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Bab 16: Chapitre 15 : Le Purgatoire.

Armand et Bojan descendirent prudemment les escaliers menant au sous-sol. Bien que la brume se dissipe peu à peu, cela n'améliore pas leur visibilité dans ces escaliers sombres. Leurs pas résonnaient lourdement dans le silence oppressant du couloir, et le bruit incessant des prisonniers, qui causaient un carnage aux étages supérieurs, s'estompent progressivement, donnant l'impression qu'ils descendaient dans les entrailles d'un donjon.

"Carolina doit être quelque part ici," murmura Bojan, inquiet.

"Nous la trouverons," répondit Armand, déterminé. "Mais reste vigilant, il doit sûrement y avoir des pièges ou d'autres gardes."

Ils atteignirent finalement un large couloir souterrain, faiblement éclairé par des torches vacillantes accrochées aux murs. Au bout de celui-ci, une grande grille de fer semblait être l'entrée vers un autre niveau encore plus bas. La brume avait totalement disparu, révélant un spectacle des plus surprenant. 

Tous les gardes présents dans ce couloir étaient à terre et inconscients, comme s'il y avait eu un combat ici. En regardant les cellules, ils découvrirent un paysage sinistre : des dizaines de cadavres de prisonniers gisaient dans les cellules du purgatoire, certains datant de très longtemps, vu leur état. Armand se couvrit la bouche pour se retenir de vomir tandis que Bojan fermait les yeux, ses mains jointes, priant pour les âmes des malheureux défunts.

Soudain, un bruit sourd retentit derrière eux. Armand et Bojan se retournèrent et virent un soldat de grande taille se relever. Il n'était pas comme les autres : son corps était entièrement recouvert d'une armure épaisse et la lueur de ses yeux était à peine discernable à travers son casque.

"Vous," dit l'homme à voix basse, sa voix résonnant dans le couloir. "Vous êtes de mèche avec ce petit fumier, pas vrai ?" Il sortit une longue épée noire semblable à une claymore de son long fourreau.

"Il a l'air balèze," pensa Armand à voix haute. Bojan, lui, le reconnut immédiatement : il s'agissait du garde en chef affilié au purgatoire.

"Un petit fumier ? De qui tu parles ?" demanda Bojan.

L'homme ne prit même pas la peine de répondre et fonça vers eux, manipulant son immense lame comme si ce n'était qu'une légère épée. Armand se plaça devant Bojan, son aura bleue commençant à scintiller autour de lui. Il serra les poings, prêt à esquiver l'attaque.

Le garde en chef frappa avec une force incroyable et Armand esquiva de justesse, sentant la puissance du coup passer juste à côté de lui. La claymore s'écrasa sur le sol, créant une fissure dans la pierre. Armand profita de l'ouverture pour lancer une série de coups vers lui, ses poings enveloppés d'une aura rouge vif.

Mais le garde en chef semblait anticiper chaque mouvement d'Armand, parant habilement ses attaques avec le plat de sa lame et ripostant avec précision alors qu'Armand esquivait tant bien que mal. 

"On ne peut pas continuer à ce rythme," dit Bojan, les mains prêtes à lancer une nouvelle décharge électrique. "Il faut trouver une faille dans son armure."

Armand hocha la tête, ses sens en alerte. Ses iris devinrent jaunes alors qu'il analysait la situation, cherchant une faiblesse dans l'armure de leur adversaire. Il remarqua une légère ouverture près de l'aisselle droite du garde, probablement causée par un combat récent. "Bojan, vise son aisselle droite quand je te le dis," murmura-t-il rapidement.

Il se concentra, attendant le bon moment. Le garde en chef quant à lui, continua d'attaquer avec férocité, mais chacun de ses coups étaient anticipés et parés par Armand qui trouvait qu'il était de plus en plus prévisible et grâce à sa vitesse conférée par son aura bleue, il était facile de l'éviter vu sa carrure. Bojan, de son côté, maintenait une distance prudente, prêt à agir. 

Soudain, Armand vit l'ouverture qu'il cherchait : le garde leva son épée pour une attaque, exposant le défaut de son armure. Armand fit un signe discret à Bojan, qui comprit immédiatement. D'un geste rapide, il lança une décharge électrique comme s'il venait de lancer un javelot de foudre, visant l'aisselle du garde en chef.

La décharge frappa le garde, pénétrant l'armure de métal et diffusant l'électricité dans tout son corps. Armand saisit l'opportunité. Avec un cri de détermination, il canalisa une grande quantité de magie dans un coup puissant, visant le ventre du garde paralysé. Juste avant l'impact, il ouvrit sa main, laissant apparaître une boule de magie rouge prête à exploser au moindre contact.

L'impact fut spectaculaire, une explosion de lumière rouge jaillit, projetant le garde en arrière à travers le couloir avec une force phénoménale. Il heurta la grille de fer à l'autre extrémité, l'impact faisant trembler tout le sous-sol. Sa claymore, lâchée sous la violence du coup, tomba avec un bruit métallique lourd sur le sol de pierre.

Armand et Bojan observèrent le garde en chef étendu contre la grille de fer totalement éventrée, son plastron totalement endommagé et des étincelles électriques résiduelles autour de lui. Il était définitivement hors d'état de nuire. Les deux hommes se félicitent modestement avec seulement une tape dans les mains en guise de célébration.

Ils s'approchèrent prudemment de la grille déformée par l'impact. Alors qu'ils inspectent les environs pour être sûr que la voie est libre, une voix faible mais s'éleva des ombres d'une cellule voisine. Bojan avance prudemment vers celle-ci et il remarque que cette cellule était entrouverte et qu'il y avait un homme détaché, assis contre le mur glacial et très mal en point à qu'il lui manquait même un bras, perdu récemment à en juger par le bandage autour du moignon.

"Armand, viens voir !"

Armand qui attendait devant la grille après avoir déplacé le garde se rapproche de Bojan pour voir ce qui se passait et ses yeux s'écarquillent en voyant l'état de l'homme qu'il reconnaît rapidement. Il s'agissait du voleur qu'il avait vu être maîtrisé à son entrée à Auroria par un lieutenant de la garde impériale. Il fixa ensuite son bras en moins et se souvint qu'il avait été blessé à l'épaule. 

"Qu'est-ce qu'il est arrivé à ton bras ?" demanda Bojan en se baissant au niveau de l'homme affaibli. 

L'homme leva péniblement la tête, son visage marqué par la douleur et la fatigue. "Ils... ils m'ont torturé," murmura-t-il d'une voix rauque. "Ils disaient qu'avec ma blessure profonde à l'épaule, mon bras était inutile. Je ne valais même pas la peine d'être un esclave."

"Alors ils te l'ont coupé…" dit Armand.

Armand se contenait en fermant les yeux pendant qu'il expliquait ce qu'il lui est arrivé, puis il tourna la tête à droite, vers quelque chose qui l'intriguait. Il y avait des menottes et des chaînes fermées sur le sol alors qu'elles ne maintenaient personne, il regarde ensuite l'homme qui n'était pas enchainer non plus et se souvient que Bojan avait ouvert la porte de la cellule sans la forcer, ce qui est inhabituel surtout dans ce sous-sol où même les cadavres sont encore enchaîner. 

Bojan l'avait remarqué plus tôt, mais il avait préféré vérifier l'état du prisonnier avant de le questionner sur ces détails étranges. "Dis-moi, comment se fait-il que tu n'es pas attaché ? Et ta cellule, pourquoi était-elle ouverte ?" demanda Bojan.

"Ah... vous ne l'avez pas croisé en descendant dans le sous-sol ?" répondit l'homme péniblement.

"Croisé ? Qui ? Un garde ?"

"Non, il y avait un garçon avec moi, à peu près aussi grand que ce jeune homme," dit-il en pointant Armand du doigt. "Il avait aussi les cheveux rouges."

L'homme continua son récit en expliquant qu'il y avait eu une secousse plus tôt, provoquée par l'arrivée d'Armand, qui avait légèrement extirpé le pieu maintenant les chaînes du garçon au mur, affaiblissant ainsi le sceau qui entravait la magie de ceux enchaînés. Ensuite, le garçon s'était libéré sans même avoir besoin d'ouvrir les menottes, mais l'homme n'avait pas vu comment.

Après cela, le garçon avait traversé la barrière comme si son corps était fait de fumée. Il avait ensuite asphyxié temporairement les gardes pour les rendre inconscients, puis, avec une clé volée à un garde, il avait ouvert la cellule et libéré son malheureux colocataire avant de se dissiper en une immense brume en se dirigeant vers les étages supérieurs.

Armand et Bojan firent immédiatement le lien avec la brume qui s'était échappée de l'antichambre du sous-sol lorsqu'ils avaient ouvert la porte tout à l'heure. 

"Vous devez faire vite, je présume que vous voulez descendre plus profondément. Laissez-moi ici. Je ne serais qu'un boulet incapable de marcher droit, je n'ai aucun avenir à part la mort."

"Ne dis pas ça," répondit Bojan en tenant son bras. "Quand tout sera terminé, on vous libérera tous, je te le promets."

Armand le réconforta également en lui donnant une de ses trois fioles vertes qu'il avait dans son petit sac pour le soigner, ne serait-ce qu'un peu, afin qu'il tienne bon. Ils le laissèrent pour le moment dans sa cellule, estimant qu'il ne risquerait rien ici. Ils se remirent devant la grille explosée pour enfin s'engouffrer plus profondément dans la forteresse. Cependant, Armand ressentait un mauvais pressentiment qu'il partagea à Bojan.

"Tu ne trouves pas que c'est devenu trop calme d'un coup ?" chuchota-t-il.

"Que veux-tu dire par là ? Il n'y a personne d'autre que nous et cet homme, c'est normal."

"Ça fait un moment que je n'entends plus les bruits des gens au rez-de-chaussée, c'est étrange."

"Ne t'en fais pas, nous sommes trop loin pour les entendre."

"Je sais, mais…"

"Tu fais bien de t'inquiéter," dit une voix lointaine derrière eux.

Ils se retournèrent subitement, surpris, alors qu'une énorme lame d'air jaillit de l'obscurité, se propulsant vers eux. Armand l'évita de justesse, subissant une légère entaille sur la joue gauche. La lame s'abattit sur la grille, la coupant en deux avant de se dissiper.

"Qu'est-ce que… ?!"

Une silhouette apparut à l'entrée du couloir du purgatoire, marchant lentement. Elle semblait porter une énorme arme semblable à une hache, qui s'abattit violemment sur le sol avec un bruit métallique avant de glisser sur la pierre alors qu'elle se dirigeait vers eux. Lorsqu'elle atteignit la lumière d'une torche murale, sa véritable apparence fut révélée. C'était une femme forte, aux longs cheveux rouges, munie d'une hache ensanglantée, laissant imaginer le pire sur ce qui s'était passé là-haut.

"T'es qui, toi ?" demanda Armand, le visage déterminé, essuyant le sang de sa joue avec sa main.

"O-Octavia ?!" s'exclama Bojan, une goutte de sueur coulant sur son front. Armand le regarda et comprit, à la réaction de son compagnon, que c'était quelqu'un d'important.

"Je n'ai pas besoin de vous questionner sur vos intentions, je sais très bien ce que tu fais ici, Bojan. Quant à toi, gamin, je ne sais pas comment tu as pu t'infiltrer dans cette prison malgré la sécurité extérieure, mais tu ne sortiras pas d'ici vivant," déclara-t-elle en soulevant sa hache avec aisance d'une main.

"Cette femme, c'est la bourreau de la Forteresse d'Argent. C'est elle qui exécute les sanctions données aux prisonniers."

"C'est donc elle qui a…," chuchota Armand en repensant au bras du prisonnier, caché au fond de sa cellule, pétrifié par la scène. 

Armand perdit la raison et enveloppa ses poings d'une lueur rougeâtre avant de s'élancer vers elle sans réfléchir.

"Attends, non, Armand ! Cette femme, elle est... !" cria Bojan, mais c'était déjà trop tard.

Elle s'arrêta en le voyant charger, prêt à asséner le même coup qui avait mis à terre le garde un peu plus tôt.

"Petit impertinent," chuchota Octavia, sans bouger d'un centimètre. Armand, arrivé à sa hauteur, lança son coup de poing chargé de magie. Elle leva une main au dernier moment et arrêta le coup comme si de rien n'était. La magie d'Armand se dissipa instantanément au contact d'Octavia, l'énergie rougeâtre s'évanouissant comme de la fumée. Armand resta figé, la surprise et l'incompréhension se lisant sur son visage.

"Comment... ?" marmonna Armand, ne comprenant pas ce qui venait de se passer, comme si sa magie avait totalement disparu au moment du contact. Octavia serra son poing dans sa main pour le tenir fermement, puis leva son talon et le frappa au ventre, le faisant reculer violemment. Bojan se précipita vers Armand et l'aida à se relever rapidement en vérifiant s'il allait bien.

"Armand, cette femme, elle est atteinte d'une maladie rare, une maladie qui rend la personne totalement imperméable à la magie, la rendant insensible à n'importe quelle attaque magique," expliqua Bojan.

"Pardon ? Une telle chose existe ?"

"Oui, mais comme je te l'ai dit, c'est très rare. Cependant, par extension, la personne ne peut pas ressentir la magie non plus, à moins d'avoir un catalyseur pour le faire à sa place, comme cette hache qu'elle possède."

"C'est bon, tu as fini ton petit cours sur mon apathomagie ?" dit Octavia, impatiente, en s'avançant vers eux.

"Il faut se débarrasser de cette hache, donc..."

Armand était prêt à se battre à nouveau, mais Bojan le bloqua en se mettant devant lui pour l'arrêter. "Laisse-moi m'occuper d'elle. Fonce chercher Carolina. Nous ne pouvons pas perdre plus de temps, la situation va s'aggraver."

"Mais Bojan..."

"Écoute ce que je te dis et fonce !" lui cria Bojan. Armand s'inquiétait pour lui, mais il ne pouvait rien faire contre sa volonté et obéit en lui tournant le dos, face à la grille. "Tu as intérêt à gérer," lui chuchota-t-il.

Bojan sourit, faisant face à Octavia alors qu'Armand s'enfonçait plus profondément après avoir franchi la grille déformée. Octavia sourit en voyant ce spectacle qu'elle jugeait ridicule. Elle posa le manche de sa hache sur son épaule, attendant que son adversaire se décide.

"Voyons voir ce que cette grosse brute déchargée vaut, après tout ces regards noirs durant toutes ces années, tu dois être heureux d'enfin pouvoir te battre contre moi, non ?" demanda Octavia d'un ton moqueur. 

"Dommage que je ne puisse pas te griller la cervelle avec ma foudre, mais sache que je n'attendais que ça, Octavia," lui répondit Bojan, déterminé tout en frappant ses poings l'un contre l'autre, créant des étincelles lors du choc. 

Fin du chapitre 15.


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