Leïlana était terrifiée, elle était seule dans la tour et Zarkhaïm lui donnait des ordres directs. Il était extrêmement brutal et elle sentait qu'il la tuerait si elle ne réussissait pas cette fois-ci. Elle avait peur de lui faire du mal et avait beaucoup de réticences à commencer, mais il la pressa immédiatement. Elle ne posa pas de questions et posa ses mains sur l'orbe. L'énergie autour fut aspirée et Zarkhaïm fut la première cible du sort.
Leïlana canalisa l'orbe, elle sentit que l'énergie de Zarkhaïm était illimitée. Elle touchait la véritable essence de son être et elle était de plus en plus terrifiée par la créature qui se trouvait à côté d'elle.
L'orbe ne s'arrêtait pas de prendre sa force vitale, elle tremblait en sentant que les choses étaient incontrôlables. L'orbe se brisait lentement sous ses mains et elle priait en silence tous les dieux qu'elle pouvait nommer, peu importe si elle y croyait ou non.
Bientôt, elle sentit à nouveau l'odeur de Miroïr. Elle voyait à travers ses yeux, Zarkhaïm le comprit et il la pressa de décrire ce qu'elle voyait, lui criant presque dessus. Leïlana avait du mal à respirer, la connexion était trop forte et elle ressentait aussi ce qu'il ressentait.
Des plaies apparurent sur son corps et son sang se répandit sur ses vêtements. Zarkhaïm était de plus en plus impatient.
"Où est-il ? Parle !"
Leïlana essaya de se calmer et prit une grande inspiration, elle essaya de parler mais sa bouche était pleine de sang et elle avait du mal à utiliser sa voix. Elle ressentit une douleur intense dans le dos et des marques de chaînes apparurent sur ses poignets. Zarkhaïm attrapa sa main furieusement. Ses yeux rouges devinrent noirs, il l'aurait battue lui-même si elle n'était pas son seul espoir.
Elle trouva la force de parler d'une voix basse et cassée.
"Je vois un mur blanc, des barreaux de prison dorés. L'air est frais et me fait mal à la gorge.
Les chaînes à mes poignets sont en or. Le sol est blanc, je pense qu'il est en marbre. Je ne vois pas bien, j'ai du sang partout.
Quelqu'un a un fouet et me bat. Je ne vois pas la personne, le fouet est en cuir noir, mais le crochet et les pointes de la lanière sont en or."
Sa douleur était incroyable, elle pleurait et ne contrôlait pas la situation. Zarkhaïm la poussait et l'utilisait contre sa volonté. Elle l'implora d'avoir pitié de lui.
"S'il te plaît, fais-moi revenir, je n'en peux plus. Je n'en peux plus. Aide-moi !"
Zarkhaïm appuya sa main sur son épaule, il était dans un état second. L'orbe prenait de plus en plus d'énergie et c'était bien plus que ce que Leïlana pouvait supporter. Elle était toujours liée à l'orbe lorsque celui-ci se fissura, elle sentit alors la terre trembler.
L'orbe se mit à briller intensément. Elle voulut s'enfuir mais elle boitait, blessée. Elle prit le chemin de la sortie de la tour pour trouver un médecin.
Lorsqu'elle ouvrit la porte d'entrée, elle tomba à genoux, désespérée. Le paysage changeait devant elle.
Elle comprit avec horreur que l'orbe avait entraîné la tour dans un sort de transport et l'avait piégée à l'intérieur avec elle.
La tour se déplaçait à travers l'espace et les âges. Elle voyait devant ses yeux écarquillés des temps, des lieux et des gens différents. Leïlana était perdue. Elle se tourna vers Zarkhaïm avec un regard désespéré, paniqua complètement et lui cria de toutes ses forces.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? Où sommes-nous ? Nous sommes coincés entre deux mondes ! Zarkhaïm ! Que pouvons-nous faire maintenant ? !"
Zarkhaïm ne se tourna même pas dans sa direction. Deux ailes gigantesques apparurent dans son dos. Zarkhaïm brisa le mur devant lui et s'envola hors de la tour. Leïlana était submergée par une grande angoisse. Elle s'avança au milieu de la tour et cria à l'agonie.
"Ne me laisse pas seule !"
Elle hurla et pleura pendant des heures. Lorsqu'elle cessa, un silence terrible s'installa. Leïlana sentait les blessures de son corps brûler, mais ce n'était rien comparé à la douleur qu'elle ressentait en comprenant son destin dans cette tour.
Elle n'eut d'autre choix que de trouver une solution pour soigner ses blessures par elle-même. Leïlana reprit immédiatement ses esprits devant l'urgence de la situation et chercha dans toutes les réserves de la Tour.
Elle trouva des bandages et des médicaments, elle fit du mieux qu'elle put. Juste après, elle prit l'initiative de faire l'inventaire de ce qu'elle possédait.
Elle était déterminée à survivre et même si la solitude la terrifiait, après quelques semaines, elle commença à l'apprécier. Pour éviter les problèmes liés à l'absence de rythme, elle plaça un cercle solaire au milieu de la tour. Ainsi, les cycles des jours et des nuits étaient visibles de partout.
Elle appréciait de pouvoir faire tout ce qu'elle voulait sans que personne ne discute ses idées. Elle emballait, organisait et entretenait la tour.
Elle apprit à utiliser l'orbe pour naviguer entre l'espace et le temps à force d'étudier les arts de Miroïr. La tour avait le potentiel d'être un outil incroyable. Si elle pouvait apprendre à la contrôler pour choisir où venir et quand, elle pourrait influencer les mondes, les futurs, les passés et les multiples présents. Elle pourrait influencer ce qui n'a jamais existé mais sa priorité était de retrouver sa patrie. C'était devenu son obsession, elle n'avait aucune idée de comment faire, elle essayait de poser ses mains sur l'orbe encore et encore.
Elle se concentrait sur l'image de Miroïr et lorsqu'elle ouvrit la porte, ce fut le néant. Elle ne voyait rien, ni l'obscurité, ni la lumière, ni la terre, ni l'espace. Il n'y avait rien, tout simplement.
Leïlana essaya encore, cette fois-ci elle se concentra sur Zarkhaïm, lorsqu'elle ouvrit la porte, elle vit un pays de ténèbres. De terribles créatures volaient autour de la tour et commençaient à l'attaquer immédiatement, attirées par la lumière. Elle referma la porte au plus vite. Les créatures venaient se fracasser sur les parois de la tour et des morceaux de pierre tombaient en morceaux à l'intérieur, les impacts étaient incroyablement violents. Leïlana était terrifiée, elle n'était pas une guerrière, alors elle hurla de désespoir à l'orbe.
"S'il te plaît, emmène-moi à Jäwell !"