois, nous pûmes donc accueillir une aventurière en devenir dans notre roulotte.
Il s'agissait d'une jeune adolescente, aux cheveux blonds mi-long parfaitement lisses et au doux regard bleuté ornementant un visage lisse et élégant. Il était rare de voir une telle physionomie dans cette région rurale.
Contrairement à la plupart des aventuriers de son âge, elle possédait déjà une belle armure et une arme parfaitement polie. Bien qu'elle ne fût pas encore aventurière, elle avait très probablement déjà combattu.
Le temps passait, et rapidement le soleil s'approcha de l'horizon. Malheureusement, nous étions encore à plusieurs lieues de la ville la plus proche, et il n'était pas prudent de pénétrer la nuit dans la forêt.
Nous mangeâmes donc une viande de Niange, sa viande blanche étant facilement conservable et mangeable froide. Pour accompagner cela, nous dégustâmes des fruits préalablement préparés à cet effet. Bien entendu, la part de Lilliana était prévue.
Suite à ce repas, nous nous couchâmes afin de nous réveiller aux aurores.
Ainsi passèrent les journées.
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Pour de nombreux vagabonds et marchands, voyager faisaient partie du style de vie. Par conséquent, l'excitation procurée par la découverte de nouveaux paysages s'amenuisait au fil du temps.
Bien que Lilliana vagabondait dans les terres du nord-est depuis près de cinq ans, elle n'avait toujours pas perdue cette excitation liée au voyage. Cela tenait surtout du fait que les terres qu'elle avait visité étaient arides et la végétation y était rare.
Pour elle, cette région extrêmement boisée était des plus rafraichissante. De plus, en cette saison, de nombreux arbres étaient en fleur, et la forêt arborait une infinité de couleurs.
En plus de cette flore d'exception, de nombreux animaux arpentaient la forêt ci et là. Des plus communs aux plus rares, l'écosystème de la forêt de Meranja était des plus importants au monde. De nombreuses demande de récolte et de chasse étaient soumises aux aventuriers par des cuisiniers ou des collectionneurs, tandis que de nombreux chasseurs tentaient d'ajouter de nouvelles têtes à leur tableau de chasse.
Toutefois, cette forêt ne se résumait pas à ce décor de rêve. En effet, de nombreux monstres la parcouraient et, bien qu'étant faibles, il n'était pas rare que des attaques de monstres soient rapportés aux guildes locales.
Le petit groupe n'était désormais plus qu'à quelques lieues d'Avrel, ne leur laissant que moins d'un jour de trajet. D'après les dires de Jean, ils parviendront à atteindre la ville avant la tombée de la nuit.
Le trajet se déroula parfaitement bien. Aucune attaque de monstre ne fut à déplorer, et les risques d'en rencontrer s'amenuisaient à mesure qu'ils approchaient de la ville.
Cependant, alors qu'ils n'étaient plus qu'à moins d'une lieue de la ville, l'un de leur cheval fut attaqué.
Depuis un fourré, une flèche fut décochée et atteint le flanc gauche de la bête. L'équidé s'effondra instantanément, ce qui causa l'arrêt net de la roulotte.
"Père, que se passe-t-il ?"
A l'intérieur, les jeunes adultes commençaient à s'inquiéter.
"Nous sommes attaqués !"
Légèrement paniqué, Jean pénétra dans la roulotte, et s'empara d'une masse d'armes.
"Ce sont des bandits ! Ils ont tiré sur Jena !"
Entendant cela, Ewen prit en main son épée et suivit son père. Avant de sortir de la roulotte, il se retourna vers son frère et Lilliana :
"Vous deux, restez ici. Ne sortez sous aucun prétexte !"
Puis, il ferma la porte de la roulotte. Malgré tout, par l'une des fenêtre, Lilliana put assister au combat : trois personnes cagoulées avaient pris d'assaut les marchands. L'un d'eux maniait un arc, tandis que les deux autres brandissaient des épées.
Sans aucune mise en garde, l'un d'eux, apparemment un homme, de grande taille et à la musculature exubérante, asséna un coup d'épée en direction de Jean.
Ce dernier para difficilement le coup. L'attaquant enchaîna directement sur une seconde attaque, très rapide, en direction du flanc droit du marchand.
Jean ne parvint pas à parer l'attaque, et il n'était pas assez vif pour l'esquiver. Il eut alors à encaisser l'attaque. Malheureusement, ne possédant que très peu de moyen de défense, l'épée lui entailla les côtes.
L'épée qui semblait être de mauvaise qualité ne pénétra pas la chair, mais une grande partie des côtes de jean furent brisées.
Fier de son coup, l'homme masqué ne pouvait s'empêcher de laisser s'échapper un petit rire narquois. Mais l'un de ses acolytes le fit revenir à la réalité :
"Nieme, attention !"
En effet, alors que son père luttait en un contre un, Ewen s'était faufilé sur le côté de son ennemi. D'un geste habile, il lui transperça l'épaule gauche, et d'une coupe rapide au poignet droit, le désarma. L'homme sévèrement blessé s'agenouilla et gémissait de douleur, son sang se répandant sur le sol.
"Enfoiré !"
Le second agresseur qui brandissait une épée lança un regard noir à l'ancien aventurier. Ce dernier, en revanche ne lui offrit pas le luxe de l'attention, ses pensées étant tournées vers l'état de son père.
"Père, êtes-vous blessés ?"
"Quelques… Côtes brisées… rien de bien grave…"
Grâce à ses deux ans passés à travailler en tant qu'aventurier, Ewen sut établir un diagnostic d'après ses connaissances. Avec quelques remèdes et deux semaines de repos, son père ira mieux. S'ils avaient accès à des potions, son rétablissement serait quatre fois plus rapide, malheureusement des personnes de leur caste n'avaient guère accès à des artifices de ce genre, faute d'argent.
Son jeune frère, alerté par cet accident, sortit de la roulotte, et s'approcha des membres de sa famille en courant. Ewen pensa le forcer à retourner dans la roulotte, mais renonça :
"Surveille notre père, je m'occupe de ces deux autres enfoirés."
Pendant ce temps, les deux bandits se concertaient. L'archer, qui semblait être une femme, interpela son coéquipier :
"Chef, que faisons-nous ?"
Passablement irrité, il répondit :
"J'compte pas laisser mon frère agoniser ici. On bute ce connard, le type avec lui et on se casse avec la roulotte."
L'archère acquiesça légèrement. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment… Elle fit donc quelques pas de côté, s'assurant un chemin de fuite en cas de problème.
Son chef, en revanche, se précipita épée en main vers son adversaire. L'ayant remarqué, Ewen adopta une posture défensive. Les épées s'entrechoquèrent.
Au corps à corps, aucun des deux combattant ne cédait. Leur force était égale, et bien qu'Ewen fût un peu plus rapide, il n'arrivait pas à prendre le dessus. Rapidement, les respirations s'accélérèrent, et les coups se firent moins précis.
Frappe après frappe, l'un esquivait, l'autre parait. La douleur commençait à se faire sentir dans les mains.
L'archère guettait le bon moment pour décocher, mais les combattant changeaient de position en permanence, il lui était difficile d'agir dans ce combat.
Tout à coup une petite voix se fit entendre. Cette voix venait de la roulotte.
"Tss- Si ça continue comme ça, il va perdre…"
La porte de la roulotte s'ouvrit de nouveau, et cette fois-ci, une jeune adolescente en sortit, il s'agissait bien entendu de Lilliana.
"Hé, vous !" Dit-elle en pointant du doigt les bandits. Elle se dirigea lentement vers Nieme, agonisant toujours au sol, ayant perdu connaissance depuis longtemps.
"Si vous voulez avoir une chance de le sauver, abandonnez les armes. Sinon je lui plante mon épée dans la gorge pour l'achever."
Lentement, elle dégaina son épée, et approcha la pointe de la tête de Nieme. Ne comprenant pas bien la situation, le chef des bandits l'interpela :
"A-Attends !"
Quant à l'archère, elle ne perdit pas de temps.
"Deux contre deux… Bah, je ne compte ni mourir aujourd'hui, et je n'ai pas non plus envie de tuer. Chef, ta manière de faire ne me plaît pas, je m'en vais. Je garde l'arc par contre, il n'est pas trop mauvais. Bonne chance pour la suite."
Ainsi s'en alla l'archère, dans la pénombre de la dense forêt. Le chef des bandits ne supporta pas bien cette trahison, et s'emporta de nouveau :
"Salope ! Me laisse pas comme ça !"
Mais cela n'importait en rien à Lilliana. Approchant davantage son épée de sa victime, elle demanda à nouveau :
"Alors, que fais-tu ? Tu as peut-être encore une chance de le sauver, avec de la chance. Mais si tu perds davantage de temps, sa perte de sang aura raison de lui."
Entendant cela, le bandit ne réfléchit pas une seconde de plus, et jeta son arme au sol.
"Très bien, très bien j'abandonne. Laissez-moi m'occuper de lui et je partirai dans la minute."
Lilliana rangea son arme, et retourna auprès de Jean. Le bandit quant à lui récupéra son frère et repartit dans la forêt.
*Soupir*
"Heureusement, que ce petit bluff les a fait partir, je ne compte pas tant tuer des gens, même s'ils sont des bandits…"
Juste après qu'elle eut finit sa phrase, Ewen s'effondra au sol, fatigué.
*Aaahh*
"Merci, Lilliana. Tu m'as probablement sauvé la vie aujourd'hui. Cet homme était plus fort qu'il n'en avait l'air. Heureusement, personne d'autre que père n'est blessé et nous sommes tirés d'affaire."
"Alexis, tu t'occupe de la roulotte, je vais aider père à s'assoir à l'intérieur et lui offrir les premiers soins."
Lilliana quant à elle retourna immédiatement s'assoir à sa place.
Rapidement, ils purent reprendre la route, la roulotte étant conduite par Alexis ayant été formé par son père.
Malgré cette altercation, ils purent atteindre la ville d'Avrel avant la tombée de la nuit, et Jean invita Lilliana à les rejoindre dîner, pour la remercier de les avoir aidés.
Bonjour !
Je tiens à remercier tous ceux qui lisent jusqu'au bout et qui apprécient mon travail !
Sachez que je compte bien augmenter le rythme de parution des chapitres, à minima de un par semaine environ.
Bonne journée/soirée !