章 15: Un peu d'espoir
Dans ses derniers moments avant de sombrer dans l'inconscient, Sulk avait cru apercevoir l'origine de la lumière du cristal.
Il avait presque senti l'énergie qui agitait le morceau de roche brillant et qui provoquait la lumière bleue continue.
Cette énergie semblait tournoyer de manière désordonnée, prisonnière du cristal. Pourtant le cristal diffusait de la lumière. Cela devait donc signifier qu'une partie de l'énergie contenue à l'intérieur réussissait à s'échapper.
Sulk était à présent totalement calme.
Il était resté pensif et coincé dans son esprit pendant plus de 24 heures et pour la première fois depuis avait eu une idée.
L'énergie qui était presque vivante était restreinte par la forme physique du cristal, de la même manière que son esprit était bloqué par des parois invisibles à l'intérieur de son corps inanimé.
Ce n'étaient que spéculations et Sulk ignorait si cela était d'une quelconque manière relié à la réalité de la situation, mais s'il avait une idée en tête il devait essayer.
C'était mieux que de rester enfermé.
A l'instant ou il réalisa que son corps était comparable au cristal lumineux, son cœur se mit soudainement à battre de manière régulière.
Il n'en avait aucune idée car il ne pouvait même pas le sentir, mais son corps était en train de se remettre lentement de sa condition. Ses battements qui avaient été irréguliers pendant des heures et avaient semblé à Arch sur le point de lâcher à tout moment avaient enfin reprit un rythme régulier.
L'esprit de Sulk était en tailleur plongé dans la fumée violette. Il était parfaitement immobile et aurait pu faire penser à une statue.
Il avait les yeux fermés et était en train de réfléchir à la situation.
Depuis qu'il avait commencé à travailler dans la mine à ses 10 ans, quatre ans auparavant, il avait comme tous les mineurs obtenu un petit cristal de la taille d'un pouce qui était monté sur un petit socle métallique.
Ce cristal que tous les mineurs gardaient accroché à leur ceinture de corde était comme une lampe torche personnelle.
Quelques générations plus tôt un mineur avait eu cette idée suite à un éboulement qui l'avait coincé sous terre sans lumière pendant près de trois jours.
Depuis cette époque chaque mineur avait sa propre source de lumière.
Durant ces quatre dernières années Sulk avait souvent joué avec le morceau de cristal pointu. Il l'avait tourné et retourné entre ses doigts des milliers de fois.
Maintenant qu'il était coincé dans sa conscience et que son âme ne voulait pas s'ouvrir, Sulk pensait à ce petit cristal et aux différentes observations qu'il en avait fait.
Il ouvrit les yeux.
Depuis sa position dans la bulle où tournoyait la fumée violette, Sulk avait une vue sur l'ensemble de son espace mental.
Il voyait l'étagère qui lui avait permis de se représenter sa mémoire ainsi que le tunnel qui lui donnait accès au monde extérieur.
Sulk voulait accéder à ses souvenirs du petit cristal qu'il avait senti contre sa cuisse pendant quatre ans. Mais l'étagère qui était la clé de ses souvenirs était hors de la bulle.
La bouche de Sulk se tordit alors légèrement, un coin se soulevant en un sourire de satisfaction.
"Si j'ai construit cette étagère et qu'elle contient tous mes souvenirs... Quel importance a son apparence ou son emplacement ? Ce n'est qu'une construction de mon esprit, et à mon esprit elle va retourner !"
L'étagère s'effaça alors petit à petit, se transformant en un nuage de minuscules particules violettes. Le nuage se mit soudainement à accélérer et à rejoindre la sphère invisible qui le retenait.
Sa mémoire finit enfin par être entièrement assimilée par la sphère et à rejoindre la volute qui maintenant ressemblait à une sorte de vague.
Sulk eu enfin l'accès à chaque détail de sa vie avec précision.
Cela ne lui prit pas plus d'une fraction de seconde pour se remémorer chaque détail de chaque événement de sa vie avec une précision qui dépassait se qu'il avait pu sentir au moment de graver la mémoire.
Sulk s'attarda un peu plus longuement sur ses souvenirs du petit cristal. Assurément son cristal diffusait de la lumière.
Mais comment s'échappait l'énergie si le cristal n'avait aucun trou, aucune fissure ?
Soudain Sulk s'illumina.
Il avait finalement compris.
L'énergie contenue dans le cristal n'avait pas de forme physique.
Elle n'était qu'énergie !
Assurément une paroi physique n'allait pas la bloquer ! Alors elle pouvait sortir sous forme de lumière.
Son esprit lui aussi n'était qu'une projection de son âme, aucune barrière physique ne devrait pouvoir le retenir.
S'il parvenait à concentrer sa pensée assez loin il devrait pouvoir atteindre les limites de son corps et sortir de sa prison mentale.
Sulk s'efforça alors à imaginer l'espace mental autour de lui les yeux fermés.
Etant donné qu'il l'avait créé il n'eut pas beaucoup de soucis. Les yeux toujours fermé il regarda l'ensemble de l'espace autour de lui.
Soudain il concentra son regard sur la volute de fumée.
Il se vit lui même en tailleur à l'intérieur.
Alors qu'il s'observait attentivement cela devint de plus en plus dur pour lui de se regarder.
Ce n'est pas qu'il fatiguait à force de projeter son esprit mais plutôt que la forme qu'il regardait s'estompait.
Plus le Sulk en tailleur disparaissait plus son regard était perçant et donc plus la forme s'estompait. Finalement la sphère ne fut plus emplie que de fumée.
Sulk ouvrit les yeux.
Il était sorti de la bulle. I
l était à présent flottant dans son espace mental, de nouveau séparé de son âme.
Son esprit était à présent plus fort, plus solide et plus puissant qu'il ne l'avait été avant son coma.
Bien que son corps ne bougeait pas suivant sa commande, il pouvait le ressentir. Il avait retrouvé ses sens.
Mais cela n'était pas la limite pour Sulk. Maintenant qu'il avait compris la nature intrinsèque de son esprit et de son corps, comment pouvait-il s'arrêter là ?
Il se remis en tailleur et inspira lentement.
Lorsqu'il se concentrait profondément sans parler, les yeux fermés, il arrivait à sentir le monde autour de lui.
Au début ce n'était que de quelques centimètres, puis une dizaine, puis quelques dizaines, et il pouvait à présent ressentir tout ce qui était dans un espace d'un demi-pas autour de lui sur sa peau, comme si chaque information était un frisson particulier que Sulk seul pouvait interpréter.
Il sentait les mouvements de l'air, les différences de températures, comme s'il les voyait.
Il aurait probablement pu marcher les yeux fermés dans la mine et sentir les murs autour de lui, se déplaçant sans encombre à l'aveugle sans jamais heurter aucun obstacle, s'il avait pu contrôler son corps.
Il avait l'impression de pouvoir presque altérer le monde à sa guise dans cet espace restreint.
Pour la première fois depuis deux jours, il voyait le monde extérieur.
Sa pensée se posa instantanément sur la personne penchée sur son corps allongé.
C'était sa mère.
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