J'étais arrivé à l'adresse que m'avait refilé Speedy pour la demeure de Peter Willy et famille ; un appartement dans un immeuble chic et chérant de Manhattan, je pris mon courage à deux mains et frappa à la porte, pas de réponse, j'insistais encore, mais toujours pas de réponse. Je me disais que j'allais demander à Speedy de me dégotter le numéro du portable de la femme de l'avocat ; quand un chuchotement à peine perceptible se fit entendre dans l'appartement, comme si on était en train de gratter un carrelage ou un mur. Je cognais à nouveau, mais se fit un silence sourd qui me répondit, une sensation de malaise s'empara de moi, quelque chose clochait et je n'avais pas de mandat pour forcer cette porte, mais je n'eus pas le loisir de me tourmenter sur l'aspect éthique d'une intrusion dans le domicile du feu avocat, car un cri horrible, s'éleva de l'appartement et me glaça le sang tant qu'il semblait dément. Je sortis mon colt 45 et défonça la porte à coup de pied et pénétra dans un living room où gisaient les corps de deux ados éventrés. Le sang dans lequel ils se baignaient était encore frais. L'assassin pouvait être encore là, j'entendis un bruit dans une des pièces et je m'y précipitai tout en prenant soin de ne pas être trop visible, car l'agresseur était surement armé. La pièce d'où venait le bruit était une chambre et quand je m'y glissais, c'était pour me retrouver face à une femme dans la quarantaine, cheveux noirs longs en bataille, et d'une pâleur presque fantomatique, des yeux vitreux qui me fixaient. Elle me fit un sourire et c'est à ce moment que je remarquais le couteau de cuisine dans sa main. Elle avait tout d'une folle.
- Madame Willy… je suis de la police de New York… pouvez-vous poser ce couteau
Elle se mit à rire et cela me foutait vraiment la frousse, car pour moi c'était une démone qui me faisait fasse, tant qu'elle n'avait plus rien d'humain. Je ne me rendis compte que trop tard qu'elle comptait utiliser le couteau non pas pour m'attaquer, mais pour s'ouvrir elle-même le ventre. Ce qu'elle fit en riant et à une vitesse et une précision qui ferait rougir un chirurgien d'envie. Quand je me suis précipité pour l'en empêcher, c'était trop tard. Je vis que ses lèvres bougeaient et les seuls mots que j'ai pu capter furent :
- Il revient, il revient… plus de paradis, plus d'enfer,… des sacrifices à son honneur
Elle était partie pour l'au-delà. Je pris mon cellulaire pour mettre Mick au courant et lui demander d'envoyer la coronaire et quelques agents. Selon moi cette folle a tué ses propres enfants avant de se tuer elle-même. Trois minutes plus tard deux agents en uniforme vinrent cogner à la porte et je leur informai qu'un inspecteur de la criminelle allait venir et je laissais l'immeuble sans trop savoir pourquoi, j'allais monter dans ma voiture quand je me décidai de me rendre aux bureaux de la firme d'avocat Waller et Pierce à pied, car c'était à 10 minutes à pieds de ma position actuelle. Je venais de refermer la portière quand du coin de l'œil je vis ce remorqueur qui fonçait vers moi, je fis volte-face pour voir un chauffeur effrayé qui me faisait des signes de dégager, car selon toute vraisemblance, il n'avait plus de frein et n'arriva pas à stopper sa maudite bagnole. J'ai du faire un bond sur le trottoir et rouler sur le côté pour éviter le remorqueur qui écrasa ma voiture de service. Une certitude s'imposa à moi, si j avais pris la voiture, le remorqueur m'aurait percuté de plein fouet et ma mort aurait été certaine. Encore sur le coup de l'émotion je me mis debout et alla voir dans quel état se trouvait le chauffeur du remorqueur, je n'eus aucun mal à confirmer que ce dernier était mort sur le coup, l'impact a du casser sa cervicale à la vue de l'angle que faisait ce dernier par rapport au reste du corps. Je vis les agents sortir de l'immeuble courir vers moi, mais c'est à ce moment que j'ai pris l'odeur de l'essence et je me suis mis à m'époumoner pour que tout le monde s'éloigne, mais ce fut trop tard, un bruit déchira mes tympans. Je me trouvais projeter a une dizaine de mètres et lentement je perdais connaissance, la sensation de calme qui m'envahissait me faisait penser que si c'est cela la mort ce n'était pas mal après tout.
C'est quoi ce bip-bip, pourquoi ai-je la sensation d'avoir du plomb dans la tête ? Lentement, j'émergeais de la brume qui engourdissait le cerveau. Ma première tentative d'ouvrir les yeux ne fut pas du tout agréable, j'avais l'impression d'être sous le soleil, mais la seconde fut moins douloureuse et il me fallut une bonne minute pour identifier que je me trouvais dans une chambre d'hôpital. L'explosion, cette information me traversa l'esprit et je fus pris d'effroi, car durant l'Iraq J'avais vu des copains se faire estropier par les bombes des Kamikazes et je m'efforçai de vérifier que tous mes membres étaient à la bonne place. Une fois rassuré, que j'étais resté que d'une seule pièce, je me mis à inspecter cette chambre du regard et c'est là que je le vis ce vieux, avec se sourire chaleureux. Il me paraissait familier, mais je n'arrivais pas à savoir pourquoi. Si mon cerveau était toujours fonctionnel, je n'avais pas souvenir de cet homme noir dans la soixantaine avec une carrure qui faisait penser à un boxeur de poids lourd, mais un visage chaleureux qui vous rassurait même dans les moments les plus terribles.
- Bonjour Janjan.
Ma stupeur fut grande, car ce surnom qui fut mien, ne fut utilisé que par mon grand-père, la peur grandissante me tenaillait le cœur, car cette voix c'était la sienne et je venais de reconnaitre mon vieux pépé ; la dernière fois que mes yeux s'étaient posés sur lui, il était allongé dans son cercueil et j'avais 8 ans à l'époque. Bordel les médecins ont du exagérer sur la morphine, car j'ai des hallucinations
- Cesse de t'agiter de la sorte Janjan…. Ta tension va augmenter à ce rythme.
- Putain, depuis quand t'es médecin toi…..Merde je parle avec un mec mort depuis plus de 20 ans ; je dois être bon pour l'asile.
- Tonnerre de brest Janjan, calme toi j ai peu de temps .
Là, j'ai un sérieux doute sur le fait que ce soit une hallucination, car tout dans cette apparition semblait réel et de plus il vient de me faire le même effet qu'il me faisait quand je foutais la merde et qu'il devait me rappeler à l'ordre.
- Excuse papi, tu dois comprendre que ce n'est pas tous les jours qu'on reçoit une visite de l'autre monde.
- On m'a donné que peu de temps pour te prévenir…
- Me prévenir…
- on n interrompre pas les aînés
- Padon. Je m'étais recroquevillé dans mon lit, putain j'avais l'impression d'être redevenu un gamin de 7 ans.)
- Oui, où en étais je, trouve l'enfant sinon le monde d'hier, d'aujourd'hui et de demain ne sera plus.
- Bordel, mais quel enfant ? Tu ne vas pas me dire que l'enfant extrait de façon expresse du sein de sa mère est en vie.
- Il l'est et de son avenir dépendent beaucoup de choses.
- Si je comprends bien je dois trouver ce messie… mais putain qui t'envoie et pourquoi moi….
- Les forces qui s'affrontent sont au-delà de ton imagination JanJan....mon temps est écoulé
- Non attend comment vont…..
- Il ne m'est pas permis de te dire plus.....Trouve ton frère, lui saura.
- Quoi ce connard de Paul ...
Il n'était plus là, après une bonne trentaine de minutes, je me disais que j ai dû me casser quelque chose dans la tête et que tout cela ne fut que le fruit de mon imagination quand je remarquai ce chapelet, le même que celui que portait toujours mon grand-père et qui l'avait accompagné dans son cercueil, sur la chaise ou il s'était assis pour me parler. Stupeur ou joie difficile à dire, mais une chose en moi venait de m'octroyer une détermination nouvelle, pour retrouver ce bébé vivant ou mort. Une petite voix dans ma tête me disait au plus vite sinon tout sera perdu. Mon frère cela va faire 5 ans qu'on ne sait pas vus ni parlés… Les souvenirs de notre dernière dispute m'arrachèrent une grimace… où es-tu vieux merdeux. Une soudaine sensation de fatigue me prit et je laissais mon corps aller vers Morphée.
Je sautais un pied sur l'autre attendant que Mick vienne me chercher et que je foute le camp de l'hôpital, mon esprit était en mode limier, je n'avais plus de migraine et je me sentais en pleine forme, voilà pourquoi en dépit des complaintes de ma chère doctoresse je décidai de prendre congé. Mick rentra dans ma chambre avec un sourire joyeux qui m'étonna.
- Le revenant on te laisse sortir
- J'ai dû tordre la main au doc, mais oui
- OK, ma chère Loucita t'invite à diner ce soir
- Et Dieu créa Loucita, comment t'as pu épouser une si bonne femme. Loucita et Mick étaient un couple de mariés heureux, cette femme savait tirer la meilleur de chaque situation et dans le service ses Plats avaient la cote, on tuerait pour une tarte de Loucita.
- Parce que je suis un veinard, vieux zombi.
On rit et on quitta cette maudite chambre, cela faisait 38 heures que j avais perdu le déroulement de l'enquête et cela me démangeait de savoir où on en était.
- Qu'est-ce qu'on a de nouveau Mick ?
- Merde tu viens juste de sortir de l'hôpital et déjà tu veux remettre les pieds sur l'accélérateur.
- Raconte maintenant ainsi on pourra jouir de la cuisine de ta femme sans parler de truc morbide à table.
- Tu n'as pas tort, elle a horreur de cela.
- Nos quatre cadavres du Motel ?
- Bon le premier répond au nom de Manuel Vance, petite frappe à la ramasse sans famille connue, sa spécialité les braquages de bistro avec plusieurs jours à l'ombre. Son contrôleur m'a dit qu'il se tenait pénard depuis 3 mois et qu'il avait un boulot de coursier.
- Quoi un mec pareil
- Oui et devine chez qui
- Qui ?
- Waller et Pierce, la même firme où travaillait notre avocat.
- Intéressant, tu t'es rendu là-bas ?
- Pas encore.
- OK, on y va demain. Je remarquai sa grimace il y a un problème ?
- Les fédéraux ont pris l'affaire maintenant on doit les mettre au courant de toutes nos initiatives.
- Merde, je verrai avec le chef, les autres.
- Notre second et troisième les frères Malcom ; Kevin et Carlson Malcom, originaire du Dakota, ex- membre des forces spéciales, la force delta pour être plus précis. Ils ont laissé l'armée avec honneur il y a de cela 2 ans. Ils n'avaient pas de femmes ou même de petites amies selon leurs anciens collègues. Ils ne vivaient que pour faire la guerre. Cela a surpris tout le monde quand ils ont décidé de jeter l'éponge.
- Ils ont fait quoi après l'armée ?
- Totalement disparus des radars, pas de domicile à leur nom, la seule chose qu'on sait c'est qu'ils ont voyagé beaucoup. L'Europe, l'Asie et même l'Afrique
- probablement des mercenaires. Mick a dû remarquer mon ton emprunt de dégout
- J'oublie parfois que tu es toi aussi un ex des forces spéciales
- Hum, dans une autre vie.
- La gamine qu'on a retrouvée les tripes à l'air selon la légiste devait avoir entre 20 et 23 ans, sa grossesse était à terme.
- Identification ?
- Rien, on a ses empruntes nulle part.
- Comment ?
- Elle n'a tout simplement jamais existé selon nos archives
- Merde de merde.
- Autre chose concernant la petite Lily, Vance était son mac et selon la rue ils vivaient ensemble. Je suis passé à leur demeure rien d'exploitable à première vue.
- OK, le mobile de tout cela m'échappe. Je ne pouvais pas parler du message d'outre-tombe de mon grand-père à Mick sous peine de prendre ma retraite forcée de manière anticipée. Le bébé ?
- C'est étonnant que tu en parles, la scientifique a retrouvé des linges avec du méconium dans la pièce du motel et le plus important des habits de bébé neuf.
- Donc il y a de fortes chances que le bébé soit en vie ?
- Yep.
Le cellulaire de Mick sonna et pendant les 45 secondes de la communication je vis son visage passé par toutes les couleurs d'une décomposition. Il raccrocha et accéléra.
- Je suppose qu'on a un tas de cadavres qui nous attend. Lui demandais-je.
- Non un enlèvement et devine qui
- Le Saint-Père, je suppose
- Le bébé de Madame Christina Pierce, avocate gérante et propriétaire de Waller et Pierce. C'était speedy au téléphone.
- OK fonce je commence à croire que cette femme est la pièce manquante de notre puzzle.
- Les fédéraux sont déjà là-bas et je vois mal ces branleurs nous laisser faire la causette avec madame Pierce.
- On aura qu'à dire qu'on est là pour porter assistance.
Mike accéléra et mit le gyrophare. Cette histoire prenait encore un virage inattendu