Chapitre 27: Une Excuse
En dansant, les pensées d'Eltanin se tournaient vers sa Fae et comment elle avait l'air dans la robe blanche cette nuit-là et il se demandait comment elle se serait sentie en dansant dans ses bras. Sa main aurait couvert son dos et peut-être qu'il l'aurait soulevée sur ses pieds pour la faire danser. La pensée était si brute, si puissante, que son sang affluait vers son entrejambe et une fine couche de sueur se formait sur son front. Il serra les dents. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ?
La musique s'arrêta et la prochaine chose qu'il sut, c'est que Morava s'était pressée contre lui. Elle frottait son ventre sur son érection, lui lançant un regard complice.
Eltanin s'éloigna d'elle rapidement, sinon elle se ferait une mauvaise idée. Mais il réalisa qu'il était trop tard car il vit de l'excitation dans ses yeux. Il s'inclina devant elle et s'excusa. Il ouvrit un lien mental avec Fafnir pour prendre soin de la princesse. La prochaine ballade commença, cette fois avec un chanteur accompagnant la musique.
Morava se précipita après le roi entre les couples dansants, mais avant qu'elle puisse l'atteindre, Fafnir l'arrêta. « Princesse », il s'inclina devant elle. « Puis-je avoir cette danse avec vous ? » demanda-t-il poliment avec un sourire charmant.
Surprise, Morava recula la tête. L'homme devant elle était robuste, tout comme Mizvah. Sa culotte devint humide immédiatement. Elle lui tendit la main, le menton haut, ses pensées se dispersèrent et ses genoux devinrent tremblants.
Eltanin atteignit le bar où les serviteurs s'affairaient à lui offrir les meilleurs vins. Il prit une timbale de l'un d'eux et avala une grande gorgée. Le vin brûlait tout au long de sa gorge et il ferma les yeux.
« Ne me dis pas que tu savoures le vin », dit la voix de Rigel alors qu'il ricanait. Rigel baissa la voix et dit, « Tu ne devrais pas l'épouser. Tu n'es manifestement pas intéressé par elle. Mais je suis impressionné par le choix de ton père. Elle est belle et clairement taillée sur mesure pour une telle position. Elle est en âge de se marier et son père recevra de nombreuses propositions pour elle. En même temps, je ne dirais pas non plus que tu devrais décliner sa proposition. »
« Comment pourrais-je m'intéresser à elle ? » répondit Eltanin, en engloutissant le reste du vin. Il prit une autre flûte. « C'est la première fois que je la rencontre. De plus, je l'épouserais pour le royaume, et non pour moi-même. »
« C'est pitoyable mec ! » renifla Rigel. « Je ne me marierais jamais pour mon royaume », dit-il en se redressant. « Je ne me marierai que par amour ou si je trouve ma compagne. »
Un rire rauque sortit de sa gorge. « Compagne ? Amour ? » Il fit un geste de la main à cela. « Regarde autour de toi Rigel. » Il observa une fois de plus le faste et l'apparat. « Les seuls autour de nous sont des gens qui cherchent à profiter de nos positions. »
Rigel leva les yeux au ciel. Il prit un whisky auprès d'un serviteur qui passait. Il fit signe à Eltanin de marcher vers les hauts sièges à l'arrière de la salle. Alors que les deux s'installaient sur ceux-ci, Rigel se pencha vers lui et dit, « Qui sont les deux filles avec elle ? » Il observa les deux qui se tenaient avec Morava plus tôt dans la soirée et qui regardaient Eltanin avec intérêt.
Eltanin tourna paresseusement son regard vers la gauche. « Probablement une partie de son entourage. Elles n'ont pas été introduites. » Il s'en fichait même.
Rigel, étant le séducteur qu'il était, leur fit un clin d'œil suggestif et un sourire. Les deux rougirent. « Elles seront en bonne compagnie ce soir », remarqua-t-il.
Eltanin secoua la tête. Ses yeux allaient vers Morava qui parlait à Fafnir tout en dansant, remarquant comment elle s'accrochait fermement à ses épaules.
« Le Haut Prêtre m'a envoyé un message », dit Rigel, interrompant ses pensées.
Eltanin fronça les sourcils. « À propos de quoi ? »
« Il voulait me rencontrer ce soir car il souhaitait partir tôt le matin. Ou si cela était gênant, il aimerait me rencontrer tôt le matin. Il a déclaré qu'il y a du travail urgent qui est survenu au monastère sinon il n'aurait pas hâté son retour. »
« J'ai dit que je ne pourrais pas le rencontrer ce soir ! » grogna Eltanin. « Qu'il aille se faire foutre. » Comment ose-t-on faire pression sur le roi pour rencontrer à leur convenance. Peut-être que le Haut Prêtre cherchait à raccourcir sa propre vie.
« Tu oublies que c'est moi qu'il veut rencontrer et non toi », lui rappela Rigel, bien qu'au fond de lui, il savait que Menkar était plus intéressé à rencontrer Eltanin. Il n'aurait jamais accompagné un scribe de bas étage autrement.
« Alors, que comptes-tu faire ? » demanda Eltanin, la frustration montant avec l'agitation. Il sentait qu'il devrait laisser partir le prêtre et le scribe soudainement, pensant que cela pourrait être une tâche inutile.
« Ma décision dépend de la tienne, Eltanin ! Et d'après ce que je comprends, tu ne veux pas le rencontrer ce soir. »
« C'est exact ! » grogna de nouveau Eltanin.
« Alors j'organiserai pour que nous le rencontrions demain matin avant l'aube. Ça te va ? »
« Tu penses que je serai capable de me lever aussi tôt le matin ? » Eltanin n'aimait pas être soumis à la pression.
Rigel haussa les épaules. « Ce n'est pas comme si je le voulais ici. Le Haut Prêtre et le scribe peuvent aller en enfer pour tout ce que ça me fait. » Il se tut après ça et reporta son attention vers la piste de danse, son agacement apparent devant le comportement d'Eltanin.
Eltanin baissa la tête. « D'accord. Je le rencontrerai le matin. Mais tu devras me tirer du lit ! » Il avait l'intention de se saouler à en perdre le sens ce soir. Assez saoul pour pouvoir dormir. Il n'avait pas dormi depuis un moment.
Le coin de ses lèvres se releva. « Je le ferai. »
Malgré la demande de son père de rester et d'assister au dîner, Eltanin partit. Il était le roi et il n'avait pas l'intention de créer une excuse pour lui-même mais il essaya quand même d'en confectionner une. « J'ai une terrible migraine. » Il se dirigea vers sa chambre à coucher.
Il ôta tous ses vêtements, à l'exception de ses braies et se dirigea vers le bar. Il sortit une bouteille de vin rouge et se dirigea vers le balcon qui surplombait une fontaine dans les jardins ci-dessous. Il aperçut quelques gardes qui étaient postés sous sa fenêtre. Des vignes tombaient des murs, chargées de roses qui fleurissent la nuit. Un canapé accompagné de trois fauteuils et une table se trouvait au milieu du balcon sur un tapis doux. Des vases de différentes tailles décoraient les côtés. Deux torches brûlaient sur les murs latéraux tandis que quelques-unes étaient alignées sur la rambarde. Il inspira l'air frais et le même parfum citrus lui frappa de nouveau les narines.
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