Chapitre 12: Lutte pour la terre
"Eh, Mei Mei, tu es de retour ?" s'écria la première belle-fille de Qiao Zhuang.
La manière dont elle appelait 'Mei Mei' avait un ton différent, comme si elle se moquait d'elle.
Qiao Mei ne prit même pas la peine de les regarder. Elle traversa la porte, dépassa la cour et se prépara à entrer dans la pièce. C'est ainsi que la véritable propriétaire du corps traitait Qiao Zhuang et sa famille, comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid.
"Eh, qu'est-ce qui sent si mauvais ?" La deuxième belle-fille de Qiao se pinça le nez et s'exclama.
La première belle-fille de Qiao le sentit aussi. Elle sortit un mouchoir de sa poche et se couvrit le nez, puis elle regarda Qiao Mei avec mépris. "Tu es déjà grande et tu t'es encore sali comme une gamine de trois ans? Pourquoi tu pues autant ?"
En réalité, Qiao Mei sentait aussi l'odeur provenant de son corps. Chaque fois qu'elle utilisait le pendentif de jade pour absorber l'énergie d'une plante, son corps semblait se purifier et des saletés et du sébum remontaient à la surface.
Après tout un après-midi, son corps entier puait déjà.
L'odeur était vraiment atroce. Sinon, elle ne se serait pas pressée de rentrer à la maison.
Qiao Mei continua de les ignorer. Après être entrée dans la maison, elle se mit à faire chauffer de l'eau pour prendre un bain.
Cependant, la première belle-fille de Qiao Zhuang refusait d'abandonner. Elle se tint à la porte et rouspéta, "Mei Mei, t'es assez grande pourtant et tu te salis encore comme une gamine. Si les gens de l'extérieur l'apprennent, j'imagine même pas comment ils vont se moquer de toi. C'est tellement embarrassant."
Après avoir fini de parler, elle semblait trouver cela tellement drôle qu'elle resta à la porte à rire sans s'arrêter. Elle prévoyait d'aller plus tard dans le village pour raconter cette histoire aux autres.
La petite-fille de Qiao Qiang était presque âgée de 18 ans mais elle se souillait encore.
"Hahahahahaha!"
La deuxième belle-fille de Qiao, qui n'était pas très futée, se tenait aussi à côté avec un sourire niais.
Qiao Qiang entendit le rire à l'extérieur et son visage s'assombrit. Il sortit et les regarda sévèrement tandis que Qiao Mei continuait à chauffer l'eau dans la cuisine comme si de rien n'était.
La première belle-fille de Qiao rit quelques fois mais s'arrêta lorsqu'elle sentit le regard terrifiant de Qiao Qiang. Seule la deuxième belle-fille se tenait à côté et continuait de ricaner sans arrêt.
"Que faites-vous chez moi ?" demanda Qiao Qiang d'un air mécontent.
Aussitôt, la deuxième belle-fille pas très futée semblait sentir que l'atmosphère n'était pas tout à fait normale et arrêta de rire.
"Oncle Aîné." La première belle-fille sourit gênée. "Ce n'est pas déjà le début du printemps ? Votre champ est encore tout vide. C'est vraiment trop dommage alors nous sommes venues pour aider à aérer la terre."
"C'est quelque chose que vous feriez ? Comment pourriez-vous être si gentilles ?" se moqua Qiao Qiang.
L'expression de la première belle-fille s'embarrassa, mais puis elle pensa que puisque le vieil homme était sur le point de mourir, ce n'était pas grave de se faire réprimander par lui. L'important, c'était de s'accaparer son terrain une fois qu'il serait parti.
Ce morceau de terre était situé dans une région montagneuse. Il n'était pas facile de développer une parcelle de terre dans une telle zone alors ce serait formidable d'en obtenir une prête à l'emploi.
"Vous devriez vous entendre. Si vous ne me croyez pas, allez demander autour de vous. Qui ne me loue pas dans tout ce village ?"
"Hehe, qui dans le village oserait parler de vous ? Si quelqu'un ose dire que la Famille Qiao Zhuang n'est pas bonne, sa maison sera brûlée et confisquée !" dit Qiao Qiang.
Lorsque la première belle-fille entendit cela, elle ne se sentit pas honteuse mais fière à la place. Elle afficha un air suffisant sur son visage. Leur famille avait beaucoup de fils et ils prospéraient. Il n'y avait rien que les autres pouvaient faire même s'ils étaient envieux !
"Arrêtez de parler, allez au champ !" La première belle-fille ignora Qiao Qiang et se tourna pour traîner la deuxième belle-fille au travail.
Tout le monde savait que Qiao Qiang avait des problèmes d'estomac. Même les médecins de la ville disaient qu'il ne pourrait pas vivre longtemps. S'ils aéraient la terre, enlevaient les mauvaises herbes et semaient les graines, le champ finirait par leur appartenir, n'est-ce pas ?
Qiao Qiang se tenait à la porte et tapotait sa canne dans sa main, se sentant misérable.
Ces gens le maltraitent parce qu'il est malade. Avant, ils n'auraient pas osé lui parler ainsi. Maintenant qu'il est sur le point de mourir, il ne peut plus les soumettre.
Ils osent déjà agir ainsi alors qu'il est encore en vie. Une fois qu'il sera parti, alors Qiao Mei…
Qiao Qiang regarda Qiao Mei avec pitié, ne supportant pas de devoir se séparer d'elle.
Qiao Mei observa la scène devant elle et se souvint de ce qui s'était passé auparavant. Maintenant, elle pouvait voir la raison pour laquelle les deux étaient si désireux d'apporter leur aide. Ou plutôt, ce n'était pas leur intention mais celle de Qiao Zhuang.
Bah !
Quelle impudence.
"Grand-père, aide-moi à surveiller le feu dans le poêle. Je vais sortir m'occuper d'eux maintenant !"
Sans un mot de plus, Qiao Mei ramassa un bâton de bois et sortit.
Qiao Qiang hocha la tête et rentra dans la maison pour surveiller le feu.
Il ne s'inquiétait pas que sa petite-fille soit désavantagée. Cette petite-fille avait toujours été forte depuis son jeune âge et avait une personnalité résolue. Elle ne s'était jamais laissée mettre en position désavantageuse lorsqu'elle se battait contre les autres.
Qiao Qiang ricana froidement. Ces deux personnes étaient si impatientes de prendre possession de son terrain qu'elles avaient oublié quel genre de personne sa Mei Mei était.
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