章 37: Femme ou fantoche
Lucia Monica Johnson Fabien
Une passion peu commune entre deux êtres émergeant chacun d'une réalité propre à lui même c'est ainsi que je qualifierais ma relation avec Mathis. C'est fort. Mais comme un feu de paille s'allumé assez vite aussi, je reste sur la réserve. Elle est née d'une rencontre banale qui, au départ j'ai cru, allait être mon pire cauchemar. Mais, au fil des jours qui m'est devenue vitale.
Je ne saurais dire à quel point le lien entre nous est fort à l'heure là. Si l'on me demandait si demain les problèmes devraient survenir entre Mathis et moi, à quel point serait on assez fort pour tout affronter d'une même front, je n'en saurais pas comment répondre. En réalité, je n'en sais rien. On apprend juste à ce construire quelque chose de vrai parmis ce tissus de mensonge que l'on a raconté au autre depuis des mois déjà.
- Pourquoi cette femme voudra t'elle me parler ? C'est quoi ses intentions ?
- Madame, vous m'avez parlé ?
J'ai dû parler plus fort que je ne le voulais.
- Non Lopez, ce n'est pas vous. Je réfléchissais à voix haute. C'est tout.
- Quelques chose vous tracasse madame ? Vous êtes différente dépuis cet appel.
- Ce n'est rien de bien grave. Je vais gérer. Ne t'inquiète pas. Et merci pour ta sollicitude.
J'arrive chez moi toujours absorbée par mes réflexions autour des intentions de la fameuse Maëlle et de ce qu'elle pourrait bien vouloir de moi. Rien de bon ne peut sortir de cet entrevue. Pourquoi s'est elle présentée comme la fiancée de mon mari ? Qu'y a-t-il entre eux ? Qu'y avait il d'ailleurs ? Je ne devrais sûrement pas m'affoler. Ce ne serait que chose normal que Mathis aie eu quelqu'un dans sa vie par le passé. Si ce n'est pas que ce mariage aie pris une autre dimension, on n'en serait sûrement pas arriver à cette question autour de sa vie privée. Ce n'était pas censé m'intéresser.
En parlant de mon mari, celui ci m'accueille les bras ouvert agrémenté d'un sourire à faire fondre mon cœur à peine je regagne la maison. Je ne me fais pas prier et me jette dans ses bras. Endroit où je me sens apaisée dès que j'y suis.
- Bonne arrivée mon cœur ! Comment cela a été cette première journée à l'hôpital ? Il embrasse mon front.
- Pas trop épuisant en vrai. Ces petits anges qui arrivent parmis nous sont si chou à regarder. Leurs petites bouilles sont si craquantes... Et cette complicité naturelle avec leur mère est... c'est carrément un don du ciel. C'est si beau à regarder. Et ta journée ?
Il m'avait détaché de lui au mo.ent où je parlais afin de m'avoir en face de lui. Il me regardait raconter mon récit avec enthousiasme. A la fin il me sourit et me prend de cours par sa question zappant la mienne par la même occasion.
- Voudrais tu que l'on ait un enfant toi et moi ?
La question me prend par surprise. Il était sérieux en plus. Bien sûre que je voudrais un enfant avec lui. Mais n'est-ce pas assez tôt entre lui et moi ? Surtout avec cet affaire de Maëlle qui vient s'ajouter maintenant.
- Tu... tu voudrais avoir un enfant avec moi ? Je lui demande incrédule.
- Mais bien sur. Lucia tu es ma femme. Je t'aime. Nous unir pour donner vie, n'est ce pas l'une des plus belles façons d'exprimer notre amour l'un pour l'autre ?
C'est bien beau ce qu'il dit. Mais le problème avec Mathis, c'est que j'étais habituée à le voir jouer à la comédie. Et là, ça y ressemble. Mais qu'est-ce que je raconte ? Ma conversation avec cette Maëlle me tourmente plus qu'elle ne le devait.
- Pas toi ? Trouves tu que c'est encore tôt ? Il demande voyant que je ne réagissais pas.
- Évidemment que c'est assez tôt. Mais ce n'est pas ce qui me bloque. D'ailleurs ta mère pourrait en conclure que j'essaie par tout les moyens de te bloquer dans ce mariage. Et Ma...
- On va laisser maman en dehors de cela, il ne me laisse pas finir. D'ailleurs elle est rentrée chez elle si c'est ce qui te tracasse. On ne l'aura plus dans nos pattes. Cela se passe entre toi et moi Lu. Le veux tu ?
Je repense à l'appel de cet après midi. Cette Maëlle, c'est exactement le genre de femme que fréquente mon mari au quotidien. Le genre qu'il pourrait exposer partout. Et surtout sans casier. Le genre avec qui il pourrait fonder une famille. Peut être, ont ils eut un enfant ensemble. Peut être que c'est de cela Maëlle veut s'entretenir avec moi.
Mais non. Il me l'aurait dit si tel était le cas dès le début. Ce n'est pas comme s'il avait peur que je dise non sache qu'il a déjà un enfant.
J'aurais beau me répéter toutes les cinq secondes que je devrais décliner son invitation et être focus sur ma relation avec mon mari parce qu'elle n'a pas grand chose à m'apprendre que je ne sache déjà. Je sais aussi que pour Mathis, cette femme est d'une grande importance. Que dis je ? Cela doit être son grand amour. Je me souviens encore de ce jour où elle avait debarqué chez nous à l'improviste. La manière où Mathis a balayé d'un revers de main toute discussion à son sujet m'incite à vouloir en savoir plus sur elle. Et ce n'est pas à Mathis que je vais pouvoir en demander. A Lopez ou Andrew non plus.
- Monica !
- Je t'écoute Mathis.
- Et j'ai dit quoi ? Il scrute mon visage.
- Qu'as tu dit ? Je tourne la tête vers lui.
- C'est bien ce que je pensais. Tu es absente. C'est le fait de mentionner mon désir d'enfant qui te met dans cet état ?
- Tu n'as pas mentionné ton désir d'enfant Mathis. Tu as justement posé une question.
- Et maintenant si je te disais que je voudrais que l'on ait un enfant toi et moi...
- Et même là encore tu ne l'as pas formalisé. Tu as dit "si". Tu sais quoi ? Je... je suis fatiguée. Je vais monter me doucher.
- N'est ce pas que tu viens de dire que tu ne l'étais pas ? Que ta journée boulot n'était pas trop épuisante. Tu te défiles Lucia.
- Ce n'est pas ce que je dis, je m'en vais.
- Et tu as dit quoi alors ? Il me suit.
- Maëlle.
- Pardon ! Quoi ?
- Maëlle. Et si on en parle.
Mathis Johnson
Euh ! Pardon ! Maëlle, elle dit. Pourquoi elle me parle d'elle ? Précisément aujourd'hui d'ailleurs. Il y a quelque chose qui m'échappe. L'a t'elle rencontrée ? Maëlle lui a t'elle dit quelques choses ?
- Donc la conversation s'arrête là Mathis. Je mentionne Maëlle et ça s'arrête là, elle me balance en haut des escaliers au moment où j'ai arrêté ma progression. Je n'aurai qu'à mentionner Maëlle les prochaines fois pour que tu te figes et abandonnes ?
- C'est juste que je ne comprends pas ce que Maëlle vient chercher dans notre conversation. On parlait d'enfants et maintenant tu me parles de Maëlle. Le lien c'est quoi ? Tu as vu Maëlle où ? Elle t'a manqué de respect ?
- Pourquoi le ferait elle ?
- Comment pourrais-je savoir ? C'est toi qui l'a introduit dans la conversation.
- ...
- Attend. C'est quoi le lien entre notre conversation de tout à l'heure et celle là ? Je n'y comprends rien.
- Mais c'est à toi de me le dire Mathis. Et si tu me parlais de Maëlle. L'autre jour tu m'as bien demandé de te parler de Sébastien, non. A ton tour. Parle moi de Maëlle.
- Ah ! Donc c'est le combat des ex alors. Du genre maintenant que j'ose mentionner ton Sébastien ça ouvre la voie vers la discussion full ex ?
- Tiens donc. Maëlle et ton ex. Je vois. C'est déjà plus que tu as accepté de dire la première fois.
- Arrête avec ça Lucia. Même si je ne te l'avais pas dit la dernière fois je crois que tu l'avais bien compris. On a été ensemble un temps elle et moi. Ça c'est terminé entre nous. Et je me suis marié... avec toi. Fin de l'histoire.
- Pourquoi ? Tu n'arrivais pas à l'oublier ? C'était pour lui montrer que tu pouvais avancer sans elle que tu t'es payé une femme ?
- Là tu vas trop loin, je sens venir ma colère.
- C'est quoi la limite alors ? Et pourquoi autant d'agressivité lorsque son nom est mentionné ? Je n'ai fait que poser une question simple. Comme tu l'as fait avec moi. Pourquoi pour toi c'est plus sensible ? Maëlle c'est qui pour toi ?
- Ouais. Tu as raison. Tu es fatiguée. Je te laisse te doucher et te reposer.
Je redescend. Je pars trouver Lopez.
- Pendant que tu es allé chercher madame, as tu remarqué quelques choses d'anormal ? A t'elle vu quelqu'un ? Maëlle par exemple.
- Je n'ai rien vu. Mais elle a reçu un coup de fil et son humeur a changé.
- Cela doit être ça. Merci Lopez.
Pourvu que ce ne soit pas cette folle. Je l'avais bien prévenue de rester loin de ma femme.
Lucia Monica Johnson Fabien
Au départ je m'étais dit que je n'allais pas rencontrer Maëlle. Mais après la discussion avec Mathis la concernant, j'ai décidé d'y aller. Il faut que je sache. Alors me voilà qui débarque au bar de cet hôtel où elle m'a donnée rendez-vous ce midi. Je la remarque d'entrée. Je la retrouve sirotant un verre de cocktail. Maintenant que j'y suis, c'est à ce moment que je me pose la question à savoir si j'ai bien fait d'accepter de me prêter à son jeu. Ses intentions, il n'y a pas besoin d'avoir un QI monstre pour les deviner. Ma décision avait été prise sur le coup de la colère. Et maintenant je regrette.
Je fis un pas dans l'autre sens avec l'intention de m'en aller. Trop tard. Elle m'avait déjà remarquée.
- Lucia ! Elle m'appelle de sa voix aiguëe.
Je m'avance avec nonchalance. De toutes façons, advienne que pourra. Je n'aurais pas pu supporter l'incertitudes trop longtemps. J'arbore un sourire pour cacher mon inconfort et la rejoint.
- Tu voulais me parler. Alors, je suis là Maëlle, je me pose en position de force. Causons. A ce qu'il paraît tu sais des choses que j'ignore.
- Avant tout je veux m'excuser pour la façon dont je t'ai traité...
- Allons y directement. Les excuses ne riment à rien. Tu l'as déjà fait hier. Va droit au but s'il te plaît. Je doute fort que c'est cela le but de ta présence. Tu m'en excuseras d'ailleurs mais je doute de leur sincérité.
Elle sourit. Le genre de sourire pour narguer l'autre comme si elle ressentait cette supériorité par rapport à moi.
- Alors ?
- Comme je disais, je suis au courant de tout.
- Developpe un peu que je vois de quoi tu parles lorsque tu prétends être au courant de tout.
- Tout... Les raisons du mariage de Mathis avec toi. Le contrat qui vous lié. C'est un mariage blanc où vous deux vous y gagner quelques chose.
- Okay...
Je hausse le sourcil. Profitant qu'un serveur venait vers nous, je place commande. Mademoiselle avait déjà commandé pour elle avant mon arrivée. J'ai juste pris un rafraîchissant. Sous cette chaleur je vais bien en avoir besoin.
- Ne joue pas les femmes sûres d'elle Lucia. Cela ne prend pas avec moi. Je ne mens pas et tu le sais.
- Et tu voudrais que je te demande où tu as eu ces informations et tu me répondras par mon mari bien sûr ?
- Qui d'autres voudrais tu que ce soit ?
- Okay ! Je répond calmement en buvant mon jus malgré que je boue de colère au fond de moi.
- Si tu crois que Mathis s'intéresse à toi ou qu'il sera toujours derrière toi pour essuyer ton ardoise...
Elle s'énerve car je ne réagissais pas telle qu'elle l'espérait.
- Comme pour cette condamnation pour meurtre par exemple.
Mon cœur fit un bond. Mathis est allé jusque là ? Je jouais à la femme fatale. Mais en mentionnant mon passé, elle a toute mon attention. Alors c'est vrai ce qu'elle dit. Mathis lui en a parlé. Et maintenant que sait elle d'autres ? C'est la question que je me suis posée à l'instant. J'ai cligné des yeux deux fois. J'ai dégluti afin de me donner contenance afin de ne pas paraître ridicule face à elle et tout ça sans sortir le moindre mot.
- Je vais donc t'expliquer la vraie histoire cendrillon. Toi qui crois être tombée sur le prince charmant. Mathis et moi, on est fiancé.
J'écarquille grand les yeux.
- Et oui. Tu as bien entendu. Fi-an-cé. Et comme je ne suis pas prête à me marier, de temps en temps, il avait mon feu vert pour s'envoyer une pute. Mais tout a dérapé quand la presse s'y est mêlée. Alors il lui fallait laver son image.
- D'où le mariage avec moi.
- Voilà. Tu comprends vite.
Elle m'offre son sourire de victoire. Ses mots m'atteignent au plus profond de moi même. Je ne sais pas comment démêler le vrai du faux. D'un côté il y a Mathis et ses secrets me jurant son amour. De l'autre, il y a cette femme qui m'informe que je suis mariée à son fiancée qui a déjà posé une date d'expiration sur notre mariage.
Au départ c'était le deal avec Mathis. Alors pourquoi m'aurait il menti, me poussant à croire que ses sentiments ont changé envers moi ? Cela n'à aucun sens. Les questions se bousculent dans ma tête et je peine à me situer. Puis, je me suis dit qu'elle ne m'y prendra pas. Je sais que sur son masque bienfaitrice, son intention première c'est de foutre le bordel dans ma tête. Ce qu'elle me raconte là, il faut que je l'entende de la bouche de Mathis pour y croire. A coup sûr, elle ment. Mais comment saurait elle pour mon passé ?
- J'ai failli te croire Maëlle, je me reprend. Sérieux. Tu aurais pu m'avoir avec ton beau discours. Je ne sais pas combien de temps tu es restée dessus par contre. Mais mon mari, lhomme que j'ai épousé très chère, il m'aime. Et notre mariage est tout ce qu'il y a de plus vrai. Je ne vais pas te raconter notre vie sexuelle afin que tu y crois parce que je pourrais te mettre trop d'idéeee....
Je traîne sur mes mots et me pince les lèvres de façon provocante.
- ... salace en tête. Et comme tu y as déjà goûté, tu sais de quoi je parle.
- Espèce de garce, elle m'insulte les dents serrées.
- Garce toi même. Si tu crois que je vais tomber dans ton piège ma chère... tu n'imagines pas le nombre de groupie qui tourne autour de mon mec. Elle ne font pas peur car je sais qu'elles sont toutes insignifiantes.
- Par groupie, tu parles de moi ?
- Qui se sent morveux se mouche très chère.
- Écoute moi salle chienne. Si parce que tu as eu la bite de Mathis en toi, tu te crois arriver, sache que ce n'est nullement une preuve d'amour. Mathis ne t'aime pas, elle s'énerve.
- Il ne t'aime pas non plus Maëlle. La preuve, il t'a jettée de chez lui comme une chienne la dernière fois que tu y as mis les pieds te prévenant de foutre la paix à sa femme. Et bah sa femme, c'est moi, je lui mets ma bague sous les yeux.
- Sa femme ou juste une fantoche ? Tu es comme un fardeau qu'il doit traîner. Mais il ne te le dira pas car il est trop gentleman pour ça. Petite meurtrière.
- Etouffe toi avec ta morve Maëlle. Je t'emmerde, je me lève pour partir.
Narrateur externe
Les dés étaient jettés. Il ne restait plus que Lucia morde à l'hameçon. Elle aura beau prétendre le contraire, Lucia se mettra à douter à un moment ou à un autre. Et si cela ne devrait pas marcher, Luciana se chargera du reste. C'est d'ailleurs sur cela que le plan entier se base.
Étant une étrangère, Maëlle savait les risque pour que Lucia ne la croit pas quand elle a pris tout son temps au vu de lui expliquer à quel point Mathis est mauvais. Elle avait bien remarqué le changement de comportement de Mathis. Ce qu'elle ne savait pas par contre, est que le mariage avait été consommé. Ce qui compliqua son plan. Mais Maëlle c'est une dure à cuire. Ce n'est pas pour ça qu'elle va s'arrêter.
- Je préfère que Mathis ne soit à aucune de nous deux au lieu d'abandonner maintenant. Dès demain tu rentres en scène, elle déclare à son interlocuteur sous l'effet de la colère.
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