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63.47% J'ai prétendu être la Mort, mais elle m'a tenu tête. / Chapter 73: Nous sommes un peu trop proches.

Capítulo 73: Nous sommes un peu trop proches.

Le trajet dans le taxi se fit pour la première partie du trajet dans un grand silence, seule la radio branchée par le conducteur et le moteur de la voiture produisant du bruit.

Les deux passagers à l'arrière, Kobayashi Shinsuke et Shinohara Hana, étaient assis loin l'un de l'autre, chaque contre sa fenêtre pour laisser un espace équivalent à une place entière au milieu de la banquette.

Hana comme Shinsuke regardaient chacun de leur côté à travers leur fenêtre ; et si Shinsuke avait les bras croisés devant son torse, Hana, elle, étant détendue et assise bien droite, ses mains tenant le sac de médicaments posé sur ses cuisses.

Se sentant encore un peu coupable, mais aussi responsable d'elle – 'à titre de Chef de Section et rien d'autre', s'était mentalement convaincu Shinsuke – l'homme plus âgé avait décidé de la raccompagner jusqu'à chez elle en taxi.

Au départ réticente, Hana avait fini par se laisser convaincre, la fatigue la gagnant plus rapidement en cette fin de journée éprouvante ; ce qui plaçait à présent ces deux personnes dans un espace restreint pour une durée de temps indéterminée.

Elle avait eu un peu froid, malgré le chauffage dans le véhicule, aussi Shinsuke s'était-il séparé avec réticence de sa veste de costume pour que la jeune femme puisse la mettre sur ses épaules.

Il était peut-être infecte en tant que supérieur, mais il n'était pas non plus totalement dénué de manières. Il n'était donc plus vêtu que de sa chemise blanche à manches longues, et avec un air maussade, il n'avait pas daigné lui porter le moindre regard.

Après tout, elle avait l'air un peu trop frêle à son goût ; avec sa petite carrure enveloppée dans une veste d'homme un peu trop grande pour elle.

Au départ, Shinsuke même si n'avait pas du tout eu envie de lui parler, ou de la regarder, ce n'était pas tant pour cette raison qu'il avait gardé le silence, mais plutôt parce qu'il avait trop de choses qui lui venaient à l'esprit pour pouvoir contribuer au moment présent. Il n'était cependant pas le seul à être complètement plongé dans ses pensées.

Hana, elle, avait aussi eu beaucoup de problèmes à résoudre mentalement, à commencer par ce qui venait de se passer quelques heures plus tôt. Elle avait dû réfléchir à quelle attitude adopter, quelles paroles avoir, et comment traiter une certaine personne sans pour autant aller à l'encontre de ses propres valeurs.

Le cœur et dénominateur commun de tous ces problèmes avait un nom : Hosoda Chiho.

Si Hana craignait que la jeune femme ne découvre sa véritable identité, c'était avant tout car elle ne voulait pas se rappeler ni du harcèlement quotidien qu'elle avait subi au lycée, ni de son état mental de l'époque. Elle voulait aussi laisser tout cela derrière elle, et ne plus être plongée dans un potentiel conflit ouvert avec son ancienne camarade de classe.

Cette dernière, cependant, n'avait pas vu les choses de la même façon.

Hana en était persuadée : Chiho avait fait exprès de mettre de la cannelle dans son thé.

C'était elle qui avait pris leurs commandes et qui les avait récupérées, et c'était aussi elle qui insisté pour offrir lui quelque chose à boire.

Elle s'était sûrement rappelé de l'allergie d'Hana au lycée – ou peut-être que quelqu'un lui avait dit – et avait fait exprès de menacer sa santé.

La jeune femme savait donc qui, quand, et comment. Restait à savoir le 'pourquoi'.

Qu'est-ce qui avait bien pu pousser Chiho à en arriver là ?

Est-ce que c'était de la pure méchanceté ? Une 'mauvaise blague' ? À moins qu'il y avait une autre raison que Hana ignorait pour l'instant ?

Elle n'arrivait pas à saisir le comportement de l'autre jeune femme, même en y réfléchissant une bonne partie du trajet, et préférait pour l'instant mettre ça sur un acte de méchanceté sans aucune raison valable plutôt que de se donner des migraines à tenter de comprendre Chiho.

Pourtant, Hana était d'habitude plutôt patiente et douée pour comprendre les gens ; comment ils pensaient, pourquoi ils faisaient telle ou telle chose. Certes, elle n'était pas non plus physionomiste et très observatrice comme le Chef Adjoint Ogawa, mais elle faisait toujours de son mieux pour au moins essayer de comprendre les autres.

En ce moment précis, elle avait pourtant décidé de faire tout l'inverse de cela : elle ne voulait pas comprendre Chiho ni les raisons derrière son acte. Elle lui avait voulu du mal, sans qu'il y ait eu une quelconque provocation avant cela, et vu leur passif commun, Hana ne voulait plus prendre le temps de comprendre Chiho, ou même d'essayer de la comprendre, parce qu'elle avait décrété que son temps personnel ne serait pas mis à bon escient de cette façon.

'Chiho n'en vaut pas la peine.'

C'était ce genre de pensée qui tournait dans l'esprit de la jeune femme, et pour également éviter de perdre son temps à ressasser cela, elle se perdit à observer les immeubles et les lumières qui y étaient allumées par centaines.

L'étrange mosaïque lumineuse ne se répétait jamais, et n'avait même pas les mêmes teintes, malgré les vingt dernières minutes passées à circuler à travers les rues pleines de voitures, de deux roues et de camions.

Toutefois, contempler le paysage défilant devant sa vitre était vite devenu lassant, et rapidement, elle avait reporté son attention sur l'homme qui se tenait sur la banquette arrière avec elle.

Discrètement, elle avait observé les traits tirés de Kobayashi Shinsuke, inhabituellement immobile, silencieux et proche d'elle.

Même quand il ne criait pas après quelqu'un, il avait toujours les sourcils légèrement froncés, qui par leur position maintenue créaient deux plis dans la peau située entre eux et au-dessus du nez.

Même quand il n'était pas en colère, il semblait en permanence contrarié, et Hana se surprit à détailler un peu plus son visage.

Quelques pattes d'oies avaient discrètement fait leur apparition au coin des yeux de l'homme plus âgé, et ses joues semblaient un peu creusées, comme s'il avait perdu du poids. Son nez était toujours aussi droit et étroit, et ses cheveux coupés très courts à l'aide d'une tondeuse de sa nuque à une bande de un ou deux centimètres au-dessus de ses oreilles semblaient aussi ternes et rêches que ses poils de barbe en partie rasés. Ses yeux marrons, étonnamment dénués de vivacité malgré son air agacé, reflétaient en continu les lumières des lampadaires, des immeubles et des phrases de véhicules croisés en sens inverse.

Ses bras étaient toujours aussi épais, leur forme bien plus visible étant donné qu'il ne portait plus que sa chemise blanche à manches longues ; dont le tissu était légèrement transparent par endroits.

Il avait bien changé, depuis cinq ans, mais même ainsi, Hana l'aurait reconnu sans aucun effort ; même en le croisant par hasard dans une rue bondée de monde. C'était aussi un peu à la fois excitant et embarrassant d'être dans un si petit espace en sa compagnie, et Hana sentit le rose lui monter aux joues ; signe que la nervosité prenait le pas sur la curiosité.

Qu'est-ce que ça ferait de passer sa main à travers ses cheveux pour les ébouriffer un peu plus ? Ou encore de le voir s'endormir contre la vitre, comme ça arrivait parfois dans les transports en commun ?

Néanmoins, Kobayashi était un peu trop loin d'elle – autant physiquement qu'émotionnellement – pour tenter la première chose, et bien trop tenace et têtu pour s'endormir par accident ; et Hana ne put faire autrement que de se sentir un peu frustrée d'être en compagnie de cet homme sans pouvoir échanger le moindre mot avec lui.

Peut-être que Shinsuke entendit son cœur battre fort dans la poitrine de la jeune femme, car il finit par tourner la tête vers elle, et, toujours les bras croisés, fut un peu déstabilisé de voir que Hana avait le regard braqué sur lui comme s'il était une bête de foire.

« Quoi ? Quelque chose ne va pas ? » Demanda-t-il d'une voix bourrue.

Hana cligna des yeux, et se remettant à sa capacité de réflexion, balança rapidement une excuse.

« J-J'aimerais finir le chemin à pieds ! » Se précipita-t-elle à dire. « J'ai un peu l'impression d'étouffer ici ! »

Ce n'était pas totalement faux, car Hana avait l'impression que si elle restait encore plus longtemps dans ce taxi, elle allait se retrouver victime de combustion spontanée rien que par la force de ses pensées.

« Je.. je vois... » Dit Shinsuke, encore un peu incertain. Puis, s'adressant au chauffeur de taxi : « Vous pouvez vous arrêter sur le côté s'il vous plaît ? »

L'homme qui devait être légèrement plus âgé que lui s'exécuta, dirigeant le véhicule vers le trottoir pour le garer juste au niveau d'une intersection.

Hana ne perdit pas un instant pour ouvrir la porte du véhicule côté route, et pour en sortir en vitesse.

« Merci beaucoup de m'avoir accompagnée jusqu'ici, Kobayashi-san ! » Dit-elle en guise d'au-revoir avant de fermer la porte.

Shinsuke n'eut cependant pas le temps d'ouvrir la bouche pour tenter de la retenir, et extrêmement agacé, dégaina sa carte bancaire pour payer la course de taxi avant de lui aussi sortir du véhicule.

Est-ce que cette fille le faisait exprès ? Ou est-ce que lui nuire était décidément une mauvaise habitude chez elle ?

Se dépêchant de regarder à droite et à gauche, il vit que la jeune femme était partie en marchant dans la direction opposée et sans même se retourner. Elle ne put donc voir que Shinsuke s'était mis à la suivre en marchant très vite, et l'homme l'interpella en appelant son nom.

« Shinohara ! » S'écria-t-il.

La jeune femme sursauta et s'arrêta net là où elle se trouvait, et se retournant avec doute, réalisa que cette voix n'était pas juste dans sa tête et que son supérieur hiérarchique l'avait bien suivi.

« K-Kobayashi-san ? » Balbutia-t-elle. « Qu'est-ce que vous faites là ? »

Elle avait à peine eu le temps de se calmer avec l'air frais de la soirée, que ce type l'approchait à nouveau pour provoquer une montée de chauffage sur le visage de la jeune femme.

Elle devait sûrement être rouge de gêne, et ne devait son salut qu'à la faible luminosité pour cacher sa situation hasardeuse.

Un peu essoufflé d'avoir dû trottiner sur la dernière dizaine de mètres les séparant, Shinsuke pointa du doigt la veste marron et surdimensionnée que la jeune femme avait encore sur les épaules.

« Mon… Téléphone... » Dit-il entre deux souffles, toujours en pointant du doigt Hana.

Avec surprise, la jeune femme réalisa enfin qu'elle n'avait pas rendu la veste que l'homme lui avait prêté, et avec une gêne grandissante, se dépêcha de la retirer de ses épaules pour fouiller dans les poches intérieurs et extérieures du vêtement.

Rapidement, elle sentit sous ses doigts l'objet fin et rectangulaire, et le sortant d'une des poches intérieures de la veste marron, appuya brièvement sur le bouton de déverrouillage pour afficher le fond d'écran et vérifier que ce n'était pas le sien.

Une image s'afficha brièvement, et Hana s'en retrouva quelque peu déstabilisée.

Pourquoi ce type avait-il cette photo en fond d'écran ?


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