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68% La fureur d'Aniaba / Chapter 34: Chapitre 34

Chapitre 34: Chapitre 34

Le refuge était un lieu d'énergie mystique intense, une aura que seuls les élus pouvaient percevoir. Marie-Louise le sentait dans chaque fibre de son être, bien qu'elle fût incapable de l'expliquer pleinement. Cette sensation transcendait les mots, comme si elle était connectée à quelque chose de plus grand qu'elle-même. Mais ce qui la frappa davantage était l'impression d'un chaos organisé qui animait ce lieu, une harmonie cachée dans l'apparente confusion.

Abritant près de deux cents âmes, le refuge s'étendait dans une clairière naturelle entourée de forêts denses et presque impénétrables, à la fois barrière protectrice et sanctuaire. Les marrons récents, encore affaiblis et terrifiés par leurs épreuves, se mélangeaient aux anciens marrons, aguerris par des années de survie dans les montagnes. Cette cohabitation entre l'expérience et l'innocence donnait naissance à une dynamique vibrante et organique.

Chaque coin du camp fourmillait d'activité : des hommes construisaient des abris rudimentaires, abattaient des arbres pour ,aire de la place pour quelques cultures, martelant et assemblant avec une énergie soutenue malgré leur fatigue. Non loin, des femmes s'affairaient à préparer des repas frugaux à base de racines, de poissons pêchés dans la rivière non loin, de fruits et des quelques provisions trouvées ou volées lors de leurs évasions. Les enfants, insouciants dans leur résilience, jouaient à des jeux simples, se cachant parmi les arbres ou inventant des épreuves d'agilité sous la vigilance attentive des plus âgés. Leurs rires cristallins contrastaient avec les murmures graves des adultes qui discutaient des stratégies à venir ou de leurs blessures passées.

Pourtant, dans cette apparente normalité, tout était imprégné d'une tension sous-jacente. Chaque individu semblait porteur d'une mission, d'une volonté farouche de prouver qu'ils étaient plus que des fugitifs. Ils étaient des survivants. Certains confectionnaient des armes improvisées : des lances taillées dans du bois dur, des arcs rudimentaires dont les cordes provenaient de fibres naturelles. D'autres perfectionnaient des systèmes d'alerte à base de cloches artisanales et de cordes tendues.

Marie-Louise, tenant toujours fermement son grigri avançait perdu dans cette cacophonie d'énergie disparate, attirant l'attention de la mambo. Cette dernière, une femme âgée aux yeux perçants et à la présence imposante, observait la jeune femme avec un mélange d'intrigue et de respect, comme si depuis longtemps elle voyant l'une des sienne.

Elle se dirigea vers marie louise lui coupant tout simplement la route

— Ce grigri… murmura la mambo en tendant une main osseuse vers l'amulette. Il contient une puissance ancienne. D'où le tiens-tu, ma fille ?

Marie-Louise baissa les yeux, hésitant à répondre. Ses doigts se refermèrent sur l'amulette comme si elle craignait qu'on la lui prenne.

— C'était à ma mère, finit-elle par dire. Elle me l'a laissé avant de… avant de partir.

La mambo inclina la tête, ses yeux brillants d'une compréhension silencieuse.

— Il serait sage que nous parlions. Ce grigri porte une histoire, et peut-être une mission.

Marie-Louise acquiesça doucement, se promettant de revenir voir la mambo une fois qu'elle se sentirait prête.

Pendant ce temps, Victor était submergé par les demandes. Dans un coin du refuge, il avait installé une sorte de clinique improvisée. Les marrons blessés par des balles, les éclats de pièges ou simplement affaiblis par les privations se pressaient autour de lui. Son visage était grave mais concentré, ses mains sûrement guidées par son expérience et son instinct.

— Prochaine ! dit-il sans lever les yeux, enroulant un bandage autour du bras d'un homme qui avait été gravement lacéré par des chiens.

— Merci, murmura le blessé avant de se lever, cédant sa place à une femme portant un enfant fébrile.

Examinant rapidement l'enfant, Victor attrapa une fiole de son sac. C'était une décoction soigneusement préparée à partir de feuilles et d'écorce d'un arbre bien spécifique de la forêt, reconnu pour ses propriétés antipyrétiques et curatives. Son parfum était étrangement apaisant, mélange de sève fraîche et de terre humide. Victor ouvrit la fiole avec précision, observant l'enfant avec une attention médicale qui contrastait avec le chaos autour de lui.

— De la fièvre, mais il survivra, dit-il en versant quelques gouttes d'un mélange dans la bouche de l'enfant. Donnez-lui ça toutes les six heures. Beaucoup d'eau aussi.

Au centre du campement, Aniaba, de son côté, était conduit à une petite hutte à l'écart. Là, il rencontra un homme d'une quarantaine d'années, à la carrure impressionnante et aux yeux vifs. Ses cheveux étaient tressés et son visage portait les traces d'une vie de combats.

— Aniaba, je présume ? dit l'homme en se levant pour tendre une main ferme.

Aniaba étudia son interlocuteur avant de serrer sa main.

— Et vous êtes ?

— Jean-Baptiste, répondit-il avec un sourire discret. On m'a dit que vous étiez la raison pour laquelle beaucoup de ces gens sont encore en vie.

— Je fais ce que je dois faire, répondit Aniaba, son ton pragmatique masquant une pointe de méfiance. Et vous ? Pourquoi êtes-vous ici ?

Jean-Baptiste se rassit lentement, invitant Aniaba à faire de même. Les deux homme s'observèrent un court instant puis Jean-Baptiste répondit simplement

— Je suis ici parce que, comme vous, je crois que la liberté ne se donne pas, elle se prend. Et si nous devons briser leurs chaînes, il faudra le faire ensemble, tous ensemble.

Aniaba plissa les yeux, évaluant l'homme en face de lui. Jean-Baptiste semblait sincère, mais Aniaba savait que les apparences pouvaient être trompeuses.

— D'accord, dit-il finalement. Mais sachez que je ne fais confiance qu'aux actions, pas aux mots.

Jean-Baptiste hocha la tête avec un sourire entendu.

— Alors laissez-moi vous montrer ce dont je suis capable. je suis sure que vous me trouverez utile

Leurs regards se croisèrent, un accord tacite se formant entre les deux hommes. Le refuge était peut-être une halte, mais il devenait également un point de départ pour une alliance qui pourrait changer le cours de leur combat.


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