Capítulo 56: Réalité et enfance
Le corps de Béa a été détaché par Eva et posé sur le lit blanc et luxueux de la chambre. Autour il y avait l'entièreté du groupe. Sauf Maïli qui les avait momentanément quittés avant de revenir avec Zem et de fermer la porte. Pendant un long moment il y a eu un silence pesant et mortuaire.
"Tout ça ne serait jamais arrivé s'ils ne l'avaient pas forcé à faire une telle chose !" Déclara Eva furieuse brisant ce silence.
"Tu m'étonnes, je n'ai pas pu fermer l'œil depuis, je n'ai fait que trembler comme une feuille dans mon lit." Dit Beth en regardant ses mains encore tremblantes.
"Au moins toi, tu n'as pas commis l'irréparable." Répondit Marine en la prenant dans ses bras pour la réconforter.
"On a tous beaucoup souffert on peut tous le dire. Les souvenirs et les visages de ces enfants nous hantent et nous hanterons pour toujours." Attesta Karine, le visage crispé.
"Malheureusement, Béa elle ne pouvait pas vivre avec ça." S'exprima Eléonore le visage triste en regardant son corps sans vie.
"Ce n'est pas tout le monde qui peut endurer ce genre de choses et on ne peut pas reprocher à Béa d'avoir craqué, j'y ai songé moi aussi à vrai dire." (Karine)
Il y eut alors un bref silence signifiant qu'elle n'était pas la seule à avoir eu de telles idées sombres.
"Je vous demande pardon à tous ! Si vous n'aviez pas été invoqués ici rien de tout cela ne serait arrivé !" Déclara Zem en se couchant sur le sol.
Il y eut de nouveau un bref silence tous les regards se tournant vers Zem qui s'était mis plus bas que terre pour s'excuser.
"Relève-toi s'il te plaît, tu es le seul qui a été toujours correct avec nous, tu ne te contentais pas que de nous entraîner machinalement. Tu nous soutenais toujours, avec tes conseils et ta bienveillance." Corrigea immédiatement Maïli.
"Elle a raison Zem, ne te compare en aucun cas aux autres ici." Ajouta Karine.
Il put alors relever la tête et le corps aidé par eux avec gentillesse, en aucun cas ils ne l'avaient blâmé, pas même une seconde.
"Je sais que c'est encore dur pour tout le monde et cela est bien normal, mais il faut que l'on pense immédiatement à la suite." (Maïli)
"Avons-nous le choix de toute façon ?" (Eva)
"Tu connais déjà la réponse." (Maïli)
"Je voulais être sûre." (Eva)
"Zem peut-on avoir un résumé de la petite réunion que tu as eu avec le roi ?" (Maïli)
"Il comptait éliminer les indésirables et ceux qui ne leur étaient plus utiles." (Zem)
"Comme c'est étonnant." Dit Eléonore tout sauf surprise comme tout le monde.
"Du coup, peut-on savoir si nous sommes condamnés à mort ?" (Eva)
"Non, cela ne fut pas facile, mais aucun de vous n'aura à faire face à ce genre de destin." (Zem)
"Alors qu'est-ce qui nous attend à partir de maintenant ?" (Marine)
"Pour Max et Dan il a été décidé qu'ils partirons la guilde des forgerons et des Alchimistes. Ensuite, Eléonore, Karine et Eva vous rejoindrez les chevaliers royaux de Sigma que je commande." (Zem)
"Je vais donc devoir servir cet enfoiré de Roi ! Hors de question ! Je veux partir d'ici !" Déclara Eva folle de rage.
"C'est la seule option que j'ai trouvé, je suis désolé et vous êtes bien trop talentueuse, ils ne vous laisseront pas partir comme ça." (Zem)
"Si je dois encore faire des choses horribles comme tuer des enfants ce sera sans moi !" (Eva)
"Je m'arrangerai pour que vous fassiez le moins possible ce genre de choses." (Zem)
"Non même si..." (Eva)
"Eva !" Cria Maïli.
Les deux se regardaient maintenant mutuellement Maïli prenant la parole à son compte.
"Tu crois qu'on a le choix ? Tu crois que ça me fait plaisir ? Non, la réalité est désormais telle quelle nous ne pouvons rien y faire. On va devoir se plier à cela sinon seule la mort nous attend. Et crois-moi je n'ai pas envie qu'on me force à te tuer comme ils l'ont fait avec ces pauvres enfants. " (Maïli)
Un frisson les alors parcouru ils n'avaient même pas pensé à une possibilité aussi horrible.
"Alors s'il te plaît Zem s'est battu pour nous, ne gâche pas ses efforts" (Maïli)
Elle a ensuite regardé tout le monde dans la salle :
"Nous n'avons pas le choix, maintenant la seule chose qu'il nous reste à faire, c'est d'endurer et de devenir plus fort. Pour que le moment venu nous puissions nous libérer de nos chaînes et les faire payer !" (Maïli)
Eléonore se rapprocha d'Eva et mit sa main sur ses épaules.
"Elle a raison, on ne peut faire que ça pour le moment alors faisons-le !" Dit-elle d'un regard déterminé.
"Très bien." Répondit-elle aussi résignée que déterminée.
"Et pour ceux qui n'ont pas été cités ?" (Beth)
"Pour les autres, il ne vous voulait pas dans les chevaliers alors vous quitterez le palais royal. Vous pouvez devenir aventurier, dès que vous sortirez d'ici inscrivez-vous à la guilde des aventuriers. Vous gagnerez de l'argent et cela sera un très bon moyen de prendre en maturité et en expérience." (Zem)
"Alors tout est décidé ?" (Marine)
"Oui, dans une semaine tout le monde sera prié de faire ce qu'ils doivent faire, quitter le château, les chevaliers royaux et le groupe des héros." Acquiesça Zem.
"Très bien." (Marine)
"Tant que tout le monde est là, Zem je voulais te demander quelque chose quand nous avions étudié, nous avons entendu lors d'un cours l'action héroïque de ton frère. Un homme qui par sa seule volonté à empêché qu'une ville soit complètement anéantie par des monstres. Mais aussi pourquoi toi tu as choisi de pratiquer aucune discrimination envers les autres races ? Nous aimerions vraiment entendre ton histoire ou plutôt votre histoire." (Maïli)
POV Zem
Mon frère et moi n'étions que les modestes fils de paysans cultivant les champs dans les abords du royaume. Nos parents possédant une petite terre cultivable, ils étaient des parents aimants et se sont très bien occupés de nous et pas seulement.
Vers nos 5 ans ils avaient aussi recueilli un jeune homme bête de notre âge qui s'était retrouvé blessé sur nos terres. Au lieu de le chasser ou lui faire quoi que ce soit ils l'ont soigné et élevé comme leur propre fils sans la moindre discrimination. Et bien sûr nous aussi nous l'avons accueilli dans notre fratrie, nous étions désormais 3 frères.
Aux champs, il faisait bon vivre, et nous adorions cultiver les champs avec nos parents. Cela était certes fatigant le soleil tapant toujours très fort, mais nous tirions une grande satisfaction dans le travail manuel, tout en soulageant nos parents. Pour nos 7 ans, nos parents nous avaient acheté des épées en bois. À ce moment-là, nous avons commencé à nous bagarrer plus que nous le devions. Il nous arrivait de tous les trois rentrer couverts de bleus causés par les multitudes de coups que nous nous échangions. Ma mère nous réprimandant à chaque fois que cela arrivait, pourtant, le lendemain, nous revenions avec toujours plus de bleus.
Nos nuits s'étaient toujours passées à trois dans un lit étroit où nous tenions à peine. Mais cela n'était pas important tant que nous étions ensemble, rigolant et se racontant histoires et rêves. Néanmoins, nous fûmes horrifiés lorsque notre troisième frère Veid nous raconta comment il avait atterri ici. L'histoire de toute sa famille réduite en esclavage racontant les atrocités qu'il avait vues, il ne put s'empêcher de pleurer.
C'est à ce moment que nous l'avons pris dans nos bras, nous ne comprenions pas pourquoi de telles choses pouvaient être commises. Nous étions certes différents, mais rien ne justifiait de tels actes de barbarie. La seule chose dont nous étions sûrs est que cela n'avait rien de juste et que cela était mal.
L'histoire de notre frère, nous a alors empli d'un grand sentiment d'injustice. Un sentiment qui a fait naître justement l'inverse de cela, un désir de justice et d'égalité nous emplissant.
Nos parents cependant sages et avisés nous ont dit de pas agir imprudemment. Car ce genre de pensée pouvait attirer un grand malheur. Ils ne vouaient aucun culte à la déesse pour la raison qu'ils trouvaient ses enseignements et sa loi dénués de toute empathie et morale. De ce que certains appelaient faire preuve d'humanisme et de respect envers autrui. Leur travail leur ayant appris la patience, la rigueur, le courage et l'humilité. Des valeurs que nous avons parfaitement comprises et su intégrer comprenant leur valeur.
Chaque fois que nous nous rendions en ville avec notre charrette et nos chevaux. Nous prenions grand soin de faire passer Veid pour un esclave même si cela nous déplaisait fortement. Ainsi se déroulaient nos journées travail, bagarre, jeux et vente des récoltes, c'était une vie de labeur certes, mais aussi paisible et gratifiante.
Plus nous grandissions et plus nous rêvions d'actions et d'aventures. Vers nos 12 ans, je fus le premier à éveiller mon élément. L'eau ayant jailli comme par magie de mon épée en bois qui avait vieilli au fils du temps. Nous fûmes tous émerveillés lorsque cela se produisit.
"Comment tu as fait ?" Demanda excité Élias.
"Je ne sais pas, j'ai senti une énergie parcourir mon corps et je l'ai relâchée." Répondis-je.
"Cette énergie que tu as senti, c'est ce qu'on appelle le mana, je l'ai étudié dans mon village." (Veid)
"Si tu l'as étudié tu dois savoir t'en servir non ?" (Zem)
"Je ne suis pas très doué en fait." (Veid)
"Eh bien dans ce cas on a qu'à tous les trois apprendre par nous-même." (Zem)
Et c'est avec une grande excitation que nous avons commencé à nous entraîner durement. J'étais doué avec l'élément feu, Élias avec l'élément eau. Veid lui comme il l'avait dit n'était pas très doué et peinait à utiliser le sien le vent.
Pour autant il n'existait que l'entraide entre nous et nous l'avons encouragé et nous sommes entraînés ensemble. Arrivés vers nos 15 ans notre soif d'aventure nous a poussé à devenir aventuriers.
En plus d'aider nos parents, nous avons commencé à effectuer des missions pour la guilde. La chasse et la subjugation de monstres s'avéraient excitantes pour nous trois. Nous formions un trio qui s'entraidait et comblait les lacunes des autres.
Après 2 années trépidantes d'aventures et de combats, nous avions atteint le rang d'aventuriers de rang C. L'argent dont nous n'avions pas besoin nous le donnions à nos parents pour qu'ils puissent développer leurs terres et prendre des employés.
Ainsi arrivés à nos 18 ans, nous étions aventuriers de rang B, on nous appelait même désormais les trois éléments. Nous ne manquions quasiment plus de rien et notre réputation nous précédait, enchaînant subjugation et donjons en tout genre.
"Nous avions mis la réalité de ce monde de côté, mais lorsque l'on met la réalité de côté elle finit toujours par nous rattraper. Je m'en souviens encore comme si c'était hier la douleur de perdre un frère." (Zem)
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