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26.66% La Grande Fracture / Chapter 19: Chapitre 8 - Partie 1 :

Bab 19: Chapitre 8 - Partie 1 :

Les jours suivant, Asgorath continua de reprendre des forces et de régénérer son énergie spirituelle et sa force mentale. Tout en faisant cela, il suivit les leçons de Jenny. Lorsqu'il vit pour la première les lettres utilisées par les humains de ce monde, il fut instantanément soulagé. Les lettres ressemblaient beaucoup aux lettres de l'alphabet latin, utilisé par les nations occidentales de l'ancien monde d'Asgorath, et ne ressemblaient pas aux idéogrammes asiatiques ou aux alphabets de type cunéiforme, ce qui l'aiderait énormément. Il y avait toutefois plusieurs différences, la première étant que l'alphabet comptait un total de trente et une lettres, la seconde leurs formes différentes.

Cela ne stoppa pas le réincarné, et il s'engagea à fond dans ses cours. Il apprit les différentes lettres assez rapidement et, bien que rouillé depuis presque vingt ans, réussi à les écrire assez aisément, une fois que sa main se soit souvenue de comment on utilisait un crayon. Connaissant déjà la langue, le démon devait désormais mettre à l'écrit les mots qu'il utilisait. La tâche fut laborieuse au départ, lente et difficile, mais ayant déjà appris des langues dans le passé, le Kzhan'La la compléta en quelques jours. En moins d'une semaine, il apprit à lire et à écrire cette nouvelle langue aussi bien qu'il la parlait.

Jenny fut surprise. Elle n'était pas enseignante, ses méthodes d'apprentissage étaient maladroites au mieux, mais son élève improvisé apprit à une vitesse folle. Il ne faisait jamais deux fois la même erreur et comprenait tout très vite. A la fin des quelques jours de leçons, le seul problème du démon était son vocabulaire limité dû à sa enfance, mais il lisait et écrivait parfaitement bien.

Trop bien pour que la jeune noble comprenne pourquoi. De plus, lorsqu'il découvrait un nouveau mot, il comprenait généralement ce qu'il signifiait grâce à la phrase, à sa tournure et à sa signification. Elle ne pouvait savoir que l'individu en face d'elle était la réincarnation d'un être humain venant d'un autre monde, et surtout qu'il avait conservé tous ses souvenirs. Apprendre une langue n'était jamais facile mais, plus on en connaissait, plus apprendre devenait simple.

Une autre raison de la folle vitesse d'apprentissage d'Asgorath était le langage en lui-même. La langue de ce monde, le Terlan, ressemblait aux langues de l'ancien monde du démon. Cela semblait presque un mélange de plusieurs langues. Comme en anglais, les verbes se conjuguaient très simplement, et tous de la même manière. Il existait aussi trois types de pronoms et de déterminants : le neutre, le féminin et le masculin.

Le neutre correspondait très logiquement aux objets car, n'ayant aucun sexe, utiliser un déterminant féminin pour parler d'une table ou masculin pour parler d'un crayon semblaient plus illogiques. Les déterminants masculins et féminins concernaient eux les mots en rapport avec les humains, les animaux et les différentes créatures étranges de ce monde disposant d'un sexe, comme chien et chienne, gentil, belle et bien d'autres.

Ce point ressemblait beaucoup à l'allemand, tandis que la quantité d'adjectifs qualificatifs et le style de construction des phrases se rapprochaient plus du français. La quantité de points communs était supérieur, mais ces points-là faisaient partie des plus importants, et de ceux qui avaient grandement simplifiés l'apprentissage.

Tout en faisant cela, le petit groupe continua d'aider l'église et le prêtre Henry le reste de leur séjour, sans oublier de s'informer de ce qu'il se passait à l'Académie des Neufs Voies. Au final, ils étaient arrivés trop tard pour s'inscrire comme nouveaux étudiants dans les formes, mais heureusement pour eux, Jenny et Samuel possédaient une lettre d'introduction pour le directeur de l'établissement de la part de leur père.

Il y aurait sûrement des discussions mais, au final, les deux seraient acceptés sans trop de difficulté. Lui, par contre, c'était un autre problème, mais Asgorath ne s'inquiétait pas. S'il montrait qu'il maîtrisait déjà la magie, en partie du moins, le directeur autoriserait probablement son admission, histoire de ne pas laisser un potentiel talent lui échapper. Au pire, je pourrais me faire passer pour leur garde-du-corps, pensait le réincarné.

Les trois adolescents restèrent sept jours dans l'église après le réveil du Kzhan'La pour que ce dernier finisse de récupérer entièrement, ainsi que d'apprendre à lire et à écrire. Jenny obtint une réduction de ses tâches pour qu'elle puisse s'occuper de lui, mais Samuel dû continuer à travailler comme avant, l'énervant passablement.

Au matin du huitième jour, Asgorath, Samuel et Jenny étaient prêts à partir, au grand bonheur du jeune noble qui ne supportait plus de travailler comme s'il était un serviteur. Il remercia néanmoins les religieux avec sa sœur et le démon, principalement à cause de la pression qu'elle lui mit. Après les quelques discussions de politesse habituelles avant le départ, les jeunes quittèrent l'église et se dirigèrent vers l'académie. Asgorath observa attentivement les rues et les habitants tout en marchant.

Pavées de pierres, les rues n'étaient pas aussi confortables que celles en goudron de la Terre, mais elles étaient bien réalisées, les rendant assez agréables et propres. Les habitations, elles aussi en pierre, ressemblaient énormément à celles que l'on voyait à la fin du Moyen-Âge en Europe. Encore une fois, le réincarné fut fortement étonné.

Les routes et rues, il pouvait le comprendre : il n'y avait pas trente-six solutions pour faire des routes décentes avec ce niveau de technologie. Mais les habitations et bâtiments pouvaient changer en fonction de la technologie, de la géographie du lieu, des contraintes, des considérations esthétiques de la population et de la culture. Cela déroutait énormément le démon, mais il ne possédait aucun moyen de connaître la raison, et rangea donc l'information dans un coin de sa tête avant de passer à autre chose.

Les habitants semblaient plutôt joyeux alors qu'ils allaient à leurs tâches quotidiennes. Forgerons, cordonniers, tailleurs, ébénistes et maçons s'attelaient à leur travail. Des chasseurs, mercenaires et aventuriers marchaient dans les rues, partant accomplir leurs missions ou en revenaient. Le commerce aussi battait son plein, de ce que voyait le Kzhan'La. La ville était attrayante.

Elle disposait d'une bonne atmosphère : joyeuse et sans peur. Il semblerait qu'il n'y ait réellement pas de guerre avec les démons, songea-t-il. S'il y en avait une, ils ne seraient probablement pas aussi heureux. Même s'ils l'étaient, il y aurait probablement un grand nombre de discussions à ce sujet ; et ce où que la guerre ait lieu. Il y a donc peu de chances que les membres de ma race, ou tout autre démon, me trouvent et me sauvent au cours d'un raid ou quoi que ce soit d'autre. Malgré cette constatation sur ses chances s'amenuisant, Asgorath resta calme et intouché, comme si non seulement cela ne l'inquiétait pas mais qu'en plus il s'en désintéressait totalement.

La possibilité d'être secouru existait, mais elle n'avait jamais été grande. De plus, il n'en avait jamais rien espéré. La seule personne sur qui un individu puisse compter était soi-même, et la seule chose importante était la force personnelle, sous quelque forme qu'elle soit.

Traversant la ville, le groupe se rapprocha de l'Académie sans que le démon ne le remarque, tout absorbé qu'il était à étudier la population et les bâtiments. La ville, circulaire, portait en son centre l'Académie des Neuf Voies, l'une des nombreuses écoles créées par la famille impériale dans le but de découvrir de jeunes talents parmi les roturiers et les familles nobles sur le déclin qui ne pouvaient pas intégrer des écoles d'entraînements, des sectes, des halles et de diverses autres groupes recrutant et formant des combattants et des arcanistes, et dont les plus puissantes coutaient chères. L'Académie était très grande, avec de nombreux bâtiments et terrains d'entraînements, ainsi que des arènes utilisées dans de grandes compétitions.

Au nord de l'école se trouvait le district central, celui où se trouvait le maître de la ville et tous les établissements de gestion et de contrôle de la ville : baraquements des gardes et des soldats, habitations des nobles et des dirigeants politiques. Sans les gardes et les soldats, il s'agirait du plus petit quartier de la ville.

L'entourant, les quartiers au nord-est et nord-ouest étaient pour les riches marchands, les voyageurs fortunés, les nobles de passage : les riches en général. Les quartiers de l'est et de l'ouest étaient des districts commerciaux et servaient de plateformes pour l'exportation et l'importation.

C'était là que les marchands des autres cités de l'Empire, et même du continent, venaient pour vendre leurs articles et acheter ceux de Bordall. La partie sud de la ville comprenait les groupes de mercenaires et d'aventuriers ainsi que les artisans. On y retrouvait aussi l'église du prêtre Henry et des marchands souhaitant acheter ou vendre des ressources particulières aux aventuriers ou engager des mercenaires.

Les mercenaires avaient longtemps été très demandés pour protéger les marchands, participer aux guerres entres les pays et les villes mais, lentement, les guerres avaient été arrêtées de forces quelques siècles auparavant. A cause de cela, la majorité des offres d'emplois pour mercenaires disparaissaient. Ils ne leur restaient plus que les demandes de protection de la part de marchands ou de nobles.

Les aventuriers, eux, recevaient un grand nombre de demandes : tuer certaines bêtes magiques pour récupérer des parties, aller chercher des herbes ou des minerais particuliers, explorer une zone, protéger un marchand. Au final, ils avaient volé la place des mercenaires, poussant ces derniers à se reconvertir, soit en tant qu'aventuriers, soit en tant que bandits ou soldats.

Tout cela était naturel, du bon sens, pour les habitants du continent, mais pas pour Asgorath. Allant vers le quartier central, le quartier de l'Académie des Neufs Voies, il vit beaucoup de mercenaires dans les bars et d'aventuriers dans des magasins, essayant d'acheter de l'équipement.

Des marchands se trouvaient aussi dans les rues, discutant avec des aventuriers, probablement pour savoir le résultat de leurs quêtes ou essayer d'acheter des ressources inhabituelles ou rares. Le faux humain s'intéressait énormément à ce qu'il voyait, glanant un maximum d'informations sur ce monde qui lui était inconnu.

Marchant sans jamais regarder devant soi, il suivait Jenny et Samuel comme une ombre, ne les lâchant pas. Avançant tranquillement, le démon put apprécier l'atmosphère de la ville pendant une bonne heure, durée du trajet jusqu'à l'école sans qu'ils ne se pressent.

Ils arrivèrent finalement au centre de la cité. Un grand mur séparait l'Académie des Neufs Voies du reste de Bordall, et aux yeux d'Asgorath, et surtout à son énergie spirituelle, la réalité concernant le mur était aisément visible. D'ailleurs, elle n'était pas censée être cachée. Le mur de 3 mètres de haut et plutôt épais cachait une énorme masse d'énergie spirituelle. Celle-ci se déplaçait tranquillement dans le mur, faisant le tour de l'académie.

Cette masse n'était cependant pas là pour rien, et si Asgorath n'avait absolument aucune idée du rôle de cette incroyable quantité d'énergie spirituelle, qui était plusieurs milliers de fois supérieures à celle du démon, au minimum, il se doutait qu'elle n'était pas là pour rien. L'énergie spirituelle est dans ce mur pour activer un piège, réfléchit le réincarné. Ou plutôt un sort à activation différée. Ou quelque chose dans ce genre. Et vu la quantité d'énergie, ce quelque chose me détruirait immédiatement, si je suis chanceux.

Jenny et Samuel continuaient à avancer vers le portail et ses gardes, ne semblant pas remarquer l'énergie spirituelle dans la muraille, à moins que cela ne les impressionne pas. Le Kzhan'La déplaça son regard en direction des gardes. Ils étaient au nombre de cinq. Ils portaient tous une armure de plaque sans heaume, quatre de couleur grise tandis que la dernière était bleue. Ceux en armure grise semblaient aussi puissantes que le chef des assassins qu'il avait tué auparavant alors que le dernier donnait une impression bien plus forte au démon, comme une montagne insurmontable. Pour le moment, tout du moins.

Voyant les trois jeunes gens s'approcher, deux gardes allèrent à leur rencontre pendant que les trois autres restaient au niveau du portail, mais en gardant un œil sur eux, vigilant.

« Bonjour, dit une voix féminine provenant de l'un des deux gardes. Les sélections pour entrer dans l'Académie des Neufs Voies sont terminées depuis quelques jours. Si vous voulez l'intégrer, vous devrez attendre cinq mois.

-Bonjour, répondit Jenny doucement. Je m'appelle Jenny Xiao et … …

-On se fiche de vos noms, coupa le second garde s'une voix grave. Les sélections et inscriptions sont terminés alors revenez la prochaine fois.

-Nous savons que nous sommes arrivés trop tard, mais nous avons eu de graves problèmes sur la route, et nous avons dû attendre que notre ami soit soigné.

-Et je viens de te dire que vos excuses ne nous intéressaient pas. Maintenant, dégagez !

-Du calme, Gérard. Ce ne sont que des enfants, dit la femme.

-Et alors ? Qu'est-ce que ça peut me faire que ce soit des gosses ? S'ils ne dégagent pas par eux-mêmes, je leur montrerai comment.

-Excusez-moi, déclara Jenny d'une petite voix, mais j'ai une lettre de la directrice de l'école. Mon frère et moi sommes déjà inscrits comme élèves sur les registres, même si nous sommes arrivés en retard pour le jour de rentrée.

-Ha ha ha ! Parce que tu crois que quiconque peut avoir une lettre de la directrice ? Pourquoi toi tu en aurais une, ricana le dénommé Gérard en se moquant. Qu'est-ce qui me prouve que c'est vrai ?

-Je peux vous la montrer si vous le souhaitez ? proposa la jeune fille en sortant ladite lettre.

-Tu as écrit toi-même cette lettre et tu penses que tu arriveras à la faire passer pour celle de la directrice ? Tu es courageuse, gamine, mais terriblement stupide !

-Attends Gérard, coupa une voix provenant du garde en armure bleue. Donne-moi cette lettre, déclara-t-il à Jenny en se tournant vers elle, je vais l'amener à mon supérieur. Il décidera si elle est vraie ou fausse. Si elle est vraie, toi et ton frère pourrez intégrer l'académie. Dans le cas contraire, soit prête à être durement punie.

-Enfin chef, il n'y a aucune chance que cette lettre soit vraie. Ce ne sont que de pauvres gamins qui …

-Tais-toi Gérard ! C'est notre rôle de porter des lettres de ce genre à nos supérieurs lors de telles situations. Que la lettre soit vraie ou fausse, ce n'est pas à nous de décider. » Le chef du groupe de gardes se tut un instant et reprit : « Que feras-tu si tu énerves quelqu'un qui a reçu une permission spéciale de la directrice avec ton attitude ? En général, ce genre d'individus a des parents ou des amis puissants. Ou alors ils sont très talentueux, et obtiendront de puissants protecteurs, tu comprends ?

-De quoi tu parles ?

-Il y a quelques années, un garde dans une autre académie a pris de haut un étudiant et l'a humilié. Le truc, tu vois, c'est que cet étudiant faisait partie d'une puissante famille. Et il n'a eu aucun problème de se débarrasser d'un simple garde. On n'a jamais retrouvé son corps. C'est plus clair comme ça ?

-Ou … oui chef, assura Gérard d'une faible voix.

-Bien, déclara-t-il avant de partir en ouvrant et fermant le portail. »

Le départ du chef laissa un silence suite à sa condamnation de l'attitude de Gérard. Ce dernier avait une expression qui était tantôt pâle, tantôt rouge, passant d'un sentiment de honte à celui de la colère. Les trois autres gardes ricanaient doucement sous cape, faisant semblant de rien lorsque Gérard les foudroyait du regard. Mais ceux contre qui il était le plus énervé était les jeunes qui l'avaient poussé dans cette position. Il aurait apprécié les tabasser, mais ses collègues ne l'auraient pas laissé faire. Il ne pouvait que fulminer en silence, isoler des autres gardes.

Un sourire narquois apparut sur les lèvres d'Asgorath en voyant cela. L'homme appelé Gérard lui inspirait du mépris. Utilisé sa position pour maltraiter de jeunes adolescents était pitoyable. Cela n'empêchait pas que le démon aurait pu cacher ce sourire, rester indifférent comme lors des discussions, mais il n'avait pas vraiment le choix. Son nom n'était pas inscrit sur la lettre, et il était donc possible qu'il ne soit pas autorisé à entrer.

Dans ce cas-là, Gérard le garde le massacrerait le soir même en dissimulant ses traces. Par contre, si le démon l'énervait suffisamment, il pourrait le pousser à l'attaquer devant les autres gardes et, après qu'il l'ait vaincu, il serait probablement invité à rejoindre l'académie. Et s'il était accepté avec Jenny et Samuel sans problème, quelle importance s'il ait énervé l'un des gardes ?

Bien entendu, le garde remarqua ce sourire et s'énerva, mais il réussit néanmoins à se retenir de l'attaquer. Il ne pouvait rien faire sans qu'il ne lui donne aucune raison d'agir, surtout pas après s'être fait rabrouer par son supérieur. Il attendrait, et dès que la lettre serait refusée, il rouerait de coups l'adolescent. Il anticipait déjà le plaisir qu'il aurait à se défouler sur lui. Et la jeune fille. Et l'autre gars.

Les sept personnes attendirent une dizaine de minutes dans un semblant de silence en restant dans leurs groupes. Jenny, Samuel et Asgorath restaient ensembles, discutant doucement. Les gardes formaient deux groupes : Gérard d'un côté et les trois autres de l'autre. Ces derniers discutaient à voix basse, se moquant de temps en temps de leur collègue. Finalement, le chef des gardes revint et se posa devant Jenny, la saluant.

« Jeune Dame et Héritier du clan Xiao, je me nomme Alfred Dulot, un capitaine des gardes de l'académie. Vous et votre frère, l'Héritier du clan Xiao, êtes bels et biens des membres de l'Académie des Neufs Voies. Vous avez donc naturellement le droit d'entrer. Je vais vous escorter sur le lieu du test. C'est là où seront observés vos talents naturels et où les doyens de l'académie décideront de vos classes.

-Attendez, s'il-vous-plaît, s'exclama Jenny. Est-ce que mon ami pourrait entrer avec nous. Il est extrêmement talentueux.

-Je suis désolé mais je n'ai reçu l'autorisation de ne faire entrer que vous et votre frère, ma Dame, répondit Alfred d'un air troublé.

-Je vous en prie, laissez le entrer l'académie. Il nous a sauvés la vie à mon frère et à moi. Et pas qu'une seule fois, d'ailleurs, mais trois.

-Même si je souhaitais vous aider, je n'ai pas l'autorité de le faire entrer et de lui faire passer le test.

-Pourriez-vous aller demander ? demanda la jeune fille doucement en faisant des yeux de chiot. »

Le capitaine des gardes Alfred la regarda, légèrement perdu. Il ne s'était pas attendu à ça, et il ne s'avait pas comment réagir et quoi faire. « Très bien, je vais aller demander. Mais n'espérez pas trop, tout de même, » souffla-t-il dans un soupir en se grattant la tête. L'instant suivant, il fit demi-tour et reparti dans l'académie.

Jenny se retourna vers Asgorath. Ce dernier l'observait attentivement, embarrassant légèrement la jeune fille. Quelques instants après que leurs yeux ne se soient croisés, le démon la remercia d'un signe de la tête. En réponse, elle secoua la tête pour indiquer que ce n'était rien.

Encore une fois, ils attendirent quelques minutes que le capitaine des gardes ne revienne. Samuel regarda sa sœur avec des yeux vides de tout sentiment. Bien qu'il ne le souhaite pas, il savait que sa sœur demanderait une telle chose. D'abord parce qu'elle croyait qu'il fallait toujours rembourser sa dette, ensuite parce qu'elle appréciait Asgorath, l'horrible engeance démoniaque.

Le jeune homme soupira intérieurement, résigné. Il ne pouvait rien faire pour stopper sa sœur, et ne ferait donc rien. Dans le même temps, Gérard, la tête baissée, souriait, les yeux brillant d'anticipation. Dès que le plus vieux des adolescents serait refusé, il saisirait la première opportunité pour le massacrer devant les deux autres. Il ricanait intérieurement en anticipation.

Cette fois-ci, Alfred revint en quelques minutes avec une mine étrange, à la fois embarrassé et heureux, avec un soupçon de doute.

« Ma Dame, votre ami a reçu l'autorisation de passer des tests, déclara sans préambule le capitaine. S'il les réussit, il sera accepté dans l'Académie. Dans le cas contraire, il sera interdit à vie d'intégrer l'Académie des Neuf Voies et, quoi que vous fassiez, rien ne pourra changer. Ce sont les mots de la directrice. Si vous ne souhaitez pas continuer, votre ami pourra tenter d'intégrer l'école à la prochaine sélection.

-Est-ce que cela te va, Asgorath ? interrogea Jenny

-C'est parfait. Merci pour ton aide, Jenny. Et merci à vous, monsieur, d'avoir pris la peine de demander à votre supérieur si c'était possible.

-De rien, de rien, répondit le capitaine d'un petit rire. Ce n'est pas comme si j'aurais pu faire autrement, de toute façon, rajouta-t-il dans un murmure inaudible des autres. »

Gérard et les autres gardes étaient stupéfiés. C'était la première fois qu'ils entendaient parler d'une telle exception. D'habitude, l'Académie des Neuf Voies faisait respecter les règles de manière draconienne, alors pourquoi laissait-elle entrer un adolescent en brisant les règles ? Aucun ne comprenait ce que cela signifiait.

Mais cela les effrayait quant au statut de l'adolescente et de son frère. Gérard en particulier était pâle de frayeur, même s'il n'oubliait pas sa rancœur et sa colère. Il doutait qu'Asgorath puisse réussir l'épreuve et intégrer l'école mais s'il y arrivait, il risquait d'avoir de gros problèmes, et cela l'effrayait quelque peu.

Ne faisant pas attention au visage décomposé de Gérard et à ceux surpris des autres gardes, le capitaine des gardes passa le portail avec le groupe d'adolescents sur ses talons. De l'autre côté de la grille se trouvait de multiples bâtiments ainsi que quelques lacs et forêts. Certains des bâtiments étaient remplis de salles de cours tandis que d'autres étaient des arènes et des gymnases où les élèves entrainaient leurs physiques.

Au centre, il y avait une gigantesque bibliothèque divisée en deux parties. La première partie, le bâtiment intérieur n'était pas vraiment visible. On ne pouvait que deviner sa forme. Le démon supposa que c'était provoqué par des sortilèges de protection ou de dissimulation. On pouvait néanmoins voir qu'elle se situait sur une hauteur, une sorte colline, et que le bâtiment en lui-même était gigantesque. La deuxième partie se situait en bas de la colline. De la forme d'un cercle, elle emprisonnait la première partie de la bibliothèque.


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