Chapitre 34: Piège mortel partie 3
Les monstres arrivaient, de plus en plus nombreux, forçant les soldats à reculer de plus en plus dans l'escalier. De toute façon, il était maintenant clair que plus personne ne viendrait après nous, alors cette position devenait inutile à protéger.
En tout cas, les soldats avaient un plan. Simple, mais plutôt efficace. Ils sortirent tous des potions de leur poche et les jetèrent devant eux. Il s'agissait de potion runique, destinées à déclencher un sort une fois brisée. Dans ce cas, il s'agissait de potion servant à matérialiser de la pierre dans le but de créer un mur. Ils en balancèrent une dizaine afin de boucher le passage. Puisqu'il s'agissait de créature avec peu d'attaque d'impact, elles risquaient de mettre longtemps avant de passer un tel obstacle.
Avec l'aide des soldats, nous arrivâmes rapidement à la surface où nous attendaient d'autre aventuriers et soldats prêts à en découdre. Tom aidait Éric à marcher, le pauvre avait subi plusieurs attaques de scorpion et avait du mal à respirer. De plus, mes potions ne semblaient pas très efficaces pour traiter ce genre d'empoisonnement.
Mais comme il n'avait pas atteint une dose mortelle, il devrait normalement pouvoir récupérer juste avec le temps. Je me contentai donc de le placer dans un endroit avec aucun monstre autour, et pas trop éloigné de l'entrée histoire que l'on puisse intervenir rapidement s'il avait besoin d'aide.
Pour ma part, j'avais aussi l'intention d'aider à la protection de l'entrée, mais je ne pouvais plus vraiment utiliser mes pouvoirs dans mon état… Enfin, je pouvais facilement me soigner, mais j'avais le sentiment que Tom me surveillait. Peut-être se méfiait-il de moi, dure de le dire. En tout cas, la seule chose qui me restait, c'était une épée courte basique. Dure d'être utile dans de telles conditions.
Les bruits remontant les escaliers nous indiquèrent que les monstres faisaient tous ce qu'ils pouvaient pour venir jusqu'à nous le plus rapidement possible. Ils criaient, attaquaient, voir même se cognaient contre les murs improvisés des soldats pour les détruire, finissant petit à petit par passer au travers.
Je savais très bien qu'il ne s'agissait que de créatures sans âme manipulées pour nous détruire. Mais je ne pouvais m'empêcher d'être impressionnée par une telle férocité. La raison étant simple, j'ai toujours appréhendé les affrontements avec ce genre d'adversaire. Quoi qu'en vrai, d'une manière générale, j'ai toujours appréhendé les affrontements tout court ! La stratégie de la carpette m'a toujours semblée plus profitable que la stratégie du coup de tête dans le nez de ton patron !
De toute manière, ça n'aura pas d'importance ici. Je pris rapidement position derrière la première ligne. Car même en étant grandement diminuée, si je pouvais ne serait-ce que ralentir quelques scorpions, ce sera toujours ça de prit.
Tom se trouvait évidemment dans la première ligne. Son armure portait quelques éraflures ici et là, mais rien d'alarmant. Paul, lui, se trouvait un peu en retrait, une flèche encochée à son arc, prêt à faire feu. Tout le monde semblait avoir trouvé sa place. La tension était palpable et beaucoup n'étaient pas serein.
Je continuai d'étudier mes possibilités d'action lorsque je fus subitement tirée de mes rêveries par le crie de l'un des gardes posté en observation devant l'entrée.
- (garde) Ça arrive ! Première ligne, tenez vos positions ! Les autres, butez les bestioles volantes et soutenez la première ligne !
Le garde terminait à peine de donner ses ordres que des créatures volantes se présentèrent hors de l'escalier. Certaines étaient déjà amochées et volaient difficilement, avant d'être abattues par les archers. Les autres commencèrent à nous attaquer en formant des lames de vent. Des attaques pas très puissantes, même avec leur monté de niveau, mais en très grand nombre. Je fus moi-même la cible de quelques-uns d'entre eux mais je fus en mesure d'esquiver simplement en courant.
Puis vint les scorpions noirs, sortant de l'escalier tel une marrée vivante s'abattant sur les défenses de notre première ligne. Des coups de pinces, et surtout, des coups de dard tentèrent de se frayer un chemin vers la chair des aventuriers et des soldats mais ne rencontrèrent que du métal. Notre ligne tint bon, mais pendant combien de temps ? Le moindre coup d'épée devant éliminer un scorpion s'avéra compliqué avec la présence de ses congénères profitant de la moindre opportunité pour blesser leurs ennemis.
Mais les soldats du donjon n'étaient pas complètement impuissant non plus. Plusieurs pièges avaient été posés sur le terrain juste avant le combat, et certains commencèrent déjà à être activés. De multiples explosions s'en suivent, envoyant dans les airs des scorpions, ou plutôt des parties de leur corps. Une action salutaire pour la première ligne, pouvant plus facilement manœuvrer leurs ennemis, et ainsi mieux tenir leurs rangs.
De mon côté, je me risquais quelques fois à utiliser un peu de magie, mais j'arrivais à peine à blesser quelques ennemis. Au final, je dû me résigner à n'employer que mon épée, voir à donner une potion à des gens qui en avaient réellement besoin. Ce n'était pas grand-chose, mais ça me permettait de rester utile dans cette situation, malgré mes conditions.
Le combat se déroula ainsi, pendant plus d'une quinzaine de minutes, les créatures continuant de sortir à intervalle régulier de l'escalier. Les crocodiles vinrent se mêler à la fête, ainsi que quelques élémentaires de terre, qui s'avéraient être particulièrement compliqués à gérer à cause de leur force importante. Tout autour, je pouvais voir des corps de créatures volante gisant sur le sol, s'amoncelant ici et là, alors que la quantité de corps ennemi devenait dangereusement importante dans notre cercle défensif. A tel point que nous risquions d'être littéralement submergés si les choses continuaient comme ça.
Chacun faisait tous ce qu'il pouvait pour repousser le corps des monstres, certains essayaient de s'en servir pour augmenter leur hauteur, mais se rendirent compte que la position n'était pas très stable. D'autre, comme Tom, utilisèrent des techniques pour renvoyer les cadavres dans le trou d'où ils sortaient continuellement. Mais à ce rythme-là, il était évident que nous ne pourrions pas tenir très longtemps. Il nous fallait des renforts, et vite.
Visiblement, il était toujours possible d'utiliser la détection passive normalement, même dans mon état. J'en profitais donc pour scruter l'horizon, guettant la venue d'une éventuelle aide extérieur. De plus en plus de créatures devinrent capable de passer à travers notre ligne de défense, le nombre de blessé commençait doucement à augmenter, et la possibilité pour que notre stratégie défensive s'effondre devint inquiétante. Je ne nous donnais pas plus de 3 ou 4 minutes comme ça.
Mais à mon grand soulagement, quelques signatures énergétiques firent leurs apparitions. Il devait probablement s'agir de personnes provenant de l'entrée principale. Avec plus de monde pour la garder, ramener du renfort ici pour nous faire tenir plus longtemps était un choix logique. En tout cas, ça nous permettrait de respirer un peu.
Ça, c'était mes premières pensées, jusqu'à ce que je reconnaisse l'une des personnes qui arrivait vers nous. S'il y avait bien quelqu'un que je ne voulais pas voir venir nous rejoindre, c'était bien cette personne, surtout après ce qu'il venait de se passer. Je n'avais clairement pas confiance en ce qu'il pouvait faire, surtout s'il devait se battre à mes côtés.
Etant à portée de vue, j'eus l'occasion de mieux les jauger. Ils étaient 5. Un soldat, un mage, probablement, et surtout le noble, accompagné par deux de ses gardes. Je les observais attentivement, mais rien dans leur apparence pouvait laisser présager de quoi que ce soit. Ils me paraissaient être dans un bon état, physique comme mental, même si le noble me paraissait un peu agité. Peut-être n'avait-il pas l'habitude de combattre pour les autres !
Cependant, j'étais sur un champ de bataille. Et rester comme ça sans bouger n'était clairement pas une bonne idée. L'une des créatures volantes en profita pour m'attaquer, me blessant légèrement le bras, et m'obligeant à me reconcentrer sur le combat actuel. De toute façon, il était peu probable qu'il tente quelque chose avec tout ce monde. Je me remis en position en face d'un scorpion, arrêtant sa progression dans nos rangs.
« Allez, dégagez les vermines ! De toute façon, vous allez crever, donc ça sert à rien de me regarder comme ça ! De toute façon… attends… merde ! »
Je tournai la tête à droite à gauche, comprenant que je venais peut-être de faire une petite erreur. Ce que j'ai pris pour de l'agitation, si c'était de la colère, alors il pourrait très bien faire quelque chose de débile. Après, ça reste le noble, donc il pourrait faire un truc débile quoi qu'il arrive, mais il faut que je garde un œil sur lui.
« Bordel, il y a trop de monde. J'arrive pas à bien lire l'énergie de tous. Où est-ce qu'il est… »
Le garde et le mage avaient déjà pris position dans la bataille, repoussant les monstres du mieux qu'ils purent, mais le noble et ses sbires ne se trouvèrent même pas dans les environs du lieu qu'on leurs avaient assigné. Non, eux, ils n'étaient clairement pas là pour nous donner un coup de main, mais plutôt pour… je ne sais pas.
Lorsque je constatai leur absence du champ de bataille, j'eus pour réflexe de me tourner vers Éric, qui était toujours en train de récupérer en retrait. Et ils étaient là, en train de charger vers lui, le noble en tête, épée à la main. Leurs intentions étaient claires à présent, et je n'avais pas l'intention de les laisser faire. Mais j'étais loin, trop loin pour pouvoir les rattraper, trop loin pour que ce qui me restait de magie puisse être utile. Et trop loin pour que mon cri puisse les inquiéter au milieu du brouhaha soulevé par la bataille en cours.
Mais il me restait une arme que je pouvais essayer. La dague que j'avais ramassée dans le précédant donjon. Je la sortie de mon sac, puis la posa sur mon front. Je voulais lui insuffler un peu de mon énergie pour la rendre un peu plus précise en la contrôlant dans les airs. Ce n'était pas grand-chose, mais dans une telle situation, le moindre détail pouvait faire la différence.
Le noble arrivait à portée de sa cible, armant son bras, près à embrocher un guerrier au sol, sans défense, comprenant à peine ce qui était en train de lui arriver. Je dégainai la première, poussant un cri de rage et de frustration, projetant la dague avec toute la force dont je disposais. L'objet décrivit une ligne droite presque parfaite, esquivant les hommes du noble, jusqu'à atteindre sa cible… en partie.
Ce type fut légèrement blessé au bras gauche, une petite entaille créé par ma dague avant que celle-ci ne se plante dans l'arbre soutenant mon partenaire. Ce dernier ne put rien faire de plus à part regarder la lame de son bourreau se diriger droit dans son ventre, transperçant son cœur, mettant fin à sa vie.
Je regardai la scène sans bouger pendant de longues, très longues secondes. La scène me paraissait surréaliste. Pourquoi ? A quoi ça lui servait ? Je n'arrivais pas à savoir. Peut-être que la tête d'un noble est trop complexe pour que je puisse en appréhender les contours.
En tout cas, une chose était sure, cet enfoiré avait buté un ami ? Peut-être pas un ami, mais ça aurait pu. Et puis peu importait, cette raclure m'inspirait profondément quelque chose de mauvais depuis la première fois que je l'avais vu, et j'avais maintenant une bonne raison pour lui arracher chacun de ses membres. Je repris mon épée en main, et m'avança vers lui.
De nouveau un cri, pas le miens cette fois-ci, résonna sur le champ de bataille. Paul, attiré par mon comportement, avait lui aussi vu toute la scène. Je pouvais même voir l'une de ses flèches plantée dans le bouclier de l'un des gardes de ce trou du cul. Il s'élança, fou de rage, sur le meurtrier de son frère.
J'avais dans l'idée de l'aider, mais les évènements s'enchainèrent trop vite. Il tira quelques salves de plusieurs flèches, espérant passer la défense de ses adversaires, tout en restant mobile. Quelques-uns de ses tirs firent mouches, réussissant à toucher cet enfoiré à l'épaule. Malheureusement, il ne put faire mieux.
Ce salaud capitalisa sur une esquive raté, le piégeant en l'attachant au sol. Paul resta sur place pendant quelques secondes, largement assez pour voir fondre sur lui les deux hommes en armure. N'ayant lui-même pas de véritable protection, son corps n'opposa que peu de résistance face à une lance bien aiguisée. Il se retrouva avec un trou dans le ventre, et surtout une lance dans la nuque. Il s'effondra, en face de son tueur, celui-ci se tournant vers moi, alors qu'il retirait mon épée plantée dans son bras.
Je ne savais pas vraiment quoi faire. Je n'étais clairement pas en mesure de leur faire face dans mon état actuel. Si je pouvais utiliser toutes mes capacités à la rigueur, pourquoi pas, mais là, j'étais juste bloqué. J'étais impuissante, et à 3 contre 1 maintenant.
Il me regarda, les yeux injecté de sang. Je le sentais lui-même dans une colère noir, quelque chose qui aurait pu me déstabiliser dans une autre situation. Mais il m'inspirait un tel mépris, une telle répugnance, que je n'étais même plus sensible à ce qu'il pouvait dire ou montrer. Je devais l'éliminer, mais comment ?
L'un de ses larbins me chargea, grand sourire, sa lance pointée vers mon ventre. Je compris alors que j'avais encore fait une petite erreur, mais bénéfique cette fois-ci. J'avais juste oublié que je n'étais pas seule sur ce coup. Je pris donc le soin d'esquiver en bondissant sur le côté afin de laisser la place à Tom qui déboula, le bouclier en avant, sur le sbire du noble, le percutant de plein fouet et le renvoyant aux pieds de son maitre.
Son intervention signifiait plusieurs choses. Cela rendait l'affrontement beaucoup plus équitable, mais surtout, cela ouvrait une grande brèche dans notre stratégie de défense contre les monstres du donjon. Ceux-ci n'attendirent pas pour en profiter et submerger rapidement les aventuriers et les soldats. Une situation vraiment très problématique, mais qui n'était clairement plus que le cadet de mes soucis.
Nous nous faisions face, tous épuisés par tous les efforts que nous avions déjà fournis juste avant. Le noble, rapidement agacé, prit enfin la parole, avec une voie légèrement cassée, beaucoup moins agréable que celle qu'il avait utilisée pour notre première rencontre.
- (noble) Vermines ! Vous aussi vous êtes avec ses détritus ! Je vais tous vous éliminer jusqu'au dernier !
- (Tom) Daniel, je sais pas ce qui t'arrive, mais ton statut ne te permet pas de tuer des gens à cause de leur tête !
- (Daniel ?) … T'es qui toi… peu importe, meurt !
L'atmosphère devint étrange. Visiblement, Tom connaissais Daniel, et ce dernier semblait un peu hésiter. De mon côté, je me préparais au pire. S'il fallait en arriver là, j'avais dans l'idée de pouvoir au moins prendre la vie de cette enflure avant de devoir révéler au monde ma vraie nature.
Les monstres commençaient à se déchainer dernière nous, les aventuriers et les gardes ne cherchant plus à défendre mais commençant à fuir dans toutes les directions. De notre côté, aucun ne se risquait à faire le premier mouvement, jusqu'à ce que l'un des hommes de Daniel ne s'élance vers nous.
A ce moment précis, une voie résonna à travers le champ de bataille. Une voix puissante, autoritaire, et surtout, une voix qui m'était familière. Une voix qui dit :
- ( ???) Suffit !
L’AVIS DES CRÉATEURS 
Gelsius_Ark
Gelsius_Ark Bonsoir, voici le chapitre, un peu plus long que la moyenne, et un peu en retard aussi...
encore une fois, j'espère que vous appréciez mon récit.
bonne lecture !
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