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93.91% J'ai prétendu être la Mort, mais elle m'a tenu tête. / Chapter 108: À l'époque, ils étaient très amis.

Capítulo 108: À l'époque, ils étaient très amis.

La chaleur de l'été encourageait les cigales et autres insectes à chanter aussi fort que possible, forçant Ryuji à augmenter le volume de sa musique pour en couvrir le bruit. Il faisait une pause, assis directement sur le sol de sa chambre, ou plutôt, de son ancienne chambre.

Le lit avait déjà été débarrassé, et il restait encore beaucoup de choses à emballer dans des cartons : des livres, des figurines de personnages d'anime, du matériel de peinture, des vêtements…

Il avait déjà trié ses anciens magazines, pour emporter uniquement l'essentiel, et mettre le reste à la poubelle, le tout ficelé proprement avec de la ficelle fine. Il avait aussi mis de côté les manuels scolaires depuis longtemps périmés, et était en train d'emballer des jeux vidéos quand il avait décidé de faire une pause.

Durant tout le dernier mois, il avait été exclu deux semaines du lycée, puis, pris d'une certaine lassitude, il avait annoncé à ses parents qu'il n'irait plus en cours jusqu'au jour de leur déménagement afin de les aider. Non seulement, il n'avait pas envie de voir les garçons avec lesquels il s'était battu, mais en plus, l'attitude de Kaeri avait fini par le dégoûter. Cette fille, il en connaissait bien le genre : innocente et populaire en surface, calculatrice et menteuse en profondeur. Si en plus, elle disait avoir des sentiments pour lui, elle était également mesquine et prête à faire du mal aux autres pour avoir ce qu'elle voulait. Ce genre de personne, Ryuji ne les appréciait pas et voulait s'en tenir éloigné.

Et puis… Il était un peu désolé pour Hana, aussi. Au départ, il ne s'était pas non plus intéressée à elle, et lorsque Kaeri avait encore tenté de l'approcher, la jeune fille avait semblé être la personne idéale pour y mettre un terme. Il espérait que s'intéresser à une autre fille découragerait Kaeri, et qu'elle finirait par abandonner.

Cependant, Ryuji n'avait pas prévu que la duplicité de Kaeri l'amènerait à se comporter aussi vicieusement.

De plus, même s'il ne s'intéressait pas à Hana au départ, il avait fini par apprécier leurs révisions communes, mais aussi l'attitude quelque peu détachée de la jeune fille. Il avait l'impression qu'elle était beaucoup plus mature et adulte que les autres filles, comme si elle n'était déjà plus au lycée.

Rien ne semblait l'atteindre, malgré les quelques 'blagues' que Kaeri ou d'autres filles lui avaient faites pendant cette année et les précédentes ; ou les critiques de certains élèves vis-à-vis de son attitude. Cela, Ryuji l'admirait un peu pour ça, et la trouvait même plutôt cool. Elle… Était nettement plus intéressante que ce qu'il aurait pensé au départ.

C'était pour cela que, durant les quelques jours où elle avait accepté de l'aider avec ses maths, il avait pris plus de temps à l'observer elle, qu'à résoudre les exercices qu'elle lui avait indiqués. À y réfléchir, c'était sûrement pour cela qu'il avait fait encore plus de fautes qu'avant.

Toujours est-il que, s'il n'était pas sérieux en disant s'intéresser à elle, il avait fini par être sincère quand il lui avait demandé de sortir avec lui. C'était quelque chose qu'il avait dit sur le moment, dans le feu de l'action, sans réfléchir aux possibles conséquences. Il n'avait pas eu envie de réfléchir, ça, c'était sûr.

Ryuji ne voulait pas réfléchir à son prochain déménagement, et à tout ce que cela impliquait : devoir laisser ses amis derrière lui, les endroits qu'il connaissait, sa routine ; et dans l'autre sens, devoir se faire de nouveaux amis dans une ville qui lui était inconnue. Ses parents ne semblaient pas se préoccuper de ça, ni de ce que lui voulait ; ce qui le confortait dans son comportement indifférent envers eux. Il n'avait plus envie de les écouter, ou de leur obéir, s'il n'était pas pris en compte dans leurs décisions.

« Tu devrais écouter tes parents, » lui avait alors dit Hana.

Jusqu'à ce moment, elle n'avait jamais vraiment parlé, ni entretenu une vraie conversation, et même si cette intervention avait ravi le jeune garçon, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain malaise chez Hana. Comme si parler de sujets familiaux était quelque chose à proscrire, et que son attitude à lui l'avait fait réagir malgré elle.

De la sueur lui coula sur le front depuis son cuir chevelu moite, et il l'essuya d'un revers de la main. Il avait encore beaucoup à faire, surtout si les camions de déménagement arrivaient en fin de journée.

Il avait été idiot de lui demander de sortir avec lui, en sachant pertinemment que le mois suivant, il ne serait plus là ; aussi était-il un peu soulagé que la jeune fille refuse sa proposition. Au moins, elle avait su lui remettre les idées en place.

Fixant sa main droite et les articulations saillantes de ses doigts, il serra les dents de frustration.

Ce qui s'était passé par la suite était… Regrettable, mais inévitable.

Il ne pouvait pas juste laisser passer les choses, alors que Kaeri avait littéralement fait d'Hana la personne à abattre. Il voulait aussi mettre les choses au point : que Kaeri ne l'intéressait pas, et que cela ne changerait jamais, pour aucune raison que ce soit.

Ce qu'il n'avait pas prévu, était que ses amis et les autres garçons de la classe en viendraient aux mains, et qu'il aurait lui-même à plonger au cœur de la bagarre.

C'était probablement l'amertume résultant de cet affrontement et de son expulsion, additionné à son indifférence, qui l'avait décidé à ne plus retourner en cours. Il en avait un peu marre, de devoir sans arrêt se méfier de certaines personnes, ou d'avoir des devoirs à rendre. En fin de compte, il ne faisait juste que prendre de l'avance sur les vacances d'été.

« Ryuji ! Tu peux descendre un instant ? » S'écria sa mère depuis le rez-de-chaussée de la maison.

« Un instant ! » Cria-t-il en retour.

Peut-être avait-elle dû l'appeler plusieurs fois, et avec sa musique à fond dans les oreilles, il ne l'avait pas entendue jusqu'à présent.

Retirant ses écouteurs et éteignant son baladeur, il se leva et épousseta son short. Puis, il ouvrit la fenêtre de sa chambre pour aérer un peu la pièce, et sortit dans le couloir pour prendre les escaliers et descendre au rez-de-chaussée.

En arrivant en bas, il vit que les meubles avaient tous été poussés sur le côté, et que même les bibliothèques avaient été démontées pour que le contenu soit trié et mis en cartons. Il ne restait plus rien aux murs depuis quelques jours déjà, mais voir toute la maison se vider de plus en plus avait quelque chose de glaçant. Une sorte de réalisation, qui venait s'imposer à lui : ah oui, on déménageait, et cette maison ne serait bientôt plus la nôtre.

Sa mère traversa le salon avec une boîte dans les bras, et appela le jeune garçon.

« Ah, Ryuji ! Il y a quelqu'un qui veut te voir dehors ! » L'informa-t-elle avant de continuer sa route.

Elle ne lui avait même pas dit de qui il s'agissait, et cela agaça Ryuji. La dernière chose dont il avait besoin, c'était de voir un ancien camarade de classe se présenter à sa porte.

« C'est qui ? » S'exclama-t-il.

Sa mère ne lui répondit pas, déjà sûrement à l'extérieur ; ce qui lui donna un aperçu de ce que sa mère avait dû ressentir en l'appelant à plusieurs reprises sans qu'il se donne la peine de répondre.

Puis, il vit son père, assis au sol et entouré de plusieurs cartons à moitié pleins. Il était en train de trier ses livres sur la faune et la flore, et pour lesquels Ryuji n'avait absolument aucun intérêt.

« Ah, tu es descendu ? » Lui dit-il en levant la tête vers lui. « Un de tes camarades de classe est là pour te voir. »

« Maman m'a appelé, oui. » Répondit Ryuji en reprenant sa route vers l'entrée de la maison.

C'était bien quelqu'un du lycée qui était venu le voir, et Ryuji grimaça. Il pouvait y avoir deux possibilités : soit il s'agissait de quelqu'un qu'il appréciait, soit de quelqu'un qu'il détestait. Ça ne pouvait être que l'un ou l'autre, et pas autrement ; surtout avec cette dernière bagarre.

Il n'y avait pas vraiment d'autre catégorie, quand vous vous montriez violent en cours.

Cependant, quand il vit la personne qui avait pris la peine de faire le déplacement jusqu'à chez lui, Ryuji perdit son expression maussade, et son visage s'illumina.

« Yo, Ryuji ! » S'exclama le jeune garçon, tout sourire.

Jun était venu le voir, déjà habillé pour l'été, avec un t-shirt bleu ciel, un short beige et des sandales en partie cassées sur les côtés. Il avait aussi mis des lunettes de soleil, et tenait d'une main un sac de supérette, et de l'autre, une glace contenue dans une bouteille en plastic, presque entièrement dévorée et fondue.

Ryuji se rendit compte qu'il n'avait pas vraiment eu l'occasion d'aller dévorer des eskimos ou un papico bien frais avec les autres garçons de la glace ; par défaut de présence aux cours. En plus de ne pas avoir fait le trajet avec eux chaque soir après les cours, il n'avait presque pas traîné avec eux les week-ends.

Voir que le jeune garçon en face de lui avait fait exprès le déplacement pour le voir lui mettait du baume au cœur.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » Demanda avec surprise Ryuji.

« J'ai pensé que tu devais avoir chaud ! » S'exclama tout sourire Jun, tout en brandissant le sac de supérette dans les airs.

Aussitôt, le jeune garçon s'avança dans l'allée plantée de la maison, et rejoignit Ryuji sous le porche pour profiter de l'ombre et de la fraîcheur après avoir marché longuement sous le soleil ardent. Il s'assit au sol, les jambes tendues vers l'avant.

« Ah, enfin de l'ombre ! » S'exclama le jeune garçon.

Avec le tain blafard qu'il avait, et les cernes sous ses yeux, Jun n'était pas du genre à passer beaucoup de temps dehors. Il n'était pas non plus à sortir avec les autres garçons après les cours à moins que la destination soit la salle d'arcades. Le fait qu'il ait pris la peine de venir malgré cette chaleur en disant long sur l'attachement que Jun avait pour Ryuji.

Le jeune garçon avait emménagé il y a quelques mois, ironiquement la même année où Ryuji partirait, mais cela n'avait pas empêché les deux de se rapprocher et de devenir amis.

Respirant lentement l'air frais, Jun tendit à Ryuji le sac plastic blanc, et tandis qu'il en observait le contenu – un assortiment de glaces de tous les goûts, toutes les formes et toutes les couleurs – Ryuji lui demanda la raison de sa présence.

« Quoi, j'ai pas le droit d'aller voir un ami avant son déménagement ? » Demanda-t-il en retour.

« Pile le jour de mon départ ? » S'étonna Ryuji.

Jun haussa les épaules, avec un air défaitiste.

« J'aime pas trop dire au revoir... » Dit-il lentement.


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