Capítulo 38: Mages
Deux saisons passèrent, et il travailla d'arrache-pied sur le sort jusqu'à ce qu'il soit prêt.
Après de nombreux essais, il put enfin proposer son bouclier. Sans dire un mot, il le plaça sur l'un des villages attaqués chaque semaine par l'armée adverse. Les assaillants furent projetés à une centaine de mètres lorsqu'ils frappèrent. Les villageois étaient stupéfaits, ils étaient extrêmement heureux.
Miroïr eut son heure de gloire, dans la salle de réunion, les généraux et les commandants le félicitaient.
A la fin de la réunion, il alla se promener un peu seul dans les jardins, fier de lui et satisfait mais pour lui, le plus important était de ne pas avoir trahi la confiance que Zarkhaïm avait placée en lui.
Alors qu'il marchait paisiblement en admirant des fleurs, il sentit une présence près de lui et cette voix grave et enchanteresse qui lui parlait.
"Tu as réussi. Félicitations."
Miroïr sourit joyeusement.
"C'est grâce à toi. Pourquoi crois-tu autant en moi, Zarkhaïm ?"
Le roi lui frappa l'épaule avec affection et un léger rire.
"Un jour, j'étais perdu et quelqu'un vint me voir, sortit de nulle part. Il me dit des mots qui restèrent gravés dans mon esprit."
Zarkhaïm s'éclaircit la voix, il fixa Miroïr en s'approchant de son visage avec une expression très sérieuse.
"Ne t'inquiètes pas. Tout ira bien car je crois en toi."
C'était une nouvelle sensation. Miroïr ne sut pas comment réagir et tourna les yeux, rougissant. Il dit d'un ton timide.
"Cette personne doit être très importante pour toi."
Zarkhaïm sourit d'un air amusé, il semblait très heureux de parler de cette personne en particulier.
"Je ne vivrais pas dans un monde sans cette personne. Elle est tout pour moi."
Miroïr ressentit une sorte de douleur dans son cœur, elle était douce et compliquée. Il dit d'une voix triste.
"Je crois que cette personne est exceptionnelle.
Miroïr n'arrivait pas à s'expliquer ce sentiment, il ne savait pas pourquoi il était jaloux. Il se rassura en se disant qu'il voulait simplement lui aussi avoir un jour quelqu'un à qui parler.
Zarkhaïm tourna son visage vers un arbre en fleurs, il en caressa délicatement les pétales, il se perdit dans ses pensées puis il demanda.
"Veux-tu dîner avec moi ce soir ?"
Miroïr laissa tomber sa mâchoire de surprise. Avant qu'il n'ait eu le temps d'y penser, il avait déjà répondu " oui ".
Les lèvres de Zarkhaïm se retroussèrent.
"À plus tard alors."
Il s'éloigna aussitôt et Miroïr resta figé un instant. Il n'arrivait pas à croire ce qui venait de se passer.
Ses pas le ramenèrent dans sa chambre. Il s'assit sur le lit et regarda son armoire en silence. Lorsqu'il fut l'heure, il changea de vêtements et rejoignit Zarkhaïm dans ses quartiers privés.
Le roi sembla ravi de le voir, il était assis à une longue table. Lorsque Miroïr entra, il lui servit un verre de vin avec un sourire intéressé. Ils commencèrent à manger en silence. Miroïr regardait Zarkhaïm, il ne savait pas quoi dire ou penser. Le roi rompit brusquement le silence.
"Si tu avais des pouvoirs incroyables, essaierais-tu de changer le monde ?"
Miroïr fut décontenancé par cette question. Le roi lui demandait directement ce qu'il voulait changer. C'était une occasion à ne pas manquer, ou un piège.
"Je pense. Je pense qu'on ne peut se faire respecter que par la force pure et c'est un problème. Les génies, les femmes, ou tous ceux qui sont un peu différents ne sont pas entendus. J'aimerais pouvoir apporter la paix entre les érudits, les mages et le reste de la population.
Je rêve que la tour accueille tous ceux qui ont des capacités, quelle que soit leur lignée ou leur génétique. J'aimerais que la bibliothèque soit accessible à tous ceux qui veulent apprendre."
Miroïr parlait avec passion. Il partageait ses ambitions avec Zarkhaïm. Il n'avait jamais pu en parler. Jäwell se serait déjà moqué de lui mais Zarkhaïm l'écoutait. Ils parlèrent toute la nuit de la façon de rendre ce monde meilleur. Miroïr revint à ses quartiers heureux. Il avait enfin trouvé quelqu'un à qui parler sans honte. C'était un rêveur, un romantique, il a toujours eu l'espoir d'une utopie où tout le monde se sentirait bien accueilli, peu importe qui il est. Quelle idée stupide, n'est-ce pas ? Il alla se coucher, enthousiasmé par sa discussion. Il avait vraiment trouvé un compagnon pour parler de tout et cela lui mettait le cœur en joie.
Quelques jours plus tard, par une nuit pluvieuse, Miroïr sentit l'appel d'un mage. Quelqu'un s'était présenté à la tour. Quelqu'un de puissant.
Il quitta sa chambre et se rendit à la tour, il était très excité à l'idée de rencontrer cette personne. Les nouveaux mages étaient rares et celui-ci avait un potentiel hors du commun.
Devant la porte, il vit une silhouette qui l'attendait patiemment. Il ouvrit la porte et tous deux entrèrent dans la tour en silence. Puis, la personne retira son capuchon. C'était une femme splendide. Miroïr sourit en la voyant. Elle était grande et fine. Elle était élégante, habillée d'une longue robe en dentelle noire, elle avait de longs cheveux de jais qui lui descendaient jusqu'aux genoux et qui volaient avec ses mouvements.
Sa peau pâle contrastait avec ses yeux bruns. Sa beauté était étonnante. Elle remua ses lèvres pulpeuses.
"Je veux être l'un de vos mages."
Sa voix forte résonnait dans la tour, elle n'avait pas besoin de parler fort pour se faire entendre. Miroïr rit, elle était probablement déjà meilleure que n'importe quel homme de cette tour. Il était enchanté de la compter dans ses rangs.
" Ce sera très intéressant ", dit-il amusé.
Il l'invita à s'asseoir sur le canapé, ils discutèrent un peu cette nuit. Ils furent interrompus par le premier mage qui entra pour commencer à travailler le matin. L'homme eut d'abord un sourire et dit d'une voix moqueuse.
"Désolé Prince, je ne voulais pas vous interrompre. Voulez-vous que je vienne plus tard ?"
Miroïr répondit rapidement pour éviter tout malentendu.
"Bien sûr que non, c'est notre dernière recrue. Il faudra que tu lui montres notre espace de travail et le dortoir."
L'homme laissa tomber son sac, il allait se plaindre mais Miroïr partit immédiatement avant de lui laisser le temps de dire un mot.
Ce jour-là, il devait dîner avec Zarkhaïm et Jäwell qui revenaient d'une petite patrouille à la frontière. Il alla se préparer, cela faisait quelques jours qu'il ne les avait pas vus. Il était très heureux de les revoir tous les deux et de passer du temps avec eux.
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