La traversée d'Aniaba vers Bordeaux avait été marquée par des décisions stratégiques et un sens de l'anticipation qui avaient jusqu'alors déjoué tout complot contre lui. Mais ce matin-là, alors que le navire longeait les côtes, une brume dense s'éleva de l'océan, enveloppant le vaisseau dans un silence oppressant. Aniaba était sur le pont, scrutant l'horizon avec une vigilance exacerbée. L'air était lourd, porteur d'une tension qu'il ne pouvait expliquer.
Le cri d'alerte d'un guetteur fendit l'air :
— Navires en approche !
Avant qu'Aniaba ne puisse réagir, une volée de boulets de canon déchira la brume, s'écrasant contre le flanc du navire. Le choc fut violent, projetant plusieurs marins à la mer. La confusion régna instantanément. Des cris, des ordres, et le fracas des armes se mêlèrent au grondement des canons ennemis. Aniaba, dégainant son épée, hurla à ses hommes de se tenir prêts.
— Défendez le navire ! Ne laissez aucun d'eux aborder !
Malgré leur bravoure, les assaillants étaient trop nombreux. Un autre coup de canon déchira la coque, forçant les hommes à battre en retraite. Le regard d'Aniaba se posa sur l'un des assaillants qui venait de monter à bord : un visage familier.
— Trahison ! rugit Aniaba, son épée fendant l'air pour repousser un assaillant. Ce visage était celui d'un de ses conseillers, un homme qu'il avait cru fidèle.
Les combats furent acharnés. Aniaba, combattant avec la rage d'un lion acculé, vit ses hommes tomber un à un. Ses plus fidèles guerriers se battirent jusqu'à leur dernier souffle, formant un cercle autour de lui pour le protéger. Leur sacrifice permit à Aniaba de continuer à se battre, mais le nombre et la perfidie de l'ennemi eurent raison de leur résistance.
Aniaba fut finalement capturé, des chaînes serrées autour de ses poignets, les mains ensanglantées par la lutte. Il fut contraint de regarder les corps sans vie de ses compagnons éparpillés sur le pont, leur sang mélangeé aux vagues qui s'écrasaient contre la coque du navire. L'homme qu'il avait cru son allié s'approcha, un sourire froid aux lèvres.
— Tout ceci était inévitable, Monseigneur. Vous étiez trop ambitieux.
Aniaba, le regard brillant de haine et de défi, cracha au sol.
— Vous ne savez pas ce que vous avez déchaîné. Mon peuple vengera ma capture, et mon nom résonnera plus fort que vos actes de lâcheté.
L'homme, indifférent, ordonna que le prince soit enfermé dans la cale. Aniaba fut traîné, ses forces diminuées mais son esprit intact. Dans l'obscurité de sa prison, il jura que cette trahison serait gravée dans l'Histoire. Le bruit des vagues et des chaînes devint un accompagnement funèbre pour cette nuit tragique.
Ainsi commença la descente aux enfers d'Aniaba, fils de roi, mais à cet instant, simple prisonnier du destin.