Je me levai du lit avec une lourdeur dans le corps, comme si l'énergie même m'abandonnait peu à peu. Je savais que rester là, à ruminer, ne ferait qu'accentuer le tourbillon de pensées qui me tourmentait. J'avais besoin de me vider l'esprit, de trouver un semblant de calme, même temporaire. Peut-être qu'une promenade dans cette vaste demeure m'aiderait à apaiser mon esprit.
En quittant ma chambre, je me laissai guider par mes pas, sans direction précise. Je traversai les couloirs froids, mes doigts glissant le long des murs. Cette maison, bien qu'elle soit immense, avait une façon d'étouffer ceux qui s'y trouvaient. Chaque pièce, chaque couloir semblait m'enfermer un peu plus.
Mes pas me menèrent d'abord au jardin. Les fleurs étaient en pleine floraison, un contraste brutal avec ce que je ressentais intérieurement. Mais même la beauté de ce lieu n'arrivait pas à adoucir mes pensées. Marcus n'était pas là. Et c'était tout ce qui m'importait.
Je continuai mon chemin, passant par la cuisine où l'odeur du pain fraîchement cuit emplit mes narines. Une servante, que je ne connaissais pas vraiment, me jeta un regard rapide, avant de retourner à ses tâches. Personne ne m'adressait vraiment la parole ici. Tout le monde semblait savoir que je faisais partie des affaires de Marcus, et cela me maintenait à l'écart, comme si j'étais marquée.
Mon exploration me mena vers l'aile principale de la villa, et je finis par m'arrêter près du bureau de Marcus. C'était ici qu'il passait une grande partie de son temps, à lire des documents, à donner des ordres. Je me demandais s'il avait laissé des traces de lui à l'intérieur. Une envie irrationnelle de frapper à la porte, de voir s'il était là, me traversa. Mais je savais qu'elle serait verrouillée. Et même si elle ne l'était pas, je n'oserais pas entrer.
Alors que je restais figée devant cette porte, une silhouette apparut à mes côtés. Une jeune femme, une servante oméga, s'approcha discrètement. Elle avait l'air timide, comme si chaque mot devait être soigneusement pesé avant d'être prononcé.
"Madame Aelynn," murmura-t-elle, la tête légèrement baissée. "Un dîner est prévu à l'extérieur de la villa ce soir. Marcus m'a demandé de vous remettre ceci."
Elle tendit un paquet soigneusement enveloppé. Je l'ouvris lentement pour y découvrir une robe noire somptueuse, d'un tissu si délicat que j'eus peur de l'abîmer en la touchant. Elle était à la fois élégante et simple, mais d'une sophistication qui ne laissait aucun doute sur le type d'événement auquel j'allais assister.
"Vous devrez vous habiller avec cette robe," ajouta-t-elle en relevant timidement les yeux. "Un Beta viendra vous chercher pour vous conduire à la voiture dans une heure."
Je restai silencieuse un moment, tenant la robe entre mes mains. L'idée de dîner à l'extérieur, dans un lieu que je ne connaissais pas, avec des gens que je n'avais jamais rencontrés, me déstabilisait. Et pourtant, quelque chose en moi s'éveilla à cette idée. Peut-être étais-je impatiente de revoir Marcus. Peut-être étais-je simplement curieuse de ce qu'il avait prévu.
"Merci," répondis-je simplement à la servante, la laissant repartir sans ajouter un mot de plus.
Je retournai dans ma chambre, la robe toujours en main. Mon esprit tourbillonnait à nouveau. Pourquoi ce dîner ? Pourquoi cette robe ? Et surtout, pourquoi Marcus m'avait-il demandé de me préparer ainsi ? Avait-il prévu de me retrouver ce soir ? Peut-être n'était-ce qu'un jeu de plus pour lui, une manière de tester mes réactions, de me voir vaciller sous la pression de l'incertitude.
Je m'assis sur le bord du lit, tenant la robe devant moi. Chaque fibre de ce tissu semblait contenir une promesse silencieuse, une anticipation. Mon cœur battait plus vite à l'idée de ce dîner, de ce moment où je verrais Marcus à nouveau.
Je posai la robe sur le lit et me dirigeai vers le miroir. Mon reflet me parut étranger, comme si je n'étais plus vraiment moi-même. Je ne savais pas si c'était à cause de l'attente, de l'incertitude, ou de ce que je ressentais pour Marcus. Mais une chose était certaine : je devais me préparer. Ce dîner, quel qu'il soit, allait être un tournant, je le sentais.
Je me levai et commençai à me préparer, me demandant à chaque instant ce que la soirée allait réellement me réserver.